Brieuc De Meeus, CEO de la Stib: «Nous reviendrons à la fréquentation d’autrefois »

Alors que la rentrée sonne le retour de nombreux usagers dans le métro, Brieuc de Meeus, CEO de la Stib, dresse le bilan d’une crise qui a fortement touché la société bruxelloise de transports publics. Alors que le service opérationnel a été maintenu durant toute la période du confinement, le directeur reste confiant et assure que les usagers vont rester fidèles aux trams, métros et bus, comme après les attentats. Financièrement, quel est le tribut de la crise du coronavirus ? C’est la grande question qui hante tout le monde. C’est sûr qu’une situation telle qu’on la connaît depuis mars n’est pas facile. On a connu deux premiers mois de l’année tout à fait dans l’ordre de ce qu’on attendait, avec des croissances de 4 % en janvier et février. Puis est arrivée la mi-mars. On a perdu 90 % de notre fréquentation dès les premières semaines du confinement. En perte, cela représente 108 millions via la non-vente de titres. À cela il faut rajouter 30 millions de coûts supplémentaires, pour le nettoyage par exemple, qui nous coûte 500.000 euros par semaine. On nettoyait évidemment nos véhicules avant, mais pas avec des rythmes aussi soutenus. Il y a enfin 20 millions de coûts en moins, du fait que l’on a consommé moins d’énergie et que l’on a eu des charges salariales plus basses. Si vous faites le calcul, ça fait 118 millions projetés d’ici la fin d’année. C’est une projection pessimiste puisqu’on n’est désormais plus du tout à 10 % de la fréquentation habituelle. On arrivera donc, je pense, un peu en dessous des 100 millions à la fin de l’année. La Stib va pouvoir absorber cette perte ? La Stib est financée majoritairement par la Région, même si elle vit aussi de la vente de ses titres. C’est une très grosse perte mais on a des réserves, comme toutes les entreprises. Il faudra voir dans quelle mesure on devra les utiliser, et ce que la Région peut faire pour nous. [scald=27721943:sdl_editor_representation] La fréquentation connaît un retour à la normale ? En comparant la semaine dernière à celle de septembre 2019, on constate qu’en métro, on était à 63 % et qu’en surface (tram et bus, NDLR), on était à 69 %. La fréquentation a connu une évolution très linéaire depuis mars. Il y a évidemment l’impact des rentrées universitaires, aussi. Cette crise aura, plus largement, un impact sur l’attractivité des transports publics ? Même si la crise va être longue, elle n’est pas structurelle, mais conjoncturelle. On passe un mauvais moment mais je suis convaincu que dès que cette crise sera dernière nous, nous reviendrons au niveau de fréquentation que l’on a connu autrefois. Une des choses que l’on a faite, avec nos trois collègues que sont le Tec, De Lijn et la SNCB, c’est une campagne pour dire aux gens de ne pas avoir peur, qu’il est “safe” de prendre les transports. Des études, faites en Angleterre, je crois, montrent d’ailleurs qu’il n’y a pas plus de cas Covid qui sont induits par le transport public qu’ailleurs. Mais c’est aussi pour cela que le service que nous offrons doit rester le meilleur possible. Tout cela ne laisse-t-il tout de même pas présager d’un report modal des usagers ? Certainement qu’il y a des navetteurs qui se sont redirigés vers la voiture. Ce trou dans les fréquentations vient sans doute essentiellement du homeworking, et peut-être un peu d’un report vers la voiture ou le vélo. Mais je suis très rassuré : venez ici à 7 heures du matin, vous verrez beaucoup de monde sur les routes. On va retrouver de gros bouchons et d’énormes problèmes de mobilité, donc les gens vont revenir à des solutions plus raisonnables. Je reste confiant. Est-ce que ça change la donne pour les investissements futurs ? Pas aujourd’hui. Qu’est ce qu’on a comme gros investissements ? Le Plan Directeur Bus, qui est lancé et pour lequel on a acquis de nouveaux bus, notamment pour remplir les conditions de la Zone de Basse Émission. Pour le tram, on a acquis 90 nouveaux trams qui sont commandés et en cours de fabrication. Pour le métro, il y a l’augmentation de la fréquence sur les lignes 1 et 5, avec commande de nouvelles rames. Tout ça est fait. Le métro 3, entre Albert et Gare du nord, les travaux ont connu des retards à cause du Covid, mais beaucoup moins que ce que l’on pensait. Et on est en train de terminer les processus administratifs pour la partie entre gare du Nord et Bordet. Le projet de gratuité partielle (pour les -25 et +65 ans, NDLR) est-il remis en cause ? La gratuité, c’est une question éminemment politique, à laquelle je ne répondrai pas. Elle a un coût, tout le monde le sait. Reste à voir comment le prendre en charge.

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