Fabrice Olinga (Excel Mouscron): «Menacé après avoir changé d’agent»

Fabrice Olinga, vous boitez. Que s’est-il passé ? Un tacle ce mercredi à l’entraînement, au niveau de la cheville. J’ai déjà joué avec des douleurs, mais je vais voir comment je vais me sentir dans les heures à venir. Ça ne sert à rien d’aggraver la blessure. Si j’ai encore mal, je vais devoir faire l’impasse samedi contre La Gantoise. Ce n’était pas le plan ! Surtout après avoir récupéré du Covid-19. Durant la préparation, j’avais dit au coach que je ne savais pas m’entraîner à cause de douleurs aux tendons. Malheureusement, quand j’ai pu reprendre, le Covid est arrivé. Ce sont des circonstances. Après, par rapport à cette maladie, je peux dire que je suis chanceux. Des gens ne sont pas ressortis de l’hôpital. Ma femme, qui est enceinte, a aussi contracté le virus. Elle a dû être hospitalisée. Il y a eu beaucoup de peurs. Quand je voulais aller la voir, il y avait tout un protocole à suivre et des précautions à prendre. Comment avez-vous vécu cette épreuve ? J’étais inquiet par rapport à ma femme, qui a été hospitalisée durant sept jours. De mon côté, je devais passer le temps à la maison. J’ai eu peur avec tout ce qui se dit sur cette maladie. Je me disais que ça pouvait être très risqué. Quels ont été vos symptômes ? Un matin, je suis arrivé à l’entraînement avec un mal de tête. Par la suite, je n’avais plus de goût et j’étais courbaturé. Quand j’ai senti que ma femme n’était pas bien, avant de nous rendre à l’hôpital, j’ai directement contacté le club pour avertir qu’elle avait peut-être le coronavirus. Je ne voulais pas prendre de risque. À l’hôpital, on m’a dit de rester en quarantaine alors que je venais d’être testé négatif. Pendant trois jours, j’ai vraiment été malade. Je ne pense pas que c’était les pires jours de ma vie, mais c’était horrible. Tout le monde va bien désormais, mais c’était très dur pendant cinq semaines. Chaque fois que je venais faire le test, il était positif. Nous sommes désormais sortis de là, c’est du passé. Je ne pouvais pas venir au club, ni m’entraîner à la salle. À mon retour aux entraînements, j’ai fait tout ce qui avait à faire pour revenir. Je me sens bien physiquement. Pas mal de choses ont été dites à votre sujet cet été. On vous a notamment annoncé en France au début du mercato. Il y a toujours des clubs qui montrent de l’attention et qui se renseignent. Il y en a eu deux en Belgique. Ce que je sais, c’est que je m’entraîne. Mes agents gèrent le reste. Il y a eu beaucoup de petits trucs qui m’ont gêné. J’apprends que je dois partir, alors qu’on ne m’a rien dit. Au final, quand tu sais que tu fais bien les choses, c’est le plus important. Au Cameroun, on a dit que j’avais le coronavirus il y a déjà trois mois ! La presse de mon pays a ensuite dit que je m’entraînais avec les réserves, que je n’étais plus au club. La réalité, c’est que j’étais malade. J’ai compris beaucoup de choses avec ces cinq semaines. Je reviens avec une autre mentalité, pour tout casser sur le terrain et aider les autres. La période que je viens de vivre peut être un tournant pour moi. J’ai gagné en maturité et en expérience. Pourquoi ne travaillez-vous désormais plus avec Pini Zahavi ? J’ai changé d’agent parce que c’était important. À un moment, il faut pouvoir affronter les choses. J’avais cette étiquette de travailler avec tel ou tel agent. Je n’en voulais plus, c’était lourd et pas plaisant. Au Cameroun, j’étais associé à Samuel Eto’o et à Mouscron, à Pini Zahavi. Je me suis dit, c’est bon, je prends les choses en main. Je crois en mes qualités et j’ai mis tout le monde de côté. Du coup, j’ai été menacé pour avoir changé d’écurie. Il faut être fort. Et il fallait oser pendre une telle décision. Et j’ai osé ! Je me sens libéré. Je me