Prothèse: un grand pas bionique pour l’UCLouvain

Quelque 200.000 personnes dans le monde sont amputées d’un membre inférieur chaque année, à la suite de complications liées au diabète, d’un accident, d’une pathologie congénitale ou d’un cancer des os ou des tissus musculaires. Selon Partenamut, une amputation est subie par environ 1.800 Belges chaque année. Au-delà du traumatisme, la rééducation implique pour ces personnes de pouvoir continuer à se mouvoir, surtout en cas de maladie cardio-vasculaire. En faisant appel à des matériaux de plus en plus sophistiqués mais aussi au génie robotique, le développement des prothèses améliore grandement la qualité de vie des personnes amputées. C’est dans ce sens que travaille l’ingénieur électricien Renaud Ronsse (UCLouvain), dont le laboratoire vient de signer un partenariat de quatre ans avec l’un des leaders mondiaux de la production de prothèses bioniques. Le terme ne relève plus de la science-fiction aujourd’hui. Au croisement de la biologie et de la technologie, la bionique s’attache à comprendre et analyser les mouvements humains pour concevoir des dispositifs capables de les reproduire. Plus légère et plus compacte Le centre Louvain Bionics coordonné par le professeur Ronsse travaille depuis plusieurs années à l’élaboration d’une prothèse jambe-cheville bionique qui permette d’alléger la marche des personnes amputées. Grâce à ce partenariat avec le numéro deux des prothèses bioniques (qui préfère la discrétion), le prototype finalisé pourrait être commercialisé en 2026 ou 2027. « Les prothèses actuelles sont trop lourdes, trop encombrantes et bruyantes », explique Renaud Ronsse. « Aujourd’hui, lorsqu’une personne est amputée, elle bénéficie généralement d’une prothèse mécanique. Concrètement, ça veut dire que c’est la personne qui doit fournir l’énergie nécessaire pour lever la jambe, alors qu’avec un membre intact, ce sont nos muscles qui donnent cette impulsion naturelle. » [scald=27800231:sdl_editor_representation] En plus de sa légèreté obtenue en partie grâce à l’impression 3D qui améliore le confort de l’utilisateur, le prototype développé par le laboratoire de l’UCLouvain a la particularité d’être très bas, ce qui fait que le point de fixation se trouve au même endroit que l’articulation naturelle de la cheville. Tous les composants technologiques sont en outre intégrés dans le volume du pied, à l’exception de la batterie qui, pour le moment, se porte à la ceinture. « Ce n’est pas acceptable pour une mise sur le marché parce que ce n’est pas ergonomique », concède l’ingénieur. « Nous avons donc encore quelques défis techniques à résoudre : l’intégration de la batterie au niveau du pied, la durabilité des matériaux à travers des tests d’usure, mais aussi le comportement de la prothèse qui doit s’adapter à la tâche, selon que le sol est plat ou qu’il s’agisse de marches d’escalier. » Diminuer au maximum le coût « Nous devons nous adapter aux besoins ergonomiques du marché », continue le professeur. « C’est du win-win : nous dessinons les prototypes, nous les testons et les améliorons en fonction des exigences et de l’échéancier. » Le partenariat implique aussi une autre réalité contenue dans le cahier des charges : le coût final du produit. L’objectif ici aussi est de l’alléger au maximum. Les prothèses bioniques présentes sur le marché sont très chères actuellement, de l’ordre de plusieurs milliers d’euros – « le prix d’une grosse voiture », estime Renaud Ronsse qui vise à « abaisser cinq fois le coût, soit en dessous de 5.000 euros ».

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