Frédéric Daerden: «Il faut renforcer l’aide à la réussite dans le supérieur»

On l’a compris, dans la valse des millions pour le bâti scolaire, une centaine sera réservée à l’enseignement supérieur. Le ministre Frédéric Daerden insiste : « c’est pour nous une manière de participer au refinancement du secteur, ces moyens supplémentaires lui permettront de ne pas puiser dans l’enveloppe habituelle, donc d’en consacrer le maximum aux missions pédagogiques. Il y aura un effet de levier. » Une aubaine donc pour l’enseignement supérieur qui crie famine… Peut-être, mais comme ministre du Budget, je pense qu’il ne suffit pas de décréter pour voir arriver l’argent, il faudra le gérer de manière optimale. A ce sujet, le supérieur a d’autres besoins que des briques. Je pense notamment qu’il nous faut poursuivre le processus de révision du décret paysage autour des pôles académiques, en lien avec l’Ares (la fédération du supérieur) et la ministre de l’enseignement supérieur Valérie Glatigny. A ce propos, je pense plus particulièrement à l’ajustement des règles sur le parcours de l’étudiant et sur l’aide à la réussite. Les institutions ont une obligation d’aide à la réussite mais elles ont aussi une large liberté d’investissement. Trop large à vos yeux ? Comme socialiste, j’ai en tout cas l’envie de renforcer cette aide à la réussite. Je considère donc qu’une partie du refinancement dont le secteur va bénéficier (NDLR : 20 millions/an en plus en 2021, 50 millions à la fin de la législature) doit être orientée vers cette aide à la réussite. A ce sujet, je pense qu’il y a des idées à puiser dans l’enseignement obligatoire où les caractéristiques socio-économiques des étudiants sont importantes dans l’orientation des aides. A ce stade, l’argent est réservé mais les modalités d’utilisation ne sont pas encore définies. Je serai attentif à ce que le gouvernement avance dans ce sens. Il en est de même avec le toilettage du décret Paysage. A ce propos, avec les autres partenaires du gouvernement, nous ne sommes pas tout à fait en phase, disons que les sensibilités des uns et des autres sont différentes… Renforcer l’obligation de réussite chez l’étudiant c’est une chose, mettre en place ce qu’il faut pour l’aider à réussir en est une autre. Ce n’est pas en mettant des couperets excessifs qu’on y arrivera. Ce qui m’importe, c’est bien de doper les moyens à y affecter car tout étudiant, sauf exception, a envie de réussir. Mais je reconnais qu’il y a des choses à simplifier, clarifier… tout réforme peut être mise sur le métier pour une amélioration dans l’intérêt de l’étudiant. D’argent, il en sera aussi beaucoup avec l’autre réforme de taille qu’est la formation initiale des enseignants. Où en est-on ? Ces prochains jours, nous allons confirmer par décret le nouveau report d’une année de cette réforme. L’objectif est de la rendre applicable sur le terrain à partir de septembre 2022. Par contre, nous voulons toiletter ce texte le plus rapidement possible de manière telle que les établissements d’enseignement supérieur connaissent les ajustements légaux le plus tôt possible et s’organisent en amont en parfaite connaissance de cause. Vous y voyez plus clair sur la manière dont la Communauté française pourra supporter le coût des hausses barémiques en faveur d’enseignants désormais titulaires d’un master ? A ce jour, rien n’a été négocié. Mais le calcul d’un barème intermédiaire entre un diplôme de bac actuel et un master 120, équivaudrait à 400 millions en euros constants. C’est à la fois beaucoup et peu face à notre budget actuel de 11 milliards. On a bien trouvé 250 millions cette année pour alimenter le fonds d’urgence covid. Même si la charge salariale supplémentaire sera, elle, récurrente, les 400 millions constituent un montant accessible à l’horizon de 30 ans. Qui plus est, ce sera une réponse à la pénurie et au manque actuel d’attractivité du métier. Dans ce dossier, j’interviens en support des ministres concernés mais je pense que l’argent ne doit pas être un argument pour mettre cette indispensable réforme au tiroir. De toute façon, elle est adoptée depuis un an et demi, ce qu’on fait aujourd’hui ce sont que des ajustements nécessaires.

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