«Je suis en colère pour tout ce qui pèse sur les épaules de ma fille»

Ma vie a changé à cause du coronavirus parce que j’ai été empêchée, du jour au lendemain, de jouer mon rôle de mère et de grand-mère. À un moment où il était particulièrement important. Le 14 mars, c’était mon anniversaire. On s’est vu en famille avec ma fille enceinte, son compagnon et son fils, mon petit-fils Oscar qui a 7 ans. Et puis elle nous a dit, à mon mari et moi, que ce serait la dernière réunion, qu’il fallait être prudent. Elle a accouché quelques semaines plus tard. J’aurais dû être présente pour soutenir Émilie durant ses dernières semaines de grossesse, pour aider Oscar à accueillir son petit frère, pour serrer Lucien dans ses bras après sa naissance. Maintenant qu’on peut le voir, Lucien pleure souvent. Il est tout petit mais je sens que cet enfant, inconsciemment, est déjà marqué par ce qu’il a vécu durant les premiers mois de sa vie : il n’est pas habitué à voir du monde, il ne voit que des gens masqués.