Coronavirus: l’e-commerce non-alimentaire est en plein boom

Privé d’ouverture de ses magasins depuis mercredi midi dernier (le 18 mars) dans le cadre des mesures de lutte contre l’épidémie de coronavirus, le commerce non-alimentaire est – on s’en doute – en grande souffrance depuis lors. C’est ce que confirme Comeos au Soir. « Pour ce secteur, c’est la catastrophe », déclare Dominique Michel, administrateur délégué de la fédération du commerce organisé en Belgique. Depuis l’entrée en vigueur des mesures restrictives qui les visent, « nos membres actifs dans le non-alimentaire doivent faire face à des pertes de 70 à 100 %. » [scald=27478883:sdl_editor_representation] Mais tout n’est pas perdu pour l’ensemble des marchands de biens non-alimentaires car la vente par internet avec livraison à domicile reste autorisée à ce stade. Et comme les consommateurs doivent rester confinés à domicile et ne peuvent plus se rendre que dans les commerces alimentaires, on ne s’étonnera guère de cette annonce de Comeos : « Dans le non-food, les ventes en ligne connaissent un véritable boom. Elles sont multipliées par deux, voire par trois ». Greet Dekocker, directrice de SafeShops, une des deux associations promouvant l’e-commerce en Belgique, complète : « Pour certains vendeurs actifs uniquement sur le net (les pure players), les demandes sont multipliées par deux ». Le tabac des machines à pain Sur le terrain des acteurs traditionnels qui se sont mis à la vente en ligne depuis quelques années, on confirme que le canal digital est particulièrement sollicité en ces temps de confinement contre le coronavirus. « Comme nos 29 magasins sont fermés, nous vendons davantage en ligne. C’est dans la logique des choses », déclare ainsi Janick De Saedeleer, porte-parole de MediaMarkt, qui, concurrence oblige, ne souhaite communiquer aucun chiffre de ventes, ni même de pourcentage de progression des ventes. Elle accepte toutefois de citer les produits à succès du moment, qui, naturellement, répondent aux besoins les plus pressant des consommateurs coincés à la maison où ils travaillent, cuisinent et se divertissent beaucoup plus que d’ordinaire. « Sur notre e-shop, ce qui fonctionne le mieux, ce sont les consoles de jeux et, de façon générale, les jeux pour tenir les enfants au calme. Nous vendons aussi beaucoup d’articles en rapport avec le télétravail, comme des ordinateurs portables, des moniteurs PC offrant du confort, des imprimantes et des cartouches d’encre. Nous constatons aussi une grosse demande de congélateur et de machine à pain et d’articles pour cuisiner avec les enfants ». Vêtements en berne MediaMarkt ajoute à sa liste les smartphones, les écouteurs, les machines à eau pétillante et les thermomètres. Fnac-Vandenborre complète, par la voix de son patron belge, Charles-Henri de Maleissye-Melun : « Nos clients nous achètent en ligne davantage de tondeuses à cheveux car ils ne se rendent plus chez le coiffeur ». Krëfel, dont les ventes par internet sont elles aussi en augmentation, observe que « les clients se centrent sur l’essentiel et délaissent ce qui est accessoire », dixit Frédéric Berghmans en charge du marketing. C’est également ce que constate Be Commerce, la première association à avoir vu le jour pour doper la confiance des consommateurs belges en l’e-commerce. « Les voyages et les tickets de spectacle sont gelés. Et du côté des vêtements, perçus comme accessoires, ce n’est pas bon car de nombreux consommateurs sont refroidis par le chômage économique ou la peur de voir fondre leurs revenus », relate Sofie Geeroms, directrice de l’association. Par contre, à l’image de la nourriture et des produits pharma, l’électroménager et l’électronique grand public tournent bien pour le moment ». SafeShops ajoute le succès des articles de jardinage et de bricolage, les consommateurs belges, confinés, ayant plus de temps pour bichonner leur domicile. Achats « patriotiques » Cette progression des ventes en ligne semble constituer une belle opportunité pour certains. Mais, en réalité, elle n’est pas suffisante pour compenser leurs pertes dues à la fermeture de leurs magasins « en dur ». « En temps normal, pour une chaîne avec 30 implantations, l’online ne représente les ventes que d’un seul magasin. Et même pour les grandes chaînes de 100 à 150 points de vente, l’e-commerce n’équivaut qu’à deux d’entre eux », explique Dominique Michel, reconnaissant « un sous-développement du commerce électronique en Belgique ». Le succès actuel des ventes en ligne ne permet donc à ces entreprises de réaliser que « 5 à 10 % de leur chiffre d’affaires habituel. » Autrement dit, « elles tournent à 5 à 10 % de leurs capacités dans le meilleur des cas, ce qui reste une catastrophe car leurs coûts, hors personnel, continuent à courir ». [scald=27478882:sdl_editor_representation] N’empêche, ces ventes en lignes sont toujours bonnes à prendre. « C’est notre seule manière de pouvoir servir nos clients pour le moment. Nous y consacrons un travail phénoménal », explique Frédéric Berghmans chez Krëfel. Et c’est pour cela que, vendredi dernier, plusieurs patrons d’enseignes belges ont appelé les consommateurs à passer leurs commandes sur des sites de ventes locaux. Parmi eux, figure Charles-Henri de Maleissye-Melun (Fnac-Vandenborre), souhaitant vivement « un sursaut patriotique » de la clientèle. Celle qui est habituée à faire ses emplettes chez Amazon France n’aura peut-être plus d’autre choix pour certains articles : ce week-end, le géant a annoncé vouloir se focaliser sur les produits essentiels en cette période où sa chaîne logistique est sous forte pression.

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