La saison 2020-2021 à la Maison de la culture de Tournai: les reprises étoilées à ne pas manquer
Nos critiques dans leur intégralité.

Très attendu : « Une cérémonie »
Ils ont imposé leur style festivement foutraque avec
Le signal du promeneur
Nos critiques des reprises
Tchaïka
Les 23 et 24 septembre
Auréolée de prix au Chili, cette troublante adaptation de la Mouette de Tchékhov se crée en français. La pièce de Natacha Belova et Tita Iacobelli tisse une mise en abîme infinie : une vieille actrice, au crépuscule de sa carrière, reprend du service sous la forme d’une marionnette, à taille humaine, qui n’est autre que le double vieilli de la comédienne qui la manipule. Une pièce démente sur les gouffres vertigineux de la vieillesse mais aussi du théâtre.
i-Clit
Le 6 octobre
Dans un solo subversif, la danseuse et chorégraphe Mercédès Dassy joue lascivement de son corps pour détourner l’hyper-sexualisation de la femme dans les médias et oser ses propres fantasmes. Depuis Beyoncé et la culture pop jusqu’au baroque et Véronique Sanson, l’artiste nous met face à la chair féminine dans ce qu’elle a de plus affranchi, frontal, provocateur ou libérateur.
Mon p’tit coco
Le 11 novembre
La pièce met en scène deux cocottes coquettes qui vont bientôt pondre de drôles de cocos. La Berlue y joue avec des nids, des coquetiers, des minuteries, des œufs qui collent, disparaissent, éclosent. Entre les tours de magie, les pas de rumba et les tentatives d’omelette, Violette Léonard et Barbara Sylvain couvent surtout un spectacle sur les hauts et les bas du métier de mère, et la joie de voir son poussin voler de ses propres ailes. Dès 3 ans.
Final cut
Les 24 et 25 novembre
Un père disparu, une mère happée par la folie et une existence déracinée, entre la France et la Tunisie : Myriam Saduis reconstruit son histoire familiale. Une (en)quête des origines pour interroger l’héritage du passé. Accompagnée de Pierre Verplancken, la narratrice joue sa partition avec une intensité électrique et parsème sa mise en scène de symboles, d’infimes détails racontant le manque, la folie, la quête, les béances du passé, le retour aux sources. Troublant !
Toutes les choses géniales
Du 8 au 10 décembre
Qui eut cru qu’on rirait si volontiers d’un sujet si grave : la dépression. Cette maladie touche la mère de notre narrateur, dès son plus jeune âge. Pour l’aider et ne pas se laisser contaminer par cette détresse, l’enfant se met à lister toutes les choses géniales de la vie. Avec humour et bienveillance, François-Michel van der Rest fait participer les trois-quarts du public, plus ou moins activement, à son récit. Ce qui crée une puissante communion.
Fritland
Les 13 et 14 janvier 2021
Ancien fritier devenu auteur et comédien, Zenel Laci déballe sa vie comme on dore une bintje: sans chichi mais avec feu. Il nous fait voyager des montagnes du Kosovo au parvis de la Bourse, de Jules Verne à Bruce Lee, des forges de Clabecq à la rue d’Aarschot, d’une ambiance balkanique digne de Kusturica aux nuits interlopes bruxelloises. Pour résumer, disons que c’est l’histoire d’un enfant de réfugié albanais dont le père rêvait d’Amérique. L’histoire d’une famille qui voulait faire les frites les plus fraîches de Belgique pour faire oublier qu’ils étaient étrangers.
Le petit chaperon rouge
Le 23 janvier
Chez Dérivation, on continue de passer les grands classiques à la moulinette d’une mise en scène déjantée, avec musique à la James Bond, bruitages de cinéma et airs de western. On y inverse joyeusement les rôles aussi puisque le loup, ici, n’est pas aussi grand que dans les histoires, a sacrément peur du noir et aucune confiance en lui. Potache, explosif, décadent. Un pur plaisir régressif. Dès 3,5 ans.
Suzette project
Le 30 janvier
Suzanne a deux mamans. Victime de moqueries, elle se lance dans une cyber-enquête pour comprendre ce qu’est une famille normale et découvre que ça n’existe pas. Pétrie d’humour, la mise en scène de Laurane Pardoen amène son sujet – l’homoparentalité – sans grands discours mais plutôt par petites touches, tissant des parallèles avec les modèles familiaux d’aujourd’hui : éclatés, recomposés, mouvants, diversifiés. Dès 8 ans.
L.U.C.A.
Les 2 et 3 février
Comédiens belges d’origine italienne, Hervé Guerrisi et Grégory Carnoli croisent leurs trajectoires familiales avec celle des flux migratoires et des mutations biologiques. Il vaut donc mieux accrocher sa ceinture dans ce fabuleux périple où la généalogie n’est plus un arbre aux ramifications statiques, mais un confluent de fleuves ou de ruisseaux qu’on remonte plus sportivement qu’une rivière sauvage pour découvrir que nous sommes tous cousins. Drôle et terriblement humain.
