Début d’un essai clinique d’un médicament anti-Covid en Belgique

Il n’y a à ce stade pas de solution universelle, comme l’a encore répété le directeur de l’OMS lundi, mais toute avancée de la recherche scientifique offre d’entrevoir des lueurs d’espoir pour le traitement des patients Covid. C’est ainsi qu’on peut considérer le lancement d’un essai clinique, dès ce mercredi en Belgique, d’un médicament dont les effets pourraient être positifs pour les patients en insuffisance respiratoire, un des symptômes de la maladie. La biotech française Biophytis, qui le produit, vient en effet de recevoir le feu vert de l’Agence fédérale pour les médicaments et produits de santé (AFMPS) pour pouvoir le tester chez nous. [scald=27552302:sdl_editor_representation] Ce candidat médicament qui pourrait prévenir la détresse respiratoire des patients Covid, c’est le Sarconeos, une molécule encore au stade d’étude (en phase 2 d’essais cliniques) pour le traitement de maladies neuro-musculaires comme la sarcopénie (dystrophie musculaire liée à l’âge) ou pour soigner des enfants atteints de la myopathie de Duchenne. Empêcher le virus de pénétrer dans les poumons « Notre produit a des effets sur tous les muscles, y compris ceux de la respiration, parce qu’il agit sur un système endocrinien, le système rénine-angiotensine, qui contrôle la fonction cardio-respiratoire », expose Stanislas Veillet, le PDG et cofondateur de la biotech française. « Avec l’épidémie de Covid en Italie, on a eu la confirmation que le virus attaquait ce système au niveau des récepteurs cellulaires ACE2, soit exactement là où notre produit agit. Il pourrait donc avoir le potentiel de contrebalancer cette attaque virale qui se traduit par une détresse respiratoire. C’est là qu’on a commencé à travailler avec des pneumologues en France et en Belgique, comme la docteure Muriel Lins, à Malines (AZ Sint-Maarten), qui sera l’investigatrice principale de l’étude en Belgique. » La molécule reproduite en laboratoire est au départ produite par des plantes pour se défendre contre les insectes phytophages, poursuit le PDG de Biophytis, dont les études liminaires ont observé des effets la fonction respiratoire chez des mammifères. Plus spécifiquement, dans le cas du SARS-CoV2, qui peut provoquer un syndrome de détresse respiratoire aiguë en pénétrant dans les cellules pulmonaires, le médicament ambitionne d’activer un acteur clé dans la protection du système rénine-angiotensine, stimulant ainsi la fonction respiratoire. Concrètement, cela permettrait de se passer ou de mieux profiter d’une oxygénothérapie et d’éviter les effets indésirables comme les lésions dues à l’intubation. Un essai clinique classique, en deux phases L’hôpital universitaire de Malines ouvrira le bal de cet essai clinique baptisé Cova, mais devrait être suivi sous peu par d’autres institutions de soin en Belgique. L’étude se déroulera en deux phases : les effets thérapeutiques seront mesurés d’abord sur une cinquantaine de patients atteints du Covid qui ont développé des symptômes respiratoires sévères, tandis que, dans un deuxième temps, un panel plus large (180 patients) sera examiné en fonction des résultats. La France, le Royaume-Uni et les Etats-Unis devraient fermer la marche avec un nombre plus important de patients. L’essai clinique se déroulera de façon classique pour un candidat médicament, c’est-à-dire que son administration sera « randomisée » (aléatoire) et à double aveugle (ni le médecin ni le patient ne savent s’il s’agit d’un placebo ou non). Il consistera à évaluer à la fois la sécurité de la molécule, mais aussi son efficacité thérapeutique contre la détérioration de la fonction respiratoire des patients présentant des symptômes respiratoires sévères associés au Covid. Un comité indépendant analysera les résultats et décidera, en fonction, s’il faut ou non poursuivre l’étude sur un plus large échantillon de patients. S’il est confirmé que la molécule peut prévenir une détérioration de la fonction respiratoire, le médicament pourra alors être mis sur le marché.

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