Les coopératives, l’autre économie – Une bière, oui, mais bio et coopérative

La bière fait sans doute partie de ces symboles qui rassemblent une bonne partie des Belges. Logique, donc, de voir essaimer dans le pays de petites brasseries tenues par des passionnés. Et pour garantir des produits de bonne qualité tout en soutenant la vie locale, le modèle de la coopérative a de nombreux avantages. A Grez-Doiceau, c’est la brasserie du Renard qui remporte un franc succès. « Le projet est vieux de plus de dix ans, explique Caroline Hofmans. Stéphane, mon mari, voulait produire de la bière, mais on ne savait pas encore sous quelle structure. Assez rapidement, la coopérative s’est imposée naturellement. On ne voulait pas se lancer seuls dans le projet. Nous avions vraiment la volonté de créer une communauté autour du projet. La coopérative nous permettait aussi d’œuvrer pour une finalité sociale. C’est ainsi que la brasserie se donne comme objectif de participer à la revitalisation de l’économie locale. Nous travaillons donc sans distributeur et avons des contacts privilégiés avec nos clients, qu’ils soient particuliers ou de petits magasins de circuits courts. Et puisque nous n’avons pas d’intermédiaire dans la chaîne, cela nous permet de vivre tous les trois de la brasserie. Même si on ne compte pas nos heures », explique-t-elle en souriant. [scald=27603415:sdl_editor_representation] [scald=27603816:sdl_editor_representation] Chaque coopérateur dispose d’une voix Mais Caroline, qui gère l’aspect administratif de la brasserie, son mari et Corentin, qui les a rejoints dans le projet, ne sont bien entendu pas les seuls impliqués. Difficile de se définir comme « coopérative » sans partenaires. Ainsi, ce sont au total 326 coopérateurs qui participent au développement de la petite brasserie grézienne. « Chaque coopérateur participe au financement de la brasserie, explique Caroline. On demande un investissement de minimum 100 euros au capital. Concernant l’implication, chacun est libre de participer selon ses disponibilités. Certains sont de jeunes parents, d’autres sont retraités. Tout le monde n’a pas autant de temps à consacrer au projet, venir aider à l’embouteillage ou lors d’événements organisés par la brasserie. Pour la tenue du bar, par exemple, j’ai toujours mes deux ou trois habitués qui ne manquent jamais une occasion de venir nous aider ». Très important également, le bouche à oreille auquel participent immanquablement les coopérateurs. [scald=27603414:sdl_editor_representation] En outre, face à la difficulté de s’approvisionner en houblon bio – toutes les bières produites ici sont certifiées agriculture biologique –, les coopérateurs ont été mis à contribution pour cultiver eux-mêmes les différentes variétés dans leur jardin afin de s’assurer de leur origine locale et bio. Cultiver, bien sûr, mais aussi récolter. Après séchage, la brasserie a récupéré pas moins de 4 kilos de houblon. Mais ce n’est pas parce qu’ils ne peuvent pas vraiment consacrer de temps aux activités de la brasserie que les autres coopérateurs sont exclus de la boucle décisionnelle. « Chaque coopérateur dispose d’une voie lors de l’assemblée générale, et ces voix ne sont pas pondérées en fonction de la quantité d’argent investie. Cette réunion se tient lors du dernier week-end du mois de mai. Difficile à tenir cette année, confinement oblige. Mais nous allons la reporter. Les coopérateurs nous ont laissé les clés de la brasserie au quotidien, mais les grandes orientations sont définies lors de cette AG. Décider des noms des produits, réfléchir aux prochaines cuvées, savoir quels fûts utiliser, etc. sont autant de choix qui se définissent ensemble. » La finalité sociale, une raison d’être Stéphane Vlaeminck, ingénieur brasseur, insiste, au cours de la visite : « Nous sommes à la recherche de nouveaux coopérateurs en permanence. Cela nous permet de faire évoluer la brasserie grâce à de nouveaux apports financiers. Mais, surtout, cela permet de confronter la brasserie à de nouvelles pratiques et de nouvelles idées. Mais qu’on rassure les amateurs, nul besoin d’être coopérateur pour goûter l’une des productions de la brasserie. On peut trouver les magasins partenaires sur notre site web, venir acheter à la brasserie le samedi. Il est également possible de se faire livrer à Bruxelles grâce à notre partenariat avec la coopérative Dioxyde de Gambettes qui livre nos bouteilles à vélo. » [scald=27603413:sdl_editor_representation] Et le système semble fonctionner. Un peu perdue dans la campagne, la brasserie produit tout de même 6.000 litres de bière chaque semaine et son entrepôt ne désemplit pas. En tout, pas moins de huit variétés allant de la pils à la brune en passant par l’ambrée ou la triple sont disponibles à l’achat. « La seule variété qui nous manque est la stout », plaisante Caroline. Les brasseries artisanales ont le vent en poupe. Toujours dans le brabant wallon, la Brasserie de l’Orne en est un parfait exemple. Depuis juillet 2018, la petite brasserie de Mont-Saint-Guibert a un fonctionnement similaire. « Bien sûr, on ambitionne que la coopérative soit viable et rentable, considère Jean, responsable de la production pour la brasserie. Mais la finalité sociale est véritablement une des raisons d’être du projet. Il y a d’une part la volonté de s’inscrire dans un mouvement de transition et de recréer du lien social entre personnes qui ne se connaissent pas forcément. »

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