Surveillance des examens à distance: mode d’emploi

Tout le monde a déjà subi le regard inquisiteur d’un surveillant en plein examen. Et si le surveillant de demain s’appelait Big Brother ? On en est heureusement loin. Même si la décision de l’UCLouvain de permettre l’utilisation de plateformes de tests en ligne autorisant la surveillance des étudiants via leur webcam a pu faire hausser quelques sourcils. Yves Deville, conseiller au recteur pour une université numérique rappelle que peu d’examens sont concernés par cette pratique : « Un tiers des cours seront évalués sur base de travaux préparés à livres ouverts. Un autre tiers se tiendront en oral et parmi le dernier tiers utilisant des plateformes comme TestWe ou Wiseflow, tous ne réclameront pas l’accès à la caméra ». [scald=27533622:sdl_editor_representation] En tout, ce sont quatre outils qui sont proposés aux enseignants pour leur permettre d’interroger leurs étudiants. « Ils peuvent donc au choix utiliser Moodle, qui est la plateforme standard utilisée par la majorité des universités pour les examens en ligne, Teams, particulièrement adapté aux examens oraux à distance ou encore TestWe et Wiseflow », indique Yves Deville. Ces deux dernières plateformes sont celles qui ont fait le plus de bruit ces derniers jours puisqu’elles permettent de surveiller, à distance, les étudiants évalués par webcam interposée. « Cette diversité permet d’offrir le plus large panel de solutions possible pour concevoir les questions d’examen les plus adaptées », assure le professeur Deville. « Questions ouvertes, textes “à trous”, ou diagrammes à compléter, etc. L’objectif est de laisser à l’enseignant le choix du meilleur outil pour que son examen soit de qualité et limite le stress des étudiants ». Possibilité d’un examen à l’unif Quatre outils, donc, et autant de philosophies et de modes de fonctionnement « Avec Moodle, l’examen se passe sans contrainte ni aucune surveillance », explique Yves Deville. « L’étudiant peut donc faire ce qu’il veut, surfer sur internet, vérifier son syllabus etc. Mais si l’enseignant estime qu’il est nécessaire de limiter cette liberté de l’étudiant pour la bonne tenue de l’examen, il peut se tourner vers d’autres plateformes comme TestWe ou Wiseflow ». Les deux permettent un « lockdown de la machine ». Cela signifie concrètement qu’une fois le test lancé, l’appareil ne permet plus d’accéder aux fichiers qu’il contient ni de surfer sur internet. La connexion internet est même complètement bloquée. Elle ne se réactive qu’après l’examen pour permettre de renvoyer la copie. « Évidemment, on ne sait pas si un autre ordinateur est allumé et accessible à l’étudiant ou si ce dernier utilise un matériel qu’il n’est pas censé avoir à disposition », indique Yves Deville. Pour limiter les risques de triche, ces deux derniers services proposent donc aux enseignants l’option d’utiliser les webcams pour surveiller les étudiants. « La surveillance n’est pas constante », explique Yves Deville. « Le logiciel prend une photo de l’étudiant et de sa carte au début de l’épreuve. Elle servira de référence. Et un certain nombre de captures sont faites via webcam durant l’épreuve. Ces photos peuvent ensuite être vues par l’enseignant et par lui uniquement ». S’il a un doute sur l’honnêteté de l’étudiant, il pourra contacter ce dernier. Ces clichés seront par la suite effacés. [scald=27533621:sdl_editor_representation] L’université assume complètement ce procédé : « Tout d’abord, il faut rappeler que la surveillance est loin d’être automatique. L’enseignant peut tout à fait décider de ne pas utiliser cette fonctionnalité. On estime toutefois qu’il n’est pas anormal de surveiller la tenue d’un examen en vue d’assurer nos objectifs de qualité de l’enseignement. En revanche, il est vrai que cette façon de faire implique de photographier l’étudiant dans son lieu de vie et nous ne voulons bien sûr pas imposer cela à qui que ce soit. Si un étudiant ne souhaite pas que son environnement privé soit photographié, il peut donc venir passer son examen en présentiel dans les locaux de l’université où des ordinateurs seront mis à disposition ». Idem en ce qui concerne les examens oraux via Teams qui nécessitent eux aussi l’utilisation de la webcam. « L’étudiant devra toujours utiliser la caméra, mais cela se fera au sein de l’établissement. Le stress des contraintes techniques Ces ordinateurs seront bien entendu également accessibles aux étudiants qui ne disposent pas d’ordinateurs adaptés. Des tests blancs seront lancés la semaine prochaine pour permettre à chacun d’évaluer si leurs ordis peuvent tenir le coup. Idem à l’ULiège, où les premiers tests ont déjà eu lieu. Même si dans l’université de la Cité ardente, on a décidé de ne pas utiliser de logiciels avec des fonctionnalités « antitriche », la question du matériel des étudiants se pose. « Les craintes d’une panne ou de soucis techniques occupent beaucoup les étudiants », confirme Anne-Sophie Nyssen, vice-rectrice à l’enseignement et au bien-être de l’institution. Il est donc nécessaire que ces derniers puissent vérifier que leur ordinateur et leur réseau tiennent la charge. Mais aussi qu’ils soient compatibles avec les plateformes utilisées. [scald=27533623:sdl_editor_representation] Malgré tout, on n’est jamais à l’abri d’une panne. Des « hotlines » sont donc mises en place pour aider les étudiants à résoudre d’éventuels problèmes, mais aussi pour laisser une preuve qu’un souci est effectivement survenu. « Le cas échéant, l’enseignant et le président du jury sont immédiatement avertis afin de permettre un éventuel repassage de l’examen dans la mesure du possible ».

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