Un traitement wallon contre l’apnée du sommeil

Le développement très prometteur de la biotech wallonne a fait couler beaucoup d’encre ces dernières années mais dissimule parfois un autre secteur, plus discret, le « medtech » (les appareils médicaux). Il présente aussi pas mal d’opportunités comme en témoigne l’histoire de Nyxoah. Cette société de Mont-St-Guibert démarche actuellement les investisseurs en vue d’une nouvelle levée de fonds de 15 millions d’euros. Son champ d’activité ? L’apnée obstructive du sommeil. Une maladie très répandue qui ruine le sommeil de millions de personnes et peut s’avérer mortelle avec le temps si elle n’est pas traitée car elle crée de l’hypertension et entraîne des maladies cardiovasculaires. Ces apnées sont provoquées par un glissement de la langue dans la trachée qui obstrue le passage de l’oxygène. Ceux qui ont développé une forme moyenne à sévère de cette maladie peuvent connaître 30 apnées par heure, provoquant autant de mini-réveils. Selon Robert Taub, le fondateur de cette société, 7,5 % de la population aux Etats-Unis souffre de cette pathologie et 5 % en Europe. « Le marché est énorme. Si on additionne le revenu de toutes les sociétés actives dans le domaine, on est à 5 milliards de dollars et ce chiffre grandit de 10 % par an. Chaque année, on diagnostique 2 millions de personnes aux Etats-Unis qui ont plus de 15 apnées par heure ». Pour soigner cette maladie, il n’y a eu pendant longtemps qu’un seul traitement : dormir avec un masque respiratoire, ce qui est très peu confortable. « La moitié des patients abandonnent ce traitement après un an », explique Robert Taub. Plutôt que d’insuffler de l’air dans la trachée du patient, Robert Taub et le chercheur israélien avec qui il a fondé la société en 2008 décident de miser sur la stimulation d’un nerf du menton (hypoglosse) qui contrôle la langue. En lui envoyant une impulsion électrique, on arrive à la faire remonter, libérant ainsi le passage pour l’air. Cette technique a déjà fait ses preuves. Inspire, une spin-off du géant des appareils médicaux Medtronics, commercialise depuis 3 ans un traitement de stimulation du nerf hypoglosse. Problème : celui-ci nécessite l’implantation d’un pacemaker dans la poitrine et le placement de fils qui remontent de la poitrine jusqu’au menton. Le produit sur lequel travaille Nyxoah se veut beaucoup moins invasif. Seul un petit implant bourré de microélectronique doit être placé dans le menton du patient par un chirurgien ORL. Aucun fil ou batterie ne doit être placé dans son corps. Tous les soirs, celui-ci doit simplement se coller un patch en-dessous du menton sur lequel il vient brancher une petite boîte ronde de la taille d’un dé qui est à la fois la batterie et le cerveau du système. C’est elle qui activera l’implant. Le patch et l’implant communiquent entre eux via ondes radio (RFID). Pour l’heure, la pose de l’implant doit se faire sous anesthésie totale mais Robert Taub espère qu’à terme, une anesthésie locale suffira. Quant au business model, il est similaire à celui des rasoirs jetables ou des imprimantes. Nyxoah compte surtout se rémunérer sur la vente des consommables (les patchs) plutôt que sur l’implant en lui-même. La société de Mont-St-Guibert a aujourd’hui besoin de fonds pour poursuivre la recherche (miniaturisation de l’implant…) qui est effectuée en Israël et en Allemagne mais aussi pour mener à bien les essais cliniques. Ceux-ci sont beaucoup moins conséquents que pour un médicament. L’efficacité de l’implant va être testée auprès d’un groupe de 25 à 30 patients qui seront suivis pendant 6 mois. Les résultats tomberont fin 2017. S’ils sont positifs, Nyxoah espère obtenir l’agrément européen de l’organisme certificateur début 2018. Une nouvelle levée de fonds sera alors organisée pour financer la commercialisation. Aux Etats-Unis où la procédure est plus lourde (il faut obtenir l’autorisation de la FDA), cela prendra 18 mois de plus.

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