«J’allais voir une pièce de théâtre, j’attendais la vedette pour lui demander un autographe, j’aimais bien ça»

A treize ans, vous vous êtes mis à collectionner les autographes de vedettes… J’avais commencé avec les autographes de joueurs de foot, à la sortie des matches. Bruno Versavel, Marc Emmers, Charly Musonda… Et puis, un des tout premiers comédiens, ce fut Paul Préboist, au centre culturel d’Auderghem, que j’adorais, parce qu’il faisait des sketches chez Patrick Sébastien, déguisé en Vanessa Paradis. La salle d’Auderghem était à moitié vide, et ce n’était pas Madonna. Il devait être surpris, au fond, un peu comme tous les autres, de voir un gamin lui demander un autographe. A l’époque, j’étais souvent proche de quelques chasseurs d’autographes bruxellois, des gens qui savaient toujours dans quel hôtel bruxellois se trouvait untel ou unetelle. L’un d’eux disait : « Tiens, il y a Michèle Morgan qui tourne un téléfilm à Bruxelles… elle est au Métropole. » J’avais quinze ans, je pouvais sortir à midi de l’école, je prenais mon sandwich et j’allais attendre devant le Métropole. Le premier midi où j’attendais devant le Métropole, Michèle Morgan arrive, charmante. Et effectivement, elle devait se demander : « Est-ce que ce gamin de quinze ans sait qui je suis ? » Ce n’était pas normal, ce n’était pas de mon âge. Et moi, j’étais trop content. La chasse à l’autographe est devenue à un moment obsessionnelle… J’avais des centaines d’autographes, au bas mot, rassemblés dans des albums. Bon, il y avait les grands événements. Quand il y avait les foires du livre, tu voyais trente personnes sur la journée. J’allais voir une pièce de théâtre, j’attendais la vedette, et j’aimais bien ça. Avant la venue de la vedette, j’allais chiner dans une librairie du cinéma, sur le boulevard Anspach, et je me renseignais un peu. Je trouvais la belle photo de la vedette, pour la faire signer après. Quand les programmes de début de saison sortaient, comme ceux des grandes conférences catholiques, je découvrais des noms, comme celui d’Yves Coppens, je me renseignais et découvrais de cette manière que c’était le plus grand paléontologue français, que c’est lui qui a découvert Lucy. Culturellement, ce n’était pas complètement con. Et donc, je suis allé demander un autographe à Yves Coppens. Bon, à la longue, heureusement que j’en suis sorti, de cette sorte de fascination pour ce qui pouvait passer à la télé ou dans les journaux. Que reste-t-il, de cette période de chasse aux vedettes ? Une tendresse pour ce petit garçon, qui sans doute n’était pas très bon socialement, et qui avait trouvé cela comme refuge. Un sentiment de gratitude envers mes parents, qui m’ont laissé faire ça sans penser que j’étais complètement taré. Après, quand je mets bout à bout les trucs, je me dis que c’est fondateur. Le jour où je suis passé de l’autre côté du bic, pour faire un autographe, c’était marrant, pour moi. Aujourd’hui, quand on arrive chez Drucker, il y a toujours plein de gens devant. Mon attaché de presse parisien me dit : « Tu baisses la tête et tu avances, parce que sinon, c’est pénible ». Je dis : « Ah non ! Ils sont vingt. Moi, j’ai été dans ces vingt à une époque. Alors je vais prendre dix minutes et je vais faire plaisir à tout le monde. »

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