Attentats de Bruxelles : l’opposition entre la réserve et l’offensive

Des failles dans le dispositif de sécurité ? Des manquements dans le renseignement général ? L’opposition ne fait pas de vagues, c’est l’heure de l’unité. Le fédéral est épargné. Mais les critiques affleurent. Annonciatrices d’une séquence plus conflictuelle. Les temps changeront. Chez les verts, Zakia Khattabi, coprésidente, le répète inlassablement : « Nous désunir aujourd’hui, ce serait alimenter le récit de l’Etat islamique, qui se réjouit des fractures dans nos sociétés, nous avons donc une responsabilité dans notre expression, une responsabilité collective en définitive. » La coprésidente d’Ecolo se réjouit même des « ouvertures » dans la majorité sur l’intensification de la lutte contre le trafic d’armes et le financement du terrorisme. Elle maintient une distance critique : « Il y a un énorme travail à faire afin que nos jeunes ne rejoignent plus l’Etat islamique, ils sont trop nombreux à être attirés, et là, le fédéral ne bouge pas. Les différents niveaux de pouvoir dans ce pays devraient s’en préoccuper tous ensemble, ce qui n’est pas possible si le comité de concertation se transforme à chaque fois une foire d’empoigne ! » A propos de « foire d’empoigne », Zakia Khattabi n’exclut pas l’idée d’une « évaluation » des opérations policières, s’ouvrant au projet d’une commission d’enquête parlementaire, réclamée jusqu’à présent par le CDH, isolé. La coprésidente des verts est prête à apporter son soutien, nous dit-elle : « A titre personnel, notamment parce qu’il faut restaurer la confiance de nos concitoyens dans les institutions, je suis favorable à l’organisation d’un débat au-delà des cénacles fermés tels que la commission Terrorisme, et je pense ici à une commission d’enquête parlementaire à part entière. » Le CDH n’est plus tout seul. Zakia Khattabi emportera l’adhésion de son parti. L’idée progresse. Le PS ? Il freine, modérément, estimant que « ce n’est pas la priorité du moment », et renvoyant pour l’heure aux investigations des comités P et R, les organes de contrôle des services de police et de renseignement, qui se réuniront la semaine prochaine. A suivre. En fait de « priorité », les socialistes réclament surtout des « moyens » afin de doter budgétairement les politiques d’« intégration », celles aussi vouées à lutter, disent-ils, contre la « désespérance sociale » dans certaines couches de la population, les plus jeunes en particulier : « C’est le temps de se fixer de nouvelles priorités, nous n’avons pas toujours été conscients de l’importance de ce type de politiques, c’est un tournant ». Cela étant, les rouges doutent que le gouvernement fédéral entendra. Et n’oublient pas de réclamer des comptes à la suédoise : « Il faudra faire le point à un moment donné sur ce qui a été fait en matière de renseignement, il faudra scanner tout ça. » L’efficacité des services est-elle mise en doute ? « Ne présumons pas, les comités P et R sont au travail. » Prudence. Mais les rouges illustrent : « Entre la manière dont les membres du gouvernement avaient fanfaronné après l’arrestation d’Abdeslam et, quelques jours plus tard, les terribles attaques sur le sol belge, il y a une grosse différence, et un sérieux problème. » [scald=829056:sdl_editor_representation] Le fédéral est épargné à ce stade ? Relativement, oui. Les suédois peuvent s’attendre, en revanche, à un tir nourri, d’emblée, du côté centriste-humaniste. Où, en plus de réclamer une commission d’enquête parlementaire, l’on incrimine le « désinvestissement budgétaire » dans la sécurité et le renseignement au début de la législature : « Un handicap dont nous souffrons toujours aujourd’hui. » Surtout, on s’interroge gravement : « Il est temps, au-delà de la com’ et de la propagande, de connaître précisément l’état de nos services de police et de renseignement, de s’occuper concrètement des returnees toujours dans la nature, de poser les vraies questions. » Parmi les centristes-humanistes, Georges Dallemagne ne passe rien aux fédéraux, et s’apprête à interpeller le gouvernement Michel à la Chambre, à propos d’un rapport de la Commission européenne sur le fonctionnement de l’espace Schengen, qui épinglait la Belgique en ces termes : « Les lacunes constatées concernent le manque de ressources et l’exécution incorrecte des contrôles aux frontières. » Le député CDH commente : « Un gouvernement de droite, avec la N-VA dans ce cas, est, croit-on, porté naturellement sur la sécurité, alors on lui passe ses défaillances… » [scald=829055:sdl_editor_representation]

Votre compte

Attentats de Bruxelles : l’opposition entre la réserve et l’offensive

Découvrez la suite, 1€ pour 1 mois (sans engagement)

Avec cette offre, profitez de :

Le fil info

0 Commentaire

Aussi en Politique

Pont-à-Celles, un équilibre précaire pour ne pas devenir une cité-dortoir

Reportage Crispations dans les campagnes: Assesse, des agriculteurs pédagogues et des panneaux pour rappeler à chacun ses devoirs

Crispations dans les campagnes: comment Chastre veut rapprocher habitants des villes et habitants des champs

Grand format Ces CEO devenu(e)s ministre, vice-président, bourgmestre

Grand format Dans les coulisses du Palais royal

Allez au-delà de l'actualité

À la Une

Le nouveau plan de mobilité de Bruxelles entre en vigueur ce mardi: voici ce qui change (carte interactive)

Emploi: la «grande démission» ne touche pas (encore) la Belgique

Hannut: deux jeunes enfants abandonnés sur le site de Plopsaqua

Entretien Emma Haziza, hydrologue: «Les canicules aggravent la sécheresse des terres, comme un effet de sèche-cheveux»

Perquisition à Mar-a-Lago: Trump affirme que le FBI a saisi trois de ses passeports

L’agression contre Salman Rushdie ravive des lignes de fracture au Moyen-Orient

Gestion des salaires : quand la Belgique est à la pointe de la technologie

Combiner travail et études : voici vos droits et obligations

Voiture de société et grandes vacances : tout ce qu’il faut savoir

Les sections du site

Les services

Groupe Rossel