La Fondation P&V donne un million pour réduire le fossé éducationnel

L’arrivée impromptue du coronavirus et du confinement complet qu’il a généré au printemps a bouleversé les habitudes de travail ou de scolarité de millions de personnes. Mais pour des publics dits faibles ou précarisés, ce confinement fut synonyme encore plus marqué d’isolement, faute d’avoir les moyens et le matériel adéquat pour rester branchés. [scald=27713185:sdl_editor_representation] Selon le baromètre de l’inclusion numérique publié par la Fondation Roi Baudouin, « en Belgique, près d’un jeune sur cinq a de faibles compétences numériques. Les jeunes avec un faible niveau de diplôme sont les premiers touchés : 28 % d’entre eux ont de mauvaises compétences numériques. Beaucoup de jeunes fragilisés, vivant dans des familles avec un faible niveau de revenus et un diplôme peu élevé, ne sont connectés que sur leur smartphone et risquent l’exclusion faute de connaissances et de compétences numériques. La crise du coronavirus a démontré les capacités et les limites du digital. Le manque d’équipement informatique de base accroît les inégalités. » Des contacts minimalistes Le sondage réalisé par les fédérations d’enseignement néerlandophones a révélé que pas moins de 18.000 élèves des 2e et 3e degrés de l’enseignement secondaire ne possédaient pas d’ordinateur chez eux. En Wallonie, le manque de matériel est plus marquant qu’on ne le croit. L’apprentissage à distance et les devoirs profitent aux élèves les plus engagés à l’école et à ceux bénéficiant d’un meilleur encadrement à la maison. [scald=27713184:sdl_editor_representation] Même constat dressé par l’ASBL Lire et Ecrire en province de Luxembourg, avec son public fragilisé en alphabétisation, jeune ou moins jeune, pour qui elle assure des formations continues. « Les inégalités face au numérique reflètent les inégalités socio-économiques », commente Vanessa Déom, formatrice. « Durant le confinement, nos formations ont dû être arrêtées alors qu’elles permettaient de créer un lien social fondamental. Le recours au télétravail n’était pas possible pour les personnes analphabètes et il a fallu jongler avec WhatsApp et le téléphone pour maintenir un contact minimaliste. » Deux appels à projets La Fondation P&V a été créée en 2000 par le groupe d’assurances du même nom. « Elle s’est donné pour mission de lutter contre l’exclusion sociale des jeunes », commente Dunia Oumazza, chargée de communication. « Partant des valeurs de l’économie sociale, elle met l’accent sur la participation active, l’autonomie, la solidarité et la responsabilité sociale des jeunes et elle lutte contre le décrochage scolaire et l’exclusion. Dès le début du confinement, nous avons reçu des demandes d’aide de la part d’associations avec lesquelles nous travaillons habituellement. On leur a rapidement envoyé un questionnaire et c’était clair pour tous : il y avait un manque d’ordinateurs dans des familles plus vulnérables, qui avaient dès lors des difficultés pour assurer un suivi scolaire ou formatif, et même des ASBL elles-mêmes n’étaient pas suffisamment bien équipées pour leurs encadrants. » [scald=27713186:sdl_editor_representation] C’est pourquoi la Fondation P&V a voulu apporter un soutien financier aux organisations qui assurent un suivi personnel des jeunes. P&V a dégagé un budget d’un million et deux appels à projets ont été lancés. Le premier, intitulé LinkingYouth Up, est géré par la Fondation Roi Baudouin, pour l’achat d’ordinateurs avec un focus sur le renforcement des compétences numériques de jeunes socialement vulnérables ; et le second, Guiding Youth, vise à offrir un suivi global aux jeunes fragilisés dans leur parcours scolaire ou leur recherche de travail. Au total, 66 associations belges choisies par deux jurys indépendants bénéficieront d’un soutien financier ou matériel ; 1.300 jeunes socialement vulnérables vont recevoir un ordinateur portable et une vingtaine d’ASBL seront soutenues financièrement.

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