Italie: Matteo Salvini en route vers un nouveau procès

L’immunité parlementaire du leader de la Ligue, Matteo Salvini, vient d’être levée une deuxième fois cette année. Le Sénat italien a, en effet, voté, ce jeudi, en faveur du renvoi de l’ancien ministre de l’Intérieur devant la justice. Comme pour le cas du navire Gregoretti, pour lequel il devra prochainement se présenter devant le Tribunal de la ville de Catane, Salvini devra se défendre de l’accusation de « séquestration de personnes » pour avoir empêché le bateau Open Arms d’accoster sur les côtes siciliennes, au mois d’août dernier. [scald=27650546:sdl_editor_representation] Pendant vingt jours, ce navire de l’ONG espagnole avait été bloqué au large de l’île de Lampedusa. A bord, plus de 150 migrants, dont des femmes présentant encore sur le corps les signes des violences subies avant la traversée, un homme blessé, et de nombreux jeunes désespérés qui, face à l’attente, se sont jetés en mer pour rejoindre la côte alors qu’ils ne savaient pas nager. Or, malgré l’implacable détermination de Salvini et l’autorisation de débarquement en Espagne, accordée par Madrid au bateau Open Arms, l’ONG a préféré rester dans l’espace maritime italien. La stratégie de la division Sarcastique, véhément, impitoyable avec ses anciens alliés du Mouvements 5 Etoiles, au pouvoir avec lui au moment des faits, Salvini, avant le vote au Sénat, a été acclamé par l’opposition et son discours a été suivi par d’interminables applaudissements. [scald=27650548:sdl_editor_representation] « Il est indéniable que je suis victime d’un vote biaisé. On veut m’éliminer politiquement. Mais je défendrai mes idées jusqu’au bout, en gardant la tête bien haute. Le seul tribunal qui existe pour moi est celui du peuple. C’est ainsi que devrait fonctionner une démocratie normale, » s’est-il écrié. Condamné avec violence ou défendu avec vigueur, Salvini a réussi a diviser, encore une fois, le parlement et l’opinion publique italiens. Sa principale ligne de défense a toujours été celle d’un « partage des responsabilités », en faisant endosser le poids de ses décisions de ministre aussi à ses anciens collègues au gouvernement. Une stratégie qui s’avère, néanmoins, peu pertinente dans le cas du bateau Open Arms puisque, dès la mi-août dernier, le Premier ministre Giuseppe Conte avait exhorté Salvini a faire preuve d’humanité, en faisant débarquer au moins les mineurs présents à bord. Violence inédite Angoissés par l’actuelle accélération des flux migratoires en direction de la péninsule, de nombreux sénateurs ont défendu l’ancien ministre de l’Intérieur pour s’opposer par ailleurs, avec une violence inédite, aux politiques en matière d’immigration, considérées dangereusement laxistes, de l’actuel exécutif. [scald=27650547:sdl_editor_representation] « Plus de six cents migrants fraîchement arrivés dans notre pays ont été testés positifs au Covid ! Et il ne s’agit certainement pas de réfugiés mais de migrants économiques, de jeunes filles destinées à la prostitution, de garçons qui sombreront dans le trafic de drogue géré par les mafias nigériennes », a déclaré le sénateur Alberto Balboni, du parti de la droite souverainiste Fratelli d’Italia. Parcours cauchemardesque Avec le vote du Sénat, un parcours cauchemardesque commence pour Salvini. Si au cours de l’une des deux procédures judiciaires, le chef de l’opposition devait être condamné, il risque jusqu’à quinze ans de prison. Il verrait ainsi son avenir politique irrémédiablement compromis. Le leader de la Ligue, qui se définit « naturellement optimiste », ne cesse de répéter « qu’aucune violation des normes pénales » n’a été commise et que tout l’exécutif, vigoureusement soudé, le soutenait. Mais, malgré son calme apparent, il redoute déjà les répercussions de cette décision de ses pairs et, après des semaines de relatif silence sur la question migratoire, à la veille du vote, il a inondé ses comptes sociaux de vidéos sur les derniers débarquements en Sicile. [scald=27650545:sdl_editor_representation] Les voies de la politique sont, néanmoins, insondables. En baisse dans les sondages, concurrencé par la pasionaria Giorgia Meloni (Fratelli d’Italia), affaibli par la pandémie de coronavirus qui l’a éloigné de ses habituels bains de foule, Salvini, érigé en nouveau martyre de la droite radicale, pourrait bien acquérir force et une nouvelle crédibilité.

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