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Menace au Lido

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Nous avons tous en nous la capacité de tuer et, en même temps, celle de manifester de l’empathie pour autrui. Tel est en tout cas le credo de Fatih Akin. A 41 ans, le réalisateur n’a pas fini d’être poursuivi, hanté par le génocide des Arméniens et la manière dont la Turquie traite ce sujet. Voilà pourquoi son dernier film en date est une fiction imaginée à partir de ces faits historiques.

C’est aussi la raison pour laquelle, fin août 2014, The cut fut projeté à la Mostra de Venise précédé d’un véritable buzz. Film coûteux, grosse coproduction (Allemagne, France, Pologne, Turquie, Italie, Canada, Russie), sujet délicat, scénario coécrit par un Arménien (Mardik Martin, coauteur de ceux de Raging bull et de Mean streets) : autant d’arguments pour attirer toutes les attentions.

Parmi ces attentions, on découvrait aussi, peu avant cette première, celle d’ultranationalistes turcs selon lesquels le film n’allait jamais être distribué dans leur pays. Après l’entretien accordé par Fatih Akin à Agos (hebdo arménien publié à Istanbul, dont le rédacteur en chef, Hrant Dink, fut assassiné début 2007), les extrémistes de droite ont réagi par des menaces publiées sur internet, signalait Der Spiegel en août 2014 : « Nous mettons en garde le journal Agos, les fascistes arméniens et les soi-disant intellectuels. Ce film ne passera pas dans un seul cinéma de Turquie », déclarent-ils avant d’ajouter qu’ils suivront l’affaire « avec une casquette blanche », allusion à celle portée par l’assassin de Hrant Dink. « Le film, poursuivent-ils, est la première d’une série d’initiatives destinées à pousser la Turquie à accepter le mensonge du génocide arménien. »

Dans un premier temps, les médias turcs se sont emparés de ce « fait divers », explique le réalisateur, après quoi ça a été au tour de la presse internationale. « Et voilà comment on transforme exagérément une tempête dans un verre d’eau. Mais le film est aussi fait pour être projeté en Turquie. » Où il est, de fait, sorti à l’automne dernier, mais dans une vingtaine de salles à peine et où le réalisateur est accompagné par un garde du corps.

A Venise, à la question de savoir ce qu’il pensait de cette menace, Tahar Rahim nous répondait : « Je m’en fous ! C’est juste un tweet. Nous savons tous que sur Facebook ou Twitter, tout le monde dit ce qu’il veut. Pourquoi quelqu’un me tuerait pour ça ? Allons… Je n’ai pas peur. Comme je vous l’ai dit, je prends la vie comme elle vient. Et arrivera ce qui doit arriver. Si je me projette en me disant que ceci ou cela va se produire, je ne vis pas. Mais je n’ai pas peur ! »

 

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