La communauté internationale boude Israël
La réticente à des sanctions contre Israël se fait moindre. Pour les chroniqueurs locaux, les militants du mouvement « Boycott, désinvestissement, sanction », enfin entendus, en seraient la cause.

Malaise dans les travées d’« Israël défense », l’exposition annuelle de matériel de guerre organisée depuis mardi à Tel-Aviv. Car pour sa septième édition, cet événement international fort couru a perdu plusieurs de ses participants habituels. Des entreprises françaises, britanniques et espagnoles qui n’ont pas, cette fois, été autorisées par le gouvernement à faire des affaires dans l’État hébreu.
Pour les chroniqueurs locaux, ce « camouflet » qui fait suite à la tentative palestinienne de faire exclure Israël de la FIFA annonce une période difficile pour ce pays. Selon eux, elle marque une victoire du mouvement « Boycott, désinvestissement, sanction » (BDS) qui prône la mise au ban d’Israël par la communauté internationale comme ce fut le cas pour l’Afrique du sud du temps de l’apartheid.
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« BDS et d’autres organisations semblables s’activent depuis une dizaine d’années et jusqu’à présent, son influence a toujours été marginale. Grosso modo, ses militants sont parvenus à convaincre quelques artistes de ne pas venir se produire chez nous et des organisations étudiantes de rompre leurs contacts avec leurs homologues israéliens. Il n’y avait donc pas de quoi en faire un drame, affirme le commentateur Razi Barkaï. Mais l’opinion internationale a changé. Excédée par la poursuite de l’occupation et de la colonisation de la Cisjordanie, elle n’est désormais plus opposée à des sanctions contre Israël. Du coup, la solution de boycott proposée par BDS et ses semblables trouve un écho dont il ne bénéficiait pas il y a quelques mois encore. Un écho accentué par la volonté de plusieurs États européens d’imposer le marquage des produits manufacturés dans les territoires et par la dégradation des relations entre Jérusalem et Washington ».
L’inquiétude israélienne est palpable. La Knesset s’en est d’ailleurs faite la porte-parole en organisant mercredi un « débat d’urgence » sur la question. « Ce qui est piquant dans cette réaction de panique, c’est que personne n’évoque les raisons du boycott, s’est exclamé le député arabe israélien Ahmed Tibi. Binyamin Netanyahou et ses ministres font semblant de croire qu’il s’agit d’antisémitisme alors que ses vraies causes sont la poursuite de l’occupation et la colonisation ».
Mal à l’aise, Netanyahou a attaqué dimanche « ceux qui délégitiment son pays sans raison ». Il est revenu sur le sujet ce mercredi après que le Syndicat des étudiants britanniques eut décidé de rejoindre le mouvement international de boycott. « Ces gens-là feraient mieux d’étudier l’histoire », a-t-il dit. « Ceux qui prônent le boycott d’Israël sont les mêmes qui refusent de boycotter les terroristes de Daech qui brûlent des civils dans des cages ».
Israël banni des Jeux Olympiques ?
Pour l’heure, ce sont surtout les milieux universitaires israéliens qui ressentent les effets de la campagne du BDS. « C’est simple, lorsque je m’adresse à des collègues étrangers, surtout anglo-saxons, ils ne répondent pas à mes mails. Pour eux, je n’existe plus », affirme Talia M., chercheuse en nanotechnologies. Mais les responsables israéliens redoutent également une mise à l’écart dans d’autres secteurs puisqu’une initiative visant à empêcher l’État hébreu de participer aux prochains jeux olympiques est en préparation.
Jusqu’à présent, l’éventualité d’un boycott international d’Israël n’était pas considérée comme une hypothèse réaliste par les dirigeants de l’État hébreu. En tout cas, ce dossier n’était pas considéré comme prioritaire puisqu’un seul fonctionnaire du ministère des Affaires étrangères était chargé de suivre les activités du BDS et des organisations semblables. Mais aujourd’hui, le dossier a été repris en main par une cellule interministérielle comprenant notamment les Affaires étrangères et la Justice. Plus discrètement, quelques personnes privées amies d’Israël ont été sollicitées. Elles se sont réunies durant le week-end à Las Vegas, sous la direction du républicain Sheldon Adelson, le roi américain des casinos, pour décider d’une stratégie de riposte à la campagne de BDS.
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