Roland-Garros: plusieurs polémiques enflamment la quinzaine

Pourtant, en coulisses, et après seulement un tour, les polémiques liées à cette édition font déjà pas mal de bruits et chauffent quelque peu l’ambiance de ce qui ressemble aujourd’hui à une grande cathédrale du tennis : beaucoup de vide et de grands échos… 1 La terre battue extérieure et l’automne à Paris : un mauvais mariage On aurait aimé vivre un été indien, les premières bourrasques de pluie et les chutes de températures, ont ramené ce Roland-Garros à sa triste réalité automnale. Les courts sont détrempés et adapté à la vitesse des escargots, la terre colle aux balles et aux basques, et le froid glace le sang des joueurs et spectateurs. On est très loin de la fête habituelle, ceci est juste un très mauvais mariage, de raison, on le rappelle, vu la pandémie. Rafael Nadal, le maître des cérémonies à la Porte d’Auteuil, a fustigé d’emblée ces conditions de jeu. « C’est une situation extrême pour jouer un tournoi en extérieur, avec de la pluie presque chaque jour, le froid, le vent. Les conditions sont probablement les plus difficiles que j’ai jamais connues à Roland-Garros… » [scald=27730921:sdl_editor_representation] Ils sont nombreux à bouillir du cerveau sur ces conditions de jeu pénibles, mais ils ne pensent pas tous comme l’enfant du soleil qu’est Nadal. Comme par hasard, celui qui est son plus grand rival, ici, depuis deux ans (deux fois finaliste) se frotte plutôt les mains, et pas uniquement pour se les réchauffer. « J’adore ces conditions, ce froid car je suis Autrichien, ne l’oubliez pas », sourit Dominic Thiem. « Je sais comment jouer lorsque les températures sont basses et la météo humide. Quand j’évoluais chez les juniors, puis sur le circuit des Futures, il faisait toujours glacé, entre 10 et 15 degrés. J’adore lorsque les courts ne sont pas trop rapides, ainsi je peux me maintenir un peu derrière la ligne de fond et ramener beaucoup de balles sur le court. Je me sens bien, et ces bonnes vibrations, je les ai ressenties dès le premier moment où je suis revenu m’entraîner ici. Je me réjouis de vivre la suite… » Sur le circuit féminin, ce climat à fait naître, sans doute, les deux premières phrases culte du tournoi, prononcées par deux grandes joueuses, refroidies par les conditions. « Je gèle, à quoi ça sert d’être assis comme des canards ? » s’est plaint Victoria Azarenka, alors que la pluie perturbait son premier tour. « Je déteste le froid, c’est mon talon d’Achille », a commenté une Serena Williams qui a eu du mal à lancer son… 18e Roland-Garros, avant d’ajouter : « J’ai vécu la moitié de ma vie sans voir la neige… » Bon, là, elle exagère, Serena ! 2 Le changement de marque des balles n’allège pas la situation… L’autre grosse polémique de ce début du tournoi, elle est évidemment liée à la première, c’est le changement de marque de balles opéré, cette année, par l’organisation parisienne : exit la Babolat, voici la Wilson Type 2, plus grosse et plus dure que la précédente. Pas vraiment un adjuvant dans des conditions si humides. Là encore, c’est Rafael Nadal qui est monté au créneau. « C’est une balle complètement différente. Très lente, lourde. Je l’avais testée en été à Majorque, et déjà, elle pesait. Alors ici, avec le froid, c’est comme une pierre ! Je pense qu’elle n’est pas faite pour jouer sur terre battue… C’est alarmant car elle pourrait provoquer des blessures au coude et à l’épaule, dans ces températures, mais bon, c’est ainsi… » On rappellera quand même que l’Espagnol est sponsorisé par… Babolat. Mais tout de même, sur les courts on se rend rapidement compte que ces balles ont tendance à vite « pelucher » et à se salir de terre et d’eau… « Le changement de balles est ce qu’il y a de pire cette année », a renchéri le Britannique Dan Evans (battu par Nishikori au premier tour). Les organisateurs n’ont certainement pas fait le bon