Pas d’envoi massif de SMS appelant au djihad à Molenbeek

Une semaine après les attentats du 22 mars, la rumeur enfle : le recrutement de Daesh reprend de plus belle. « Mes Frères pourquoi ne pas nous rejoindre combattre les Occidentaux. Faites les bons choix dans votre vie ». C’est le contenu d’un SMS que de nombreux jeunes de Molenbeek auraient reçu. [scald=849824:sdl_editor_representation] Blague de mauvais goût ou campagne de recrutement active ? On penche plutôt pour la première hypothèse. Selon un éducateur de rue de la commune « de nombreux coups de sonde ont été réalisés tout au long de la journée. Entre 150 et 200 jeunes ont été sondés et personne n’a reçu ce genre de SMS ». Nouvelle offensive de propagande ? Au départ de la polémique, Jamal Ikazban, député bruxellois (PS) et chef de l’opposition communale à Molenbeek tire la sonnette d’alarme après avoir pris connaissance d’un unique SMS. Il est vite repris par The Guardian, un journal britannique. « Un papa inquiet m’a contacté en me montrant le SMS reçu par son fils » explique l’élu pour qui c’est bien la preuve que les jeunes de la commune continuent à être victimes de prédateurs. « Si on entend beaucoup que la surveillance est active sur internet, il ne faut pas oublier cette porte d’entrée ». [scald=849825:sdl_editor_representation] Pour Serge Garcet, professeur à l’école de criminologie de l’ULG, rien d’étonnant à ce que l’appareil de recruteurs de Daesh se remette en branle. « De la perspective de Daesh, les attentats de mardi sont un succès. Tant au point de vue humain, que matériel ou psychologique. De la part de jeunes il peut y avoir une certaine fascination quant aux images violentes. Et si on ajoute à cela une montée de l’islamophobie, comme on l’a constatée dimanche lors de la parade de hooligans à la bourse. Du coup, la pression augmente chez les jeunes musulmans qui peuvent se sentir davantage incompris et malmené. Ce sentiment, souvent légitime, permet encore aux recruteurs de faire passer le message, “ vous voyez, les Occidentaux ne vous acceptent pas. Rejoignez-nous pour les combattre ”. » Bref, les attentats de mardi dernier contribuent à laisser un terreau favorable pour les recruteurs. Ou jeunesse Molenbeekoise sous le choc ? Pourtant, l’éducateur de rue l’assure, les attentats de mardi dernier ont « refroidi » beaucoup de jeunes. « Je pensais l’inverse. Après les attentats de Paris, certains jeunes parmi les sympathisants de Daesh expliquaient qu’“ après tout, les Français l’avaient bien cherché puisqu’ils bombardaient la Syrie ”. Aujourd’hui le discours a beaucoup changé. Les jeunes se disent que leurs mères auraient pu figurer parmi les victimes des attentats. La grande majorité de ceux qui avaient un pied dans la propagande l’ont retiré ». Les seuls encore réceptifs sont ceux qui ont déjà un lourd passif judiciaire. [scald=850204:sdl_editor_representation] Par ailleurs, l’utilisation de SMS et de nombreux autres moyens de communication par l’organisation terroriste n’est plus un mystère, même si ceux-ci ne constituent pas un moyen de contact privilégié. « Un certain nombre de jeunes ont des sympathies pour la cause car ils sont intéressés par l’imagerie violente véhiculée. Ainsi, Daesh utilise parfaitement Twitter, Facebook, les journaux en ligne et autres vidéos. Ils connaissent très bien les codes en usage chez les jeunes et les reproduisent. Internet, sert d’hameçon. Après, vient la rencontre dans la “ vraie vie ”. Dire que l’on se radicalise sur internet est une erreur ». On recrute plus dans la rue que par SMS Un coordinateur de la cellule de prévention du radicalisme de la Ville de Bruxelles abonde. « Les recruteurs agissent dans la rue et dans les lieux de socialisation. Ils vont à la rencontre de groupes de jeunes qui traînent dans les parcs, leur parlent d’expériences personnelles et de but dans la vie. Simplement, ils tissent des liens. Je n’ai pas connaissance de recrutement qui passerait par le SMS ». [scald=849823:sdl_editor_representation] Le député bruxellois s’inquiète, lui, du manque de réponse des autorités. « Il est grandement temps que l’accent soit mis sur l’éducation. L’école doit permettre à tous ces jeunes non seulement de pouvoir développer leur esprit critique, mais également de leur offrir une perspective d’avenir. La méfiance de ces jeunes envers tous les pans de la société. Il est nécessaire de créer des centres et des organes de prévention. Mais prévenir est déjà un aveu d’échec. La tentation du radicalisme n’existerait pas si on empêchait ce détachement des jeunes avec le monde politique, le monde social et le monde économique ».

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