France: Emmanuel Macron maintient la barre à droite

Exit Philippe, bonjour Castex. En France, le remaniement est sur les rails après les résultats décevants encaissés par le parti présidentiel aux élections municipales. En présentant la démission de son gouvernement ce vendredi matin, Edouard Philippe a ouvert formellement le dernier chapitre de la présidence d’Emmanuel Macron. Scellant par la même occasion son sort : le président français a choisi de nommer le haut fonctionnaire Jean Castex Premier ministre. Enterrée la rumeur d’une femme enfin cheffe de gouvernement (les noms de Florence Parly et Laurence Tubiana ont beaucoup circulé ces derniers jours). Le chef d’Etat poursuit dans sa lancée droitière en nommant cet ancien collaborateur de Nicolas Sarkozy de 55 ans à la tête du gouvernement. Maire Les Républicains de Prades dans les Pyrénées-Orientales, les Français le connaissent depuis le mois d’avril comme le « Monsieur déconfinement ». Enarque, mais au contact des territoires, l’homme de droite est réputé très ouvert au dialogue et parfait connaisseur des arcanes du pouvoir. [scald=27616085:sdl_editor_representation] L’ex-Premier ministre Edouard Philippe assure désormais, avec les membres du gouvernement, le traitement des affaires courantes jusqu’à la nomination d’un nouveau gouvernement qui devrait intervenir avant mercredi 8 juillet. Un futur au Havre pour Edouard Philippe Edouard Philippe aura tenu la barre pendant 1145 jours. Un mandat plus que mouvementé puisqu’il aura traversé l’affaire Benalla, l’épisode des gilets jaunes et la crise sanitaire. Si 59 % des Français se sont dits opposés à un changement de Premier ministre d’après un sondage réalisé par Odoxa, Emmanuel Macron a tranché. Philippe retrouvera son mandat de maire au Havre, après son succès implacable aux élections municipales. [scald=27616084:sdl_editor_representation] Dans une interview accordée ce jeudi à la presse quotidienne régionale française, le président de la République laissait planer le doute quant au futur de Philippe, louant la confiance qu’il a placée dans son ex-Premier. En coulisses, il était pourtant largement admis que les relations n’étaient plus au beau fixe entre les deux hommes. En France, le duopole à la tête de l’Etat a toujours été épineux, en témoigne Jacques Chirac et son célèbre « Je décide, il exécute » à l’endroit de Nicolas Sarkozy. Edouard Philippe n’a cependant jamais eu vocation à être un exécutant et a, durant trois ans, mené et incarné la politique du pays. [scald=27616086:sdl_editor_representation] Jean Castex, en revanche, a tout d’un parfait serviteur de l’Etat. « Il n’est pas menaçant, est unanimement apprécié à gauche comme à droite. On lui reconnaît son efficacité, sa sympathie. Il coche toutes les cases d’une rentrée très difficile », analyse le politologue français Romain Pasquier (CNRS). « Avec sa popularité, Philippe existait en tant que Premier ministre, il faisait entendre sa propre musique. Il a apposé sa marque sur la taxe carbone, le système de retraites, les stratégies de déconfinement… Il est devenu presque un rival », abonde Pascal Perrineau, professeur des universités à Sciences po Paris. Pour les deux années de mandat qu’il lui reste, Macron a donc décidé de reprendre les choses en main en choisissant un Premier ministre qui a tout du directeur de cabinet. Un super-exécuteur discret, à l’image positive, que les Français associent au déconfinement. Un super-exécuteur ancré… à droite Avec Castex, Macron tient donc la barre à droite. « J’ai changé » assénait-il aux Français en pleine crise sanitaire. On ne peut pas en dire autant de la sensibilité de son Premier ministre, qui reste à droite. Si Jean Castex a bien démissionné des Républicains, il en a été longtemps l’une des figures discrètes. Proche de Nicolas Sarkozy, collaborateur de Xavier Bertrand, il a soutenu François Fillon à la primaire de la droite en 2012. « Le jour d’après sera de droite comme le jour d’avant », a lâché le premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure sur Twitter. [scald=27616087:sdl_editor_representation] Reste à savoir si le président français écoutera les urnes qui réclament un virage vert et social et équilibrera les forces au sein du futur gouvernement. « Normalement, la sensibilité sociale et écolo devrait prendre davantage de place et être incarnée par des personnalités un peu plus fortes, juge Pascal Perrineau. Mais il faut encore qu’aujourd’hui, on accepte de le rejoindre à l’heure des grandes difficultés ».

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