choix, elles partent dans tous les sens. On est en septembre, octobre, elles sont lourdes et se dégradent trop vite. Je ne les donnerais même pas à mâcher à mon chien ! » Mais encore une fois, d’un joueur à l’autre, d’un style à l’autre (les Wilson conviennent plutôt aux grands frappeurs), les avis divergent complètement. « Les balles actuelles sont bien meilleures », avance ainsi Sascha Zverev, 7e mondial. « Les Babolat étaient les pires de l’histoire… ». Avant de se faire… éliminer pour la 4e fois d’affilée au 1er tour de Roland-Garros (!), Daniil Medvedev, le 5e mondial, croyait aussi à sa chance avec ces balles. « Avec le froid et l’humidité, elles flottent moins et prennent moins d’effet. Ça peut-être bon pour mon jeu à plat. » Le Hongrois Fucsovics en a décidé autrement, comme quoi, le dernier mot revient toujours au joueur… 3 Les tests Covid-19, tous les 3-4 jours, continuent de hanter les joueurs Fernando Verdasco, Damir Dzumhur, Bernabé Zapata et Katarzyna Kawa ont été les quatre premiers exclus de ce Roland-Garros pour un test PCR positif, ou plutôt parce que leur coach respectif (excepté pour Verdasco) était positif. Et dans les quatre cas, les joueurs ont été testés « négatif » à leur retour au pays ! Alors, test « faux positif », analyses plus approfondies à Paris, ou erronées ? Voici sans doute la polémique à la plus lourde conséquence puisque c’est l’exclusion pure et simple de Roland-Garros. Dzumhur, par exemple, a pu directement rejouer un Challenger à Split et est déterminé à mener un procès contre les organisateurs parisiens. « Ils vont le payer très cher », a lancé le Bosnien qui sous-estime sans doute le fait que la Fédération française tirera la couverture du Ministère de la Santé français. Verdasco, lui, restait sur 67 Grands Chelems disputés d’affilée avant de manquer l’US Open (il a attrapé le coronavirus) et ce Roland-Garros parce qu’il avait sans doute encore des anticorps en lui. D’ailleurs, depuis, le règlement a évolué pour prendre en compte ce type de cas précis… Pas anodin, puisque Djokovic et Dimitrov, par exemple, ont aussi contracté le virus (le tristement célèbre Adria Tour). « Je me sens extrêmement frustré et impuissant… », a déclaré Verdasco, à juste titre. La situation est effectivement très anxiogène avec des protocoles sanitaires compliqués et qui varient aussi en fonction des pays, drainant énormément d’inquiétudes et de stress. Ce n’est malheureusement pas David Goffin qui dira le contraire… 4 Un nouveau toit qui ne protège pas complètement de la pluie… Dans ce Roland-Garros trop sombre, voilà peut-être une petite éclaircie, un petit sourire dans la grisaille. Cela faisait dix ans qu’on attendait l’arrivée du fameux toit sur le Philippe Chatrier. Le voici en place et drôlement utile en cette période. 11 ailes de 110 m d’envergure et de 330 tonnes chacune qui se déploient en 15 minutes pour une couverture d’un hectare. Mais le hic, c’est qu’il ne protège pas complètement de la pluie, comme on a pu le constater lorsque les bourrasques s’en mêlent ! Un toit de 160 millions d’euros (NDLR : y compris la reconstruction du Chatrier qui s’imposait pour supporter la structure) qui fuit ? La Fédération française a rapidement réagi, via la voix de Gilles Jourdan, le maître d’œuvre, pour éviter d’être la risée de la quinzaine. « On a toujours voulu ce toit comme un parapluie et non comme une fermeture hermétique du court. Ceci, pour respecter les caractéristiques extérieures liées à notre tournoi. Alors forcément ça peut flotter sur les côtés, mais il n’y a pas eu une seule goutte sur le court. J’étais dans les tribunes et le vent soufflait comme en extérieur, et c’est ce qui me plaisait parce que cela respecte les conditions de jeu… » Allez, on arrête de rire, ou de polémiquer, place au jeu ! [scald=27730920:sdl_editor_representation]

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