Frankenstein
Les 23 et 24 février
La Cie Karyatides s’éloigne radicalement du stéréotype du film d’horreur pour façonner le portrait de Frankenstein en une pièce subtile, sur le fil de l’émotion plutôt que du spectaculaire. D’un côté, un homme, Victor Frankenstein, obsédé par l’idée de conjurer la mort en redonnant vie à des bouts de cadavres. De l’autre, des artistes qui font renaître toutes sortes d’objets, échoués dans les brocantes ou abandonnés dans les greniers, pour les ranimer sur scène avec ce pouvoir de démiurge que possède tout metteur en scène. Les deux étaient voués à se rencontrer.
Home
Les 3 et 4 mars
Dans une résidence pour personnes âgées, un homme et deux femmes se côtoient sans vraiment se voir tandis que le temps passe lentement, inexorablement, en silence. Audacieux, drôle, émouvant, ce spectacle de Magrit Coulon est entièrement basé sur les gestes lents, hésitants, les mimiques qui semblent chercher ce qu’elles pourraient bien signifier. Entre réflexions hilarantes et moments bouleversants, voici un formidable spectacle sur ces oubliés du monde qui regardent s’écouler lentement leurs dernières années.
La classe des mammouths
Le 6 mars
Alors qu’on a retrouvé une défense de mammouth dans leur cour de récré, les enfants vont se plonger dans la préhistoire, en même temps qu’ils vont commencer à s’interroger sur les clichés sexistes. Quel rôle assigne-t-on aux garçons et aux filles à l’école, et dans la société. Avec humour, les marionnettes du Théâtre des 4 Mains prennent la question à bras-le-corps. Dès 7 ans.
Propaganda !
Le 31 mars et 1er avril
Démonstration implacable ou manipulation éhontée ? La pièce de Vincent Hennebicq sème le trouble. Inspiré d’Edward Bernays, père de la propagande, le spectacle résume notre monde, pantin dans les mains de politiques-publicitaires pour qui la démocratie ne serait plus qu’un slogan. En utilisant tous les ressorts qu’elle dénonce – mélange sournois de vrai et de faux, déferlement d’images choc, emballage sexy, manipulation des émotions – la pièce colle admirablement à son sujet : de l’art de subjuguer les foules avec cynisme.
On est sauvage comme on peut
Les 20 et 21 avril
Installés autour d’une grande table, les convives d’une soirée entre amis tentent de faire bonne figure autour de Thomas, en dépression profonde. Par-delà un réalisme soufflant de justesse, le Collectif Greta Koetz livre un spectacle très drôle qui bascule soudain dans l’horreur. Comme si les pensées intimes de chacun, soigneusement enfouies derrière le vernis de politesse et de bonne conduite, se matérialisaient au grand-jour. Inattendu, troublant et puissant.
Je suis une histoire
Les 5 et 6 mai
Accompagné d’un musicien discret, Anthony Foladore nous entraîne dans l’unique bar d’un petit village où tout est gris mais où chacun a son histoire, ses rêves, ses regrets. La serveuse qui rêve d’aventures lointaines, la petite frappe du coin, le philosophe de comptoir, et puis Dany l’Américain qui est parti aux Etats-Unis. Avec deux sièges et un lampadaire, Anthony Foladore raconte simplement toutes ces histoires, si vraies, si justes qu’on a l’impression d’avoir tous passé d’innombrables soirées dans ce bar. Et il nous rappelle que nous sommes tous une histoire.
Le champ de bataille
Les 11 et 12 mai
Dans cette adaptation du roman de Jérôme Colin, mise en scène par Denis Laujol, c’est avant tout une guerre des nerfs qui se joue entre un fils dans la fleur (vénéneuse) de l’adolescence et un père dans l’épine (vicieuse) de la quarantaine. Usure du couple, sexualité au point mort, incompréhension de la moule provocatrice qu’est devenu son enfant, rancœur contre le système scolaire : notre homme (Thierry Hellin) va évacuer tout cela sur ses chiottes. Rythmé, drôle, attachant.
Ni oui ni non, bien au contraire
Le 5 juin
Le Professeur Pompon répond aux questions des enfants grâce à un théâtre d’objet d’une inventivité folle. Est-ce que les grands sont toujours les plus forts ? Si demain, c’est demain, alors pourquoi c’est plus demain quand on est demain ? Est-il possible que ma maman ne m’aime pas ? Grave ou plus légère, chaque question provoque la manipulation d’objets-métaphore. Une nouvelle perle d’Arts et Couleurs. Dès 4 ans.
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