Le vrai ou faux: est-ce une bonne idée de désinfecter les lieux publics ?

Les images ont circulé et marqué les esprits. Partout, en Chine, Corée du Sud, Iran, Taïwan et même Espagne, les mêmes gens en combinaison, masqués, en train de désinfecter les rues, parcs et endroits publics. Rien de tout cela en Belgique. Pourquoi ? Selon le SPF Santé publique : une seule explication. « La Belgique suit les conseils des scientifiques qui n’ont pas privilégié ce type de mesures jusqu’à maintenant. » Deux informations dans cette phrase sibylline : Ce sont les experts qui dictent le ton, et cette mesure n’est pas totalement exclue. [scald=27481139:sdl_editor_representation] Mais alors, pourquoi les experts estiment-ils que cette stratégie n’est pas adéquate ? « Aucun travail scientifique ne montre l’impact d’une telle mesure. La quantité de moyens mis en œuvre est disproportionnée par rapport à l’impact que cela pourrait avoir », explique Marius Gilbert, responsable du laboratoire d’épidémiologie spatiale de l’ULB. Même son de cloche auprès d’Emmanuel André, le virologue de la KUL : « Il n’y a pas de preuve que cela marche. Si on vaporise l’alcool dans les rues, on ne touchera pas toutes les surfaces. C’est illusoire de croire que ça va éradiquer le virus. Surtout dans le temps puisque le virus, via les gens, peut très bien se redéposer dans la rue, quelques minutes plus tard. Si le virus peut circuler dans l’environnement, il y reste un temps limité et disparaît ensuite naturellement. Pourquoi donc désinfecter l’espace public ? » [scald=27481140:sdl_editor_representation] Gare à la fausse illusion Pourtant, certains pays ont jugé la mesure efficace. En premier lieu, d’après les experts, parce qu’elle marque les esprits. « C’est une manière de donner l’illusion de la sécurité. Mais c’est une fausse illusion. On ne fonctionne pas uniquement sur ce qui fait le buzz. La meilleure manière de stopper la progression du virus, c’est de confiner les vecteurs du virus que sont les gens. Si les gens infectés restent chez eux ou dans les hôpitaux, il n’y a aucune raison de désinfecter l’espace public. Sauf s’il s’agit d’une action complémentaire », explique Emmanuel André. « Cela participe à une série d’actions qui visent à montrer que l’on fait quelque chose, que les gouvernements agissent. On rassure la population », ajoute Marius Gilbert. Si le mobilier urbain et l’espace public ne sont pas désinfectés, ce n’est pas le cas des transports publics. Les trains et bus continuent à circuler et, plus qu’ailleurs, ces endroits clos qui brassent beaucoup de gens, peuvent être des vecteurs de la propagation du Covid-19. Pour éviter cela, la SNCB, comme la STIB, ont pris des mesures. « Le nettoyage des trains se passe la nuit avec une attention bien plus particulière sur les tablettes, les poignées. On suit à la lettre ce que le SPF Santé nous demande. Si un train, pour une raison quelconque, ne peut pas être nettoyé selon les conditions requises, il ne part pas le lendemain », explique le porte-parole de la SNCB, Vincent Bayer. La SNCB a également décidé de limiter l’occupation des trains à 75 % de la capacité afin de maintenir une distance physique entre les voyageurs, mais également entre le personnel et les voyageurs. Mais cette mesure est actuellement inopportune puisque, depuis le début de la crise, le taux d’occupation des trains est descendu à 4 % ! [scald=27481138:sdl_editor_representation] Nettoyage renforcé à la STIB Les gares font également l’objet d’un screening étendu. « À l’intérieur des gares, le nettoyage a été renforcé, avec là aussi une attention particulière aux endroits manipulés par les mains comme les appareils automatiques, les rampes ou les guichets qui ont été protégés par un plexiglas », ajoute Bayer. À la STIB, les postes et la fréquence de nettoyage ont été renforcés. Alors que les véhicules étaient nettoyés en fonction des kilomètres parcourus (une fois par semaine pour les trams), ils le sont désormais à chaque sortie de dépôt. Soit quotidiennement. En plus des effectifs habituels, la STIB a fait appel à une société de nettoyage supplémentaire. « Et enfin, une centaine de personnes qui étaient en écolage ont été mises à disposition pour nettoyer les véhicules en cours de journée – puisque les formations sont à l’arrêt – », explique Françoise Ledune, porte-parole de la STIB.

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