Red Flames: le football féminin n’est plus considéré comme un parent pauvre

Ce n’est peut-être qu’un détail pour vous mais il veut dire beaucoup. Depuis 2019, il existe à la Fédération un poste à temps plein de manager du football féminin qui a été attribué à Katrien Jans pour tout gérer de la formation jusqu’aux Red Flames. « J’étais déjà la Fédération depuis 2012 où je travaillais au sein du département « Events ». J’ai par exemple collaboré à l’organisation du retour des Diables en 2018 avec le rassemblement sur la Grand-Place », explique-t-elle. « Quand j’avais des heures de libre, je me consacrais au football féminin, étant ancienne joueuse moi-même. » Gérer « sur le côté », ça ne fait pas sérieux. Parmi les priorités déterminées par Peter Bossaert lors de sa nomination comme CEO de l’Union belge figurait en haut de tableau le foot féminin. « Avec Peter, on y croit à 200 % », souligne-t-elle. « Au niveau des affiliés, la marge de progression chez les filles est encore énorme par rapport au foot masculin. En 2017, nous étions à 17 % des affiliations, maintenant cela représente 42.000 affiliées. » [scald=27822721:sdl_editor_representation] Les moyens consacrés au foot féminin sont plus importants, notamment avec des fonds en provenance de la FIFA et de l’UEFA. « Sans donner de chiffres, on peut dire que cela a déjà doublé entre 2012 et maintenant. La crise du coronavirus a freiné certains projets en 2020 mais nous avons pu maintenir certaines actions chez les jeunes. » Le passage à la Superleague (agrandie de 6 à 10 équipes) et la diffusion de plusieurs matches en vertu du nouveau contrat TV est une avancée majeure et peut créer les conditions ver un semi-professionnalisme. « La volonté n’est pas de faire un copier-coller avec le foot masculin, ce sont deux mondes bien différents », poursuit Katrien Jans. « On ne peut pas tout attendre de la Superleague, on verra dans 2-3 ans. À l’avenir, nous voulons avoir aussi de bons coaches féminins, 4 anciennes Red Flames et 10 actuelles passent leur diplôme. C’est tout aussi significatif d’avoir pu maintenir la compétition malgré la crise sanitaire avec un testing pris totalement en charge par la Fédération jusqu’en fin d’année. Nous n’avons pas la prétention de dire que la maison est construite, disons que les fondations sont posées. » Le produit-phase des Red Flames a aussi son identité spécifique. « Avant, les partenaires de la Fédération étaient d’office associés à toutes les équipes nationales. Maintenant, nous avons des accords spécifiques pour les Red Flames. Marketing, communication interne et externe, etc. : chacun a son identité propre. » Comme les Diables Une autre concrétisation de cette identité propre est les conditions de préparation des Red Flames avant chaque rendez-vous international selon un schéma rigoureusement identique aux Diables rouges à Tubize, le fruit entre autres de l’appui du directeur du centre national Frédéric Verhaghaenne. « Je ne suis pas le seul à avoir pris la décision et elle a été d’autant plus facile à appliquer comme la volonté venait d’en haut », précise-t-il sans tire la couverture vers lui. « Je suis arrivé en même temps qu’Ives Serneels à la Fédération et je me suis pris au jeu du foot féminin en allant assister aux rencontres. À partir du moment où le Centre national a ouvert ses portes en 2016, tel a été le leitmotiv : la différence, c’est qu’on n’en fait plus ! Nous ne nous attribuons pas ce que nous n’avons pas fait : ce sont les joueuses et le staff qui font les résultats. Nous veillons à les mettre en confiance, leur montrer qu’on croit en elles et je crois qu’elles y sont sensibles. Que signifie les mettre dans les meilleures conditions ? La garantie d’avoir des terrains de haute qualité, avoir leur chambre et leur vestiaire, travailler toujours avec le même staff, avoir leur propre cuisinier… » « Et ce n’est pas valable seulement pour les Red Flames mais aussi pour les jeunes », enchaîne Katrien Jans. « Il y a tout un suivi individuel (nutrition, analyses vidéo…) pour en faire des top-athlètes. Quand Ives Serneels est arrivé, il n’y avait pas encore grand-chose en place mais tout ce qui a été obtenu sur le plan sportif, c’est le mérite d’Ives et de son staff. » « Le virage est amorcé et Katrien Jans est très déterminée dans son travail au quotidien », résume Frédéric Verhaghaenne. Ne pas s’arrêter en chemin L’amorce d’un changement des mentalités, Aline Zeler l’a vécue sur le terrain, L’ancien capitaine des Red Flames et détentrice du record des caps chez les femmes (111 caps pour 115 sélections) a repris la compétition avec Genk (ce qui a conduit à mettre un terme à ses fonctions dans les staffs U16 et U19 de la Fédération), tout en restant chargée de mission auprès de la FSWBE (Fédération Sportive de la fédération Wallonie Bruxelles Enseignement)… en attendant la parution prochaine d’un livre retraçant sa carrière. « À l’époque, on se réunissait le lundi soir et on jouait déjà le mardi avant de reprendre nos occupations le lendemain ! Avant le match, le T1 s’occupait de l’entraînement des gardiens, le capitaine échauffait le reste du groupe. Au niveau des primes, j’ai joué gratuitement jusqu’en 2013 ensuite, nous avons reçu 200 euros… Avant on jouait deux matches par an peut-être. À partir de 2010, nous avons commencé à pouvoir participer à des tournois internationaux à l’étranger et cela a abouti à l’Euro 2017. » [scald=27822722:sdl_editor_representation] Au niveau international, la montée en force du football féminin en Belgique est palpable depuis 2015 avec une progression au classement FIFA de la 28e à la 17e place actuelle, faisant des Red Flames la 10e meilleure équipe nationale européenne malgré l’arrêt de la Bénéligue. « Et c’est bien dommage qu’une personne aux Pays-Bas a décidé d’arrêter l’expérience », regrette Aline Zeler. « Beaucoup de joueuses ont dû (re)partir à l’étranger. Le passage de la Superleague de 6 à 10 équipes – oui, il y a encore de gros écarts entre certaines équipes mais il faut laisser le temps aux jeunes joueuses de prendre de l’expérience… – et la diffusion des premiers matches à la TV, qui viennent après notre présence dans l’album Panini et l’attribution du Soulier d’Or comme les hommes, ce sont autant de bonnes avancées mais il ne faut pas s’arrêter à cela. Dans sa carrière, une femme doit faire plus de choix qu’un homme. La question n’est pas l’équité salariale mais l’équité de traitement qui doit vous permettre d’éviter de faire 80.000 km par an pour vivre votre passion comme je l’ai connu dans ma carrière. En n’étant pas pro, je peux mettre le ballon où je veux. Alors imaginez ce qui serait possible en pouvant faire son métier correctement… »

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