Saturation des réseaux GSM: De Croo veut des explications

Les réseaux des trois opérateurs mobiles ont été mis à rude épreuve toute la journée de mardi. Dès que les informations sur les explosions à l’aéroport ont fusé, les téléphones mobiles ont commencé à chauffer dans tout le pays. L’attentat dans la station de Maelbeek a achevé de mettre les réseaux de Proximus, Base et Mobistar quasiment sur les genoux. Des centaines de milliers de personnes en ont fait l’expérience : les réseaux étaient saturés. Ils n’ont pas précisément cessé de fonctionner mais les interlocuteurs ont dû s’y prendre parfois à de nombreuses reprises avant de parvenir à joindre leurs correspondants. Et parfois, ils ont dû se contenter d’une conversation par SMS. Alexander De Croo, le ministre des Télécoms veut faire la lumière sur ce qui s’est passé. Il a demandé aux différents opérateurs une analyse approfondie des problèmes qui se sont produits. Sur la base de cette analyse, il se réunira avec eux pour en tirer les leçons et ajuster les procédures. Il a aussi annoncé qu’il voulait qu’on évalue l’impact des normes de rayonnement actuelles sur la rapide saturation des réseaux. Une phrase qui est tout sauf innocente. Norme trop stricte ? La Région bruxelloise a des normes d’émission beaucoup plus strictes que les deux autres régions. On se souvient du psychodrame qui s’était déroulé début 2013 lorsque l’ex-CEO de Proximus, Didier Bellens, s’en était pris publiquement à ces normes qui empêchaient le déploiement de la 4G dans la Capitale. Elles ont été rendues moins sévères depuis (on est passé de 3 volts/m à 6 volts/m) mais elles restent strictes et un nouveau problème se pose. Un récent arrêt de la Cour constitutionnelle recale une disposition de l’ordonnance qui immunisait du calcul des émissions les balcons et terrasses. Désormais, les opérateurs devront tenir compte de ces lieux-là également lorsqu’ils dimensionnent la puissance de leurs antennes. Cela rend de facto la norme à nouveau plus stricte. Ceux-ci estiment que si on ne modifie pas une nouvelle fois les seuils d’exposition, il sera à l’avenir impossible de continuer à déployer le réseau. Des discussions sont en cours entre les opérateurs et le cabinet de la ministre de l’Environnement Cécile Fremault. Nul doute que les problèmes de réseau rencontrés mardi vont peser dans celles-ci. Pour ce spécialiste, il est clair que les normes en vigueur dans la Région expliquent une partie des problèmes. « Les antennes ne peuvent prendre en charge simultanément qu’un nombre bien défini de communications. Les règles d’émission particulièrement strictes en vigueur à Bruxelles n’arrangent rien lorsqu’il s’agit de transporter sans blocage un nombre plus élevé que d’habitude de communications ». Problèmes de coordination Les événements de ce mardi ont aussi démontré qu’une véritable coordination faisait encore défaut. « La législation belge contient des informations spécifiques en matière de télécoms, note un spécialiste. Mais les opérateurs ont demandé à maintes reprises qu’elle soit revue car ces dispositions sont nettement insuffisantes. On n’a même pas prévu un cadre pour des procédures aussi fondamentales que de déterminer qui doit appeler qui en cas de problème. Le législateur doit d’urgence documenter beaucoup mieux une matière aussi critique ». Le problème pourrait assez vite être résolu. Selon nos informations, l’IBPT – le régulateur des télécoms – dispose d’un nouveau plan de crise télécom fonctionnel. Il n’est pas encore officiel mais il a été testé et affiné aussi bien lors des coupures de courant dans la région liégeoise à la mi-janvier que ce mardi. « A part quelques couacs – des opérateurs ont essayé d’appeler en direct le centre de crise alors que des personnes de contact avaient été désignées –, la coordination s’est plutôt bien passée », nous explique-t-on. A noter aussi que le réseau radio Astrid, dédié aux services de sécurité et de secours, a enregistré des pics de communications importants ce mardi. Une situation exceptionnelle due à l’utilisation intense du réseau.« Astrid est capable d’absorber d’importantes pointes de communication en situation de crise, explique son porte-parole, Frederik Langhendries. Mais en raison de l’intensité du trafic radio, nous avons constaté qu’un délai pouvait intervenir lors de l’établissement de certaines communications radio. ». Certains estiment que l’on pourrait améliorer cette situation en associant les trois opérateurs traditionnels, pour suppléer à d’éventuelles défaillances d’Astrid en cas de surcharge. « Par exemple, note un interlocuteur, en les mandatant pour qu’ils donnent la priorité à certains numéros de téléphone sur un réseau congestionné ».

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