Sang neuf et argent frais: LN24 lance le deuxième étage de sa fusée

Fatigués, mais heureux. » D’emblée, à l’entame de cette conférence de presse de rentrée aux allures de « flash spécial » dans le studio de LN24, Martin Buxant, cofondateur et rédacteur en chef de la chaîne d’info en continu, cerne l’état d’esprit des équipes. Un an presque jour pour jour après le lancement en grande pompe de ce pari entrepreneurial à hauts risques, l’heure est au bilan. Et, surtout, à l’hameçonnage, tambours battants, du deuxième étage de la fusée. LN24, depuis le 2 septembre 2019, c’est 3.500 heures d’émissions d’infos produites, 16 JT et autant d’invités sur plateau par jour, 1 million de téléspectateurs par semaine (une méthodologie de comptage plutôt flatteuse relèveront néanmoins ses concurrents), 500.000 internautes (en dépit d’une offre digitale encore balbutiante), 15 millions de vues sur les vidéos… De quoi, au final, installer lentement mais sûrement la marque. Et se faire une place dans un cœur de cible ultra-précieux pour la chaîne : les 25-54 ans, plutôt urbains et actifs, à hauteur de 1 à 2 % de parts de marché. Un chouïa, toujours, en dessous de l’objectif, mais à un rythme de croissance plus soutenu que ses consœurs françaises, comme BFMTV ou LCI, insiste toujours Joan Condijts, cofondateur et CEO. Recapitalisation Il y eut, bien sûr, des orages. Au sein du management, remanié dans la douleur suite au départ forcé du troisième cofondateur, Boris Portnoy. Avec les actionnaires (Belfius, Besix…), qu’il a parfois fallu rassurer. Après une mise de départ de 4,5 millions d’euros, ils ont néanmoins reconduit pleinement leur confiance via une recapitalisation, en mars. La deuxième tranche de 1,5 million, sur un total de 3, est imminente. Avec certains concurrents, aussi, comme IPM (éditeur de La Libre, La DH…), qui a gelé la décision du CSA d’accorder une licence radio à LN24, aux dépens de DH Radio. « Nous n’allons pas attendre fin 2021 et la décision du Conseil d’Etat pour passer à l’offensive », assure Joan Condijts, qui dit « étudier les recours possibles ». La radio, pour la jeune chaîne, demeure plus que jamais un axe stratégique. [scald=27688732:sdl_editor_representation] Il y a eu, enfin, la crise sanitaire. « Même si elle a permis de booster les audiences, comme CNN, en son temps, avait profité de la Guerre du Golfe, elle a fait chuter nos recettes publicitaires de 30 à 35 % ». Avec un budget de fonctionnement ultra-tendu de 4,9 millions par an, il aura fallu se séparer de 8 collaborateurs. Mais la chaîne peut aussi compter sur un solide réseau et une oreille bienveillante des politiques. Un atout non négligeable qui aura facilité l’obtention d’une part du gâteau d’aide d’urgence adopté par le gouvernement de la FWB, soit 461.000 euros. « Si RTL obtient 30 millions au nom de la diversité des médias, il faudra me dire pourquoi nous n’y aurions pas droit en vertu du même principe », prévient Joan Condijts. Duo Gemenne-Francken Paré pour rempiler une deuxième année, reste le plus important : le contenu. « Nous passerons de 10 à 25 émissions », relève le rédacteur en chef. Avec deux axes forts, en matinée et en soirée, soit deux boulevards d’info peu empruntés par les autres chaînes. [scald=27688733:sdl_editor_representation] La matinale, la seule du pays en TV, sera pilotée dès 6h30 par Catarina Letor. [scald=27688782:sdl_editor_representation] On y retrouvera l’interview politique de Martin Buxant, mais sa présence à l’antenne devrait aller decrescendo, histoire de se ménager du temps pour la chasse aux infos propres, l’un des talons d’Achille de la chaîne. On y croisera aussi des polémistes, dont, chaque jeudi, un duo décoiffant, opposant François Gemenne (ULB) à… Theo Francken (N-VA). La chaîne d’info tient son « Zemmour »… En soirée, du lundi au vendredi, de 21 à 23 heures, Jim Nejman animera « Les visiteurs du Soir », un talk-show directement inspiré de Terzake, le succès de la VRT, encore inégalé de ce côté-ci de la frontière linguistique. Pour clôturer la journée des « actifs », LN24 s’empare aussi du seul JT de la nuit, à 23 heures, présenté par Nicolas Pipyn.

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