Aux donneurs de leçons: taisez-vous!

Quoi ? Quand la haine bestiale et meurtrière que suscite toujours l’alliance infernale de l’idiotie et du fanatisme laisse, une fois de plus, derrière elle, des monceaux de corps déchiquetés… … Quoi ? Quand la religion crapulisée sous les dehors d’un cléricalisme mafieux se réinvestit sur le marché du crime afin de frapper au cœur de la ville emblématique du « vivre ensemble »… … Quand, à travers Bruxelles, comme hier à travers Paris, c’est notre propre chair que labourent les armes des massacreurs… … Quand nous pourrions tous, et pourrons peut-être tous demain, être les voyageurs d’un métro qui explose ou d’un aéroport qui s’effondre… … Quand la Belgique saigne comme nous avons saigné, il y en a qui n’ont qu’une seule idée en tête, qu’une seule obsession : qu’est-ce que, politiquement, ils pourraient tirer de cette tragédie ? Comment l’instrumentaliser de façon qu’elle conforte leurs petites affaires ? Et, puisque des assassins on ne peut rien tirer, c’est de la mise en cause du pays victime qu’ils attendent d’avantageuses retombées. Angélisme ou laxisme belge ? C’est aux Belges d’en juger Mais aux Français qui pointent ces faiblesses du doigt, rappelons que c’est par dizaines que l’on compte des Molenbeek puissance 10 dans mon pays. Et, qu’à côté des maires de gauche qui ont cyniquement favorisé, pour des raisons électoralistes autant qu’idéologiques, cet auto-enfermement cléricalo-communautariste, un Serge Dassault n’a pas hésité à sous-traiter, à Corbeil, à des sortes de Salah Abdeslam locaux, l’achat des voix qui lui permirent de gagner des élections. Aux hommes politiques israéliens qui se sont gaussés de la patrie du chocolat, faisons remarquer qu’une certaine politique a transformé la Cisjordanie et Gaza, non pas en un Molenbeek, mais en un hyper Molenbeek et qu’une efficience militaro-policière incontestée n’empêche nullement des tentatives multi-quotidiennes d’assassinats. De même que malgré l’autoritarisme ultra-sécuritaire d’Erdogan qui, après avoir convoyé des milliers de djihadistes en Syrie, donne des leçons, c’est par centaines que l’on compte en Turquie, en un an, les victimes d’attentats. Les massacres presque hebdomadaires aux Etats-Unis, pays où la vente d’armes est libre, Monsieur Trump et les siens préconisent-ils cette solution pour la Belgique ? Rappelons-nous : quand les tueurs fanatisés du radical islamisme caucasien ensanglantèrent la Russie et se livrèrent à des tueries d’enfants, ce ne sont pas les terroristes que l’on montra du doigt, ce sont les Russes. Quand les criminels sadiques de l’ultra-islamisme, ancêtres de Daesh, semèrent l’effroi en Algérie, ce ne sont pas ces terroristes que l’on montra du doigt, ce sont ceux qui les combattaient. Cette fois, va-t-on montrer du doigt les Belges ? Dans Le Figaro, l’intellectuel Pascal Bruckner, après d’autres, stigmatisait récemment des responsables des dérives qui ont favorisé les drames de Bruxelles comme ceux de Paris, dont il ne faut tout de même pas oublier que Madrid (plus encore) en fut victime – la faute à qui dans ce cas-là ? – ou que c’est longtemps Londres qui fut considéré, avant les attentats dans le métro, déjà, comme la plaque tournante du terrorisme islamiste. Mais s’il faut établir toutes les responsabilités, pourquoi ne pas rappeler que la calamiteuse intervention bushiste en Irak, dont Pascal Bruckner avait été un ardent partisan, comme d’ailleurs de l’intervention non moins calamiteuse en Libye, fut sans aucun doute l’initiative qui contribua le plus au développement de Daesh et finalement à sa prise de pouvoir ? Les responsabilités ? Imaginons un instant qu’en 1950, un groupe de nazis fanatisés rescapés de la SS se soit emparé du Liechtenstein pour en faire la plaque tournante du terrorisme universel. Que se serait-il passé ? Cela, qu’en moins de deux semaines, on aurait mis fin à cette aberration. Or, un groupe de criminels fanatiques s’est effectivement emparé d’un territoire, en Irak et en Syrie, et en a fait la plaque tournante du terrorisme universel. Et aucune opération d’envergure n’a encore été organisée pour mettre fin à cette aberration insensée. Certes l’armée syrienne, aidée par les Russes, est en train de leur reprendre la cité emblématique de Palmyre, mais chacun sait que ce sont les méchants. Pourquoi les bons, eux, n’ont-ils même pas essayé ? En particulier, avec notre soutien, nos alliés parmi les rebelles syriens ? Manuel Valls, notre Premier ministre, vient de souligner notre coupable tolérance à l’égard du courant salafiste, terreau sur lequel prolifère, selon lui, le terrorisme djihadiste (même si une de ses tendances se veut purement piétiste). Or, le représentant aux négociations de Genève de la faction rebelle syrienne pro-saoudienne, celle que nous soutenons, est le chef de « l’Armée de l’islam », une faction armée salafiste, précisément. Ceci n’explique-t-il pas en partie cela ? Pointer les responsabilités ? Chiche ! Mais alors toutes. Sans tabou. Sans battre sa coulpe sur la poitrine du voisin. Sans nous expliquer, sans rire, qu’une façon imparable de décourager les kamikazes de se faire sauter c’est… de les menacer de la prison à perpétuité.

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