sens surtout homme, parce que je me sentais comme un jouet auparavant, on me contrôlait. Il y a des choses que je ne peux pas dire, mais avant que le LOSC ne reprenne Mouscron, il y a des choses qui se sont passées me concernant. Et j’ai refusé que ça se déroule, j’ai reçu des menaces, c’est le foot. Bien sûr que ça me dégoûte. J’ai eu la chance de passer professionnel à 16 ans, mais j’ai eu des problèmes parce qu’un agent a fait ça, fait un contrat comme ça. Je n’ai pas eu ce que je souhaitais. Au début de ma carrière, tout ce que je pouvais faire était relié à Samuel Eto’o. Ce n’était pas un cadeau. Je n’ai jamais eu de privilège, tout ce qui est arrivé au Cameroun, c’est parce que je l’ai mérité. Si vous pouviez revenir en arrière, partiriez-vous encore à 16 ans de Malaga ? Non, mais je suis parti de Malaga sans savoir que je quittais le club ! J’ai signé un papier suite à mon prêt à Zulte Waregem. J’ai ensuite signé un autre document qui me faisait sortir de Malaga, j’avais 17 ans. L’agent te dit de signer. Le directeur sportif de Malaga me connaissait et m’appréciait, mais il ne m’a pas dit où je signais. C’est à la fin de mon prêt à Zulte Waregem que je me suis rendu compte que je n’appartenais plus à Malaga. J’ai pris trop de temps pour changer d’entourage. Le problème, c’est que j’ai été entouré par des gens qui ne pensaient qu’à eux. Je me sens désormais libre. Je suis presque sûr que beaucoup de joueurs vivent encore la même situation, mais ils n’oseront rien dire. Je vais être un peu vulgaire, mais tout ce que j’ai vécu dans ma carrière, c’est de la m… ! C’était n’importe quoi. On voulait que ça se passe d’une telle ou telle façon pour moi. Je n’ai pas eu la chance d’avoir quelqu’un pour dire non. Retournons en arrière. Quel avait été le secret de la réussite de l’équipe la saison passée ? Contrairement à cette année, les choses ont été bien faites rapidement. Je prends aussi l’exemple avec Frank Defays. Il n’avait personne en début de saison. Avant d’aller en stage, Bernd Hollerbach avait déjà un groupe, une base. Des joueurs se sont ensuite rajoutés. C’était quelque chose d’important pour moi. Nous avons appris à nous connaître rapidement. L’absence du coach a ensuite été mauvaise pour nous. On se le disait avec les anciens. Nous avions fait n’importe quoi contre Malines, fin 2019. Nous n’avions plus la tête à ça. Le coach était absent, nous pensions aux vacances. Là, nous n’avions pas été professionnels. Il a manqué du leadership. Rudi Vata a ensuite essayé de faire les choses correctement, mais quand Monsieur Philippe Saint-Jean est arrivé, il a fait ce qu’il avait à faire. Sans lui, ça aurait été n’importe quoi. Il a mis tout le monde à sa place, il ne voulait pas de prise de tête, seulement faire son travail. Et il a réussi en peu de temps. Faut-il s’inquiéter de la dernière place actuelle de l’équipe ? Ce n’est pas plaisant d’occuper cette place. J’ai regardé toutes nos rencontres à la télévision. J’ai appris à connaître les joueurs, sans être là. Quand je suis revenu, j’ai dit à chacun comment il jouait. Nous avons besoin d’une harmonie et le plus important c’est de gagner, peu importe la façon. On connaît le championnat de Belgique, c’est toujours difficile de revenir quand vous êtes détachés. Il nous manque de l’expérience dans les détails. Un joueur expérimenté sait qu’il ne doit parfois pas tacler, là où un jeune va le faire. Il y a un projet en place, il faut s’y adapter et voir comment chacun peut aider l’autre. Les gens haut placés se diront peut-être qu’il faut plus d’expérience ou pas. Dans le groupe, il faut de l’entraide. Jusqu’à preuve du contraire, je n’ai pas de problème avec qui que ce soit. S’il y a des choses à dire, je les dis.

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