Titres-services: les aides ménagères toujours dans l’incertitude

Le segment est, après celui de la construction, le plus grand pourvoyeur de main-d’œuvre du pays. Environ 140.000 personnes travaillent via le système des titres-services en Belgique. Dont plus de 90 % au domicile de particuliers. Un personnel particulièrement exposé aux risques de contamination du Covid-19 – au contraire d’une entreprise, les précautions de sécurité ne peuvent pas être garanties à un domicile X, les déplacements d’un ménage à un autre sont, par définition, inévitables – et composé très majoritairement de femmes. [scald=27469031:sdl_editor_representation] « Souvent responsables des enfants », rappelle Sébastien Dupanloup, secrétaire générale du secteur à la FGTB. « Pourtant, actuellement, aucune mesure spécifique n’a été prise, nous n’avons aucune nouvelle des autorités malgré nos appels. Les entreprises agissent chacune de son côté et les travailleuses sont dans l’incertitude la plus totale. Elles sont inquiètes pour leur santé, ne savent pas si elles ont accès aux garderies dans les écoles. Mais également pour leurs revenus. On se dirige vers une vraie catastrophe sociale ». Un secteur spécifique Niveau communication, chez les employeurs, l’heure est, en effet, à la cacophonie. Certaines sociétés préconisent le chômage économique ou de force majeure. D’autres encouragent la prise de congés payés ou sans solde ou, à l’opposé, à poursuivre le travail. Certaines encore – une minorité, assure-t-on dans les instances syndicales comme patronales – n’ont encore donné aucune consigne, en ce compris au niveau du respect des règles d’hygiène par leur personnel et leurs clients. « On parle d’un secteur aux marges et à la rentabilité très faibles, par définition. Les entreprises font donc face à un double défi : d’un côté, protéger leurs employés, de l’autre, tenter d’assurer leur propre survie. Les mesures d’aide traditionnelles ne répondent pas aux besoins du secteur. Si l’aide ménagère ne preste pas, les chèques ne rentrent pas », expose Arnaud Legrelle, président de la fédération du secteur, Federgon. Au sud du pays, en raison de la nature du tissu économique, les sociétés du secteur – beaucoup appartiennent en outre à la catégorie « insertion sociale » – seraient « plus fragiles » qu’ailleurs. « Nous espérons toujours que notre demande de mise à l’arrêt complet soit entendue. Par ailleurs, nous sommes sur le coup d’une communication ambigüe : il a été précisé ce mardi soir par le gouvernement que toute entreprise qui ne pouvait pas respecter les mesures de “social distancing” pour son personnel devait s’arrêter. Les aides-ménagères sont-elles concernées ? Les autorités vont-elles être accomodantes au niveau des mesures d’accompagnement économique des travailleuses ? », poursuit Arnaud Legrelle. [scald=27469032:sdl_editor_representation] Le chômage économique ou de force majeure n’est effectivement pas une solution idéale pour des personnes qui travaillent le plus régulièrement à temps partiel. Et qui dépendent aussi du comportement de leurs clients. « À partir du moment où un client valide une prestation le matin ou le soir, l’indemnisation de chômage saute pour la demi-journée. On parle de salaires déjà très bas à la base », rappelle Sébastien Dupanloup (FGTB). « Une partie de cette population n’y a, par ailleurs, pas accès ou n’a pas activé ses droits après avoir basculé dans un travail déclaré. » Pas encore de mesures appropriées Syndicalistes comme patrons appellent donc à nouveau le gouvernement Wilmès à réagir. « Le budget des titres-services est déjà validé au niveau des Régions, explique-t-on à la FGTB ; 75 % (c’est la part du coût total d’un titre service à charge de chaque Région, NDLR) des salaires pourraient donc être garantis en cas d’arrêt généralisé pour un coût zéro, si les entreprises versent les rémunérations et sont ensuite remboursées des heures payées par la Région. Couplé à des mesures de soutien aux employeurs, cela pourrait fournir sécurité et revenu digne à ces dizaines de milliers de personnes. Tout en évitant des frais supplémentaires à la sécurité sociale. » [scald=27469030:sdl_editor_representation] [scald=27469033:sdl_editor_representation]

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