Coronavirus: un US Open qui sera finalement… masqué

1 Le test Cincinnati est réussi, mais la peur hante toujours Flushing L’US Open 2020 est… open : voilà un lancement dont on a longtemps douté, mais qui sera bien réalité, ce lundi ! Un vrai petit miracle… La puissante fédération américaine (USTA), durement touchée économiquement par les conséquences liées à la crise du coronavirus (elle s’est séparée de plus de 200 collaborateurs début août), a fait de cette tournée américaine le point de relance absolu de son activité principale. Et vu l’expérience de cette semaine, avec le tournoi de Cincinnati déplacé à Flushing Meadow (il fallait oser tout de même), pour créer la fameuse bulle sanitaire à New York, l’USTA est en train de réussir son pari, niveau sécurité. Sécurité et aussi… accommodations et divertissements, afin que tous ne se sentent pas trop prisonniers d’une bulle qu’ils ne peuvent pourtant pas quitter, sinon, c’est l’exclusion immédiate ! « Vous ne pourrez pas aller à Manhattan, mais on amènera Manhattan à vous », s’est vantée Stacey Allaster, la première, et toute nouvelle, directrice féminine de l’US Open. Reste que la peur d’un ou plusieurs cas positifs continue de hanter les travées de Flushing. Il suffit d’une erreur pour venir noircir tout le tableau. Imaginez un cas positif révélé juste avant les demi-finales… Les joueurs semblent en tout cas avoir compris le message du protocole strict : il est loin le temps de l’inconscience festive d’un tristement célèbre Adria Tour. 2 Pas de Nadal (le tenant), ni de Federer : c’est un retour de 21 ans en arrière Les absents ont toujours tort, mais lorsqu’ils sont importants et nombreux à ce point, cela pose la question de la légitimité d’un titre en Grand Chelem. Il faut remonter à l’US Open 1999 (victoire d’Agassi) pour retrouver la trace d’un Major privé de Nadal (le tenant) et de Federer. Pour rappel, le Big 3 a remporté 55 des 65 derniers Grands Chelems ! Et ils ne sont pas les seuls à avoir refusé l’avion pour New York (même si tout n’est pas lié à la pandémie et que les blessures sont là aussi). On note encore des cadors comme Wawrinka, Nishikori, Kyrgios, Monfils, Tsonga, Pouille ou Fognini. Chez les dames, l’hécatombe est encore plus forte puisque Barty et Halep, nº1 et nº2 mondiales, ont décliné l’invitation, tout comme Svitolina (5e), Andreescu (6e), Bertens (7e) ou Bencic (8e) : reste donc 4 joueuses du top 10 actuel. Faudra-t-il placer un astérisque désormais à côté du prochain palmarès de l’US Open ? « Un vainqueur de Grand Chelem est un vainqueur de Grand Chelem » a répondu un Thiem, 3e mondial. L’Autrichien a raison. Qui se souvenait que Roland-Garros 1968, remporté par Ken Rosewall, avait vu beaucoup de joueurs manquer à l’appel, suite aux manifs de « Mai 68 », ou que Jan Kodes a remporté, en 1973, un Wimbledon frappé par un boycott de joueurs mécontents ? Les grands noms du sport ne laissent pas de place aux astérisques. 3 23 joueuses du Top 100 en moins, un cadeau pour Serena qui vise LE 24e sacre ? Reste que 23 joueuses du top 100 en moins du côté féminin, ça pourrait laisser la porte grande ouverte à la fameuse quête du 24e sacre (record de Margaret Court) qui semble se refuser à Serena Williams, depuis ses 4 dernières grandes finales perdues dont celles à l’US Open 2019 (Andreescu) et 2018 (Osaka). Serena, 39 ans dans un mois (!), a donné un vrai coup de boost à l’USTA en confirmant, très tôt, sa présence malgré une santé à surveiller par rapport au virus (elle a dû soigner une embolie pulmonaire en 2011). Elle fait partie des 8 joueurs/euses à avoir loué une villa très onéreuse à New York pour s’assurer de sa propre bulle durant ces trois semaines (Djokovic, Raonic et Dimitrov ont aussi choisi cette option). Serena, 9e mondiale, sera donc bien protégée contre le virus, mais pas à l’abri des attaques d’adversaires qui auront aussi les dents longues vu un tableau d’emblée ouvert comme jamais ! La cadette des Williams conserve sa rage de combat (elle a disputé ses cinq matches post confinement en trois sets, deux défaites), mais elle n’a plus battu une joueuse du top 20 depuis un an. Le circuit féminin reste sur six dernières lauréates différentes en Grand Chelem (Wozniacki, Andreescu, Halep, Barty, Osaka et Kenin)… 4 Novak Djokovic, un énorme favori avec une énorme pression Côté masculin, en l’absence de Nadal et Federer, Djokovic fait évidemment figure d’énorme favori, ce qui ne signifie pas pour autant qu’il a déjà le titre en poche. La pandémie redistribue les cartes et l’image du Serbe sur le circuit en a pris un coup. Il va certes s’en servir pour décupler sa motivation, mais il ne sera jamais à l’abri d’un contre-coup physique (il a quand même été positif au virus, ne l’oublions pas) ou d’une défaillance mentale (la pression sur ses épaules sera énorme durant 15 jours). Thiem sera son ennemi public nº1, mais curieusement, le roi des exhibitions pendant le confinement, a subi une défaite 6-2, 6-1 d’emblée au Masters de Cincinnati. Zverev, Dimitrov, Shapovalov, Rublev, Anderson ou Schwartzman étaient aussi à côté de leurs pompes ou de leur tennis, c’est selon, cette semaine. « Il y aura beaucoup de surprises » a résumé un Andy Murray, auteur d’un retour impressionnant, cette semaine, désormais 134e mondial à 33 ans et… une hanche en métal. 5 Elise Mertens est en forme, Kim Clijsters l’était, David Goffin n’est pas verni… Et les Belges dans tout ça ? Ils pourraient aussi profiter d’un gâteau où les parts ne sont plus vraiment réservées à l’avance. L’US Open est le seul Grand Chelem où Goffin n’a pas encore atteint les quarts de finale, malgré une présence en huitièmes lors des trois dernières éditions. Le Liégeois pourrait profiter des absences, sauf que le tirage au sort lui réserve d’emblée un Opelka (2,11m), énorme serveur et très dangereux sur cette surface, et l’a aussi placé dans le quart de tableau de Djokovic : pas top ! L’atout belge, ici, se nomme Elise Mertens, la joueuse qui a gagné le plus de matches depuis la reprise ! Elle pourrait profiter d’un plateau décimé pour au moins égaler sa performance de l’an dernier (quart de finale, sortie par Andreescu, la future lauréate), voire celle de l’Open d’Australie 2018 (demi-finale). Reste l’énigme Kim Clijsters. Impressionnante depuis son arrivée aux USA, mi-juillet, et sa participation à l’exhibition de la World Team Tennis, la Limbourgeoise de 37 ans semble avoir un peu trop forcé (blessure aux abdos) et a vu son élan coupé net. Forfait pour Cincinnati, elle voudra évidemment enfin gagner un match officiel dans ce « Kim-back », rendu compliqué à tous les niveaux, et plus, si affinités. Lors de son précédent incroyable retour, après maternité, elle avait remporté l’US Open d’emblée (trois sacres au total à New York) ! Mais c’était en 2009, et elle n’avait encore que 26 ans…

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