Covid-19: «Les services publics sont en train de tenir la nation»

Quel regard portez-vous sur ce que nous vivons depuis déjà sept semaines ? C’est effrayant. Je porte un regard à la fois exaspéré par les dysfonctionnements, les tâtonnements, les erreurs, toujours dissimulées par les responsabilités… et à la fois émerveillé devant le courage et le dévouement de certaines personnes. En constatant que ces services publics, contre lesquels nos gouvernants tenaient un discours de libéralisme effréné, sont en train de tenir la nation. Ce sont des gens, infirmières, médecins, soignants, éducateurs, professeurs, qu’on a refusé de payer et d’écouter, lorsqu’ils lançaient des avertissements. Et ce sont ces gens qui font tenir le pays. C’est une leçon. Ça fait naître un vague espoir. Peut-être que quand on sera guéri, on ne repartira pas sur les mêmes bases… Mais il y a un tel pli idéologique qui a été pris qu’on est obligé de douter de possibles réformes. La crise de 2008 aurait dû assainir le système bancaire… et ça a calé. De Obama aux dirigeants français allemands, tout le monde a calé. Personne n’a eu le courage de Roosevelt de séparer les activités dans les banques. Peut-on comparer ce qui nous arrive avec l’expérience de la guerre, par nos aînés ? Je n’aimais pas beaucoup le mot « guerre », utilisé par le Président Macron. Nous n’avons pas besoin de soldats. Nous avons besoin de la société civile. Nous ne nous battons pas contre un ennemi. Le virus ne nous connaît pas. Il ignore les frontières, il n’a pas de nationalité, il se fout des races. Donc, j’ai du mal avec l’utilisation du mot « guerre ». Si on utilise ce mot, il faut alors dire que le gouvernement n’a pas donné de munitions aux soldats qu’il a envoyés en première ligne. Les docteurs et soignants n’avaient pas suffisamment de masques ni de gel hydroalcoolique. On a arrêté de faire une politique de prévention. On en paie aujourd’hui les conséquences. Par contre, il faut avoir la discipline qu’on peut avoir en temps de guerre. Celle des Anglais pendant le Blitz.

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