Thomas Meunier: «La Ligue des Nations, c’est un business juteux»

Dans un monde du football de plus en plus aseptisé, les bons mots de Thomas Meunier font du bien. D’autant que celui qui est désormais coéquipier d’Axel Witsel et Thorgan Hazard à Dortmund est relié à de nombreux sujets d’actualité. Suite à la fin de son aventure au Paris Saint-Germain le privant de disputer la Ligue des champions à Lisbonne, Thomas Meunier est le Diable rouge qui a été privé le plus longtemps de match officiel suite à l’épidémie du Coronavirus. Samedi, s’il participe à la rencontre de Ligue des Nations au Danemark, cela mettra fin à une attente de 185 jours entre cette rencontre dans le nord de l’Europe et sa dernière joute avec le maillot du PSG en demi-finale de la Coupe de France sur la pelouse de Lyon. C’était le 4 mars 2020. Une éternité pour un joueur de football habitué à jouer un match tous les trois jours depuis des années. [scald=27696910:sdl_editor_representation] Thomas Meunier, comment avez-vous vécu ces six derniers mois loin des terrains de football et de la compétition ? Cela a été une très longue période d’abstinence. Depuis mes sept ans, je n’ai jamais vécu comme une personne normale. C’était la première fois pour moi durant les six derniers mois. Cet arrêt était nécessaire. Reprendre avec l’équipe nationale, c’est top. Il ne manque plus que les supporters et tout sera comme avant. Votre sevrage, c’est surtout en raison de la non-prolongation de votre contrat au PSG pour vous permettre de disputer la Ligue des champions à Lisbonne. N’était-ce pas trop dur de les voir jouer la finale de la C1 sans vous ? Ce n’est pas seulement la finale que je voulais jouer. C’était déjà le quart et la demie. Je voulais vivre toute cette aventure. Hormis le match retour contre Dortmund, j’avais tout joué avec le PSG en C1. On préfère toujours que les choses se terminent de la meilleure des façons mais ce n’était pas possible cette fois-ci. Cela ne m’a pas empêché d’être à fond d’être Paris. Ils ont été jusqu’en finale. C’est un beau parcours et j’espère qu’ils feront mieux dans les années à venir. Vous avez également eu un souci musculaire durant cette longue pause imposée. Comment vous sentez-vous physiquement ? C’est de l’histoire ancienne. Je me suis entraîné individuellement avec Dortmund depuis le début de la préparation. Depuis hier, j’entraîne avec le groupe des Diables. J’espère que cela restera positif quand le tempo et le rythme seront plus élevés. Êtes-vous déjà en état de pouvoir disputer les deux rencontres des Diables contre le Danemark et l’Islande ? Je ne suis pas encore totalement opérationnel. J’ai eu six mois d’arrêt et je dois agir avec prudence. La récupération est généralement assez bonne mais c’est l’enchaînement des matchs qui sera difficile. Il y a d’ailleurs un accord entre Dortmund et la Belgique pour ne pas me faire jouer deux fois nonante minutes. Sans oublier qu’il y aura de nombreux rendez-vous après les Diables avec la Coupe d’Allemagne, le championnat et la Supercoupe. On aura énormément de matchs. Le calendrier ne va pas aller en s’améliorant en cette saison 2020-21. Avec un risque accru de blessure pour les joueurs… Elles seront de plus en plus récurrentes. Physiquement, ce n’est plus supportable. Des gamins de 20 ou 21 ans ont déjà des problèmes de cartilage. On les infiltre tous les six mois et on les opère au moindre problème. Il faut trouver un équilibre. Gaver les gens avec autant de spectacle, ce n’est pas la bonne chose à faire. À vous entendre, vous n’êtes toujours pas un grand fan de la Nations League… Je ne savoure pas cette compétition. Mon idée est toujours la même : c’est juste une histoire de business juteux. On remplit le calendrier avec ces matchs-là alors qu’il est déjà trop chargé. Ce n’est pas en augmentant le nombre de rencontres chaque année qu’on va pouvoir tirer le meilleur qualitativement des joueurs. Votre actualité, c’est également votre arrivée au Borussia Dortmund. Comment avez-vous été accueilli ? Très bien. On a un groupe assez mixte avec des jeunes et des joueurs plus expérimenté. La mentalité est très bonne, très terre à terre. J’étais à l’hôtel durant les premières semaines sans ma famille et j’ai été très bien pris en charge par Axel, Thorgan et les autres. C’est toujours important d’avoir une cohésion de groupe. Mon intégration se déroule très bien. La famille va maintenant me rejoindre et on va pouvoir commencer les choses sérieuses. Vous allez côtoyer quotidiennement Witsel et Thorgan Hazard. Sera-ce bénéfique pour l’équipe nationale ? Avec Axel (NDLR : Witsel était à côté de lui en conférence de presse), on est désormais « pacsé » (rires). Plus sérieusement, cela ne peut être que positif pour l’équipe nationale même si ce ne sont pas les mêmes styles de jeu, ni les mêmes joueurs sur la pelouse. C’est toujours mieux de jouer avec des gens qu’on connaît et qu’on apprécie depuis de nombreuses années. Il ne manquera finalement qu’une chose lors de vos débuts, c’est le public du Signal Iduna Park, l’un des arguments qui vous a envoyé en Allemagne… C’est un mal pour un bien. Je crois que les choses avancent plutôt bien à ce niveau-là. Ils vont faire revenir les supporters à un moment ou un autre selon la capacité du stade. J’ai signé pour quatre saisons et j’espère quand même que d’ici quatre ans, j’aurais l’occasion de voir des gens dans les tribunes. Quatre années, ce sera suffisant pour faire le tour culturel de Dortmund nettement moins fourni qu’à Paris… Il n’y a pas de frein pour la culture. On peut tout faire et tout visiter. Je ne connais pas très bien l’Allemagne. On a souvent été à Cologne mais plutôt pour le vin chaud (rires). Ce n’était pas la même chose. Dortmund a une histoire industrielle. C’était la région de la bière à une époque. Il y a beaucoup de brasserie. Il y a des choses à faire et des choses à voir. Il y aura moyen de s’occuper intelligemment. Et s’il faut prendre la voiture pendant une heure, ce ne sera pas un problème. Il y a quelques grandes villes comme Francfort ou Berlin qui ne sont pas si loin. On aura du temps durant notre temps libre pour profiter de l’Allemagne.

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