Gand et Vanhaezebrouck, quelle alchimie

Qui sait vers quel horizon les pensées de Hein Vanhaezebrouck étaient-elles tournées au moment où Erik Lambrechts a mis un terme à la «Bataille des Flandres» dimanche en milieu d’après-midi? Vers ce 17 mai 2015 peut-être. Vers ce dimanche printanier où sa Gantoise avait franchi un écueil décisif en s’imposant sur cette même pelouse du Breydelstadion contre le même adversaire brugeois. Ce jour-là, le but décisif et tardif de Benito Raman avait permis à sa formation de dépasser le Club sur le terrain et au classement; d’accomplir le pas décisif vers un titre «historique» surtout. Et une Ligue des champions qui le fut tout autant avec une qualification pour les 8es. Le point d’orgue pour le club «buffalo»; pour son entraîneur aussi. Ou, alors, Vanhaezebrouck a-t-il peut-être songé à une autre après-midi, automnale celle-là, contre le même adversaire «blauw en zwart»? Cependant, ce 5 novembre 2017, «Big Hein» s’était senti tout petit sur le banc d’Anderlecht. Censé représenté la consécration, son passage prémédité au parc Astrid, quelques jours après avoir remis sa démission au président gantois, Ivan De Witte, prenait une tout autre trajectoire que l’ex-défenseur central n’arriverait jamais à redresser et qui l’enverrait dans le décor une petite année plus tard. Sans résultats, mais surtout en ayant perdu son football. Son 3-4-2-1 conquérant, qui avait fait florès à la Ghelamco Arena, n’avait pas survécu à l’altitude supérieure que sa carrière avait voulu tutoyer. En quelques semaines, il avait essayé 3 systèmes. Confusion. En vérité, ce n’était pas tant les adversaires qui avaient «craqué» les circuits du jeu de HVH que le coach lui-même qui en avait perdu ses propres codes. Autant Gand avait été un plaisir pour les yeux et l’esprit, autant Anderlecht fut une torture. Cette collaboration s’assimila à une vaine et frustrante attente pour le club bruxellois et Vanhaezebrouck lui-même, «perdu dans ses pensées et son passé», comme nous l’avions écrit au soir de ce 5 novembre 2017. In tempore non suspecto puisqu’il ne serait licencié qu’un an plus tard. Contre Bruges, il avait plutôt loupé un virage décisif (0-0) pour la suite de son aventure en mauve. Dimanche, HVH s’est peut-être retrouvé dans ses pensées. Et est-ce un hasard si cette coïncidence s’est révélée au moment où il a retrouvé son passé? Est-ce un simple concours de circonstances si Gand, encore plus «à la rue» que son 4e coach de la saison en cours, est ressuscité par la grâce de son retour? Trois succès de rang, ce n’était plus arrivé depuis février quand le covid-19 n’était qu’une lointaine et improbable menace chinoise. 9 sur 12. 2,25 points par match contre 1,14 jusque-là. Du simple au double. Bien sûr, Gand ne conservera pas cette moyenne tout au long de la phase classique puis des playoffs s’il les accroche, mais cette brutale accélération pour sortir de cette spirale négative qui tirait le club vers le fond débouche sur un doute: et si Gand et Vanhaezebrouck étaient faits l’un pour l’autre? Qu’ils n’étaient rien l’un sans l’autre? Une alchimie qui ne s’expliquerait pas, mais dont les résultats seraient incontestables. Une alchimie qui ne saurait se produire ailleurs, a fortiori avec un de ses composants absents. Avec une distribution complètement différente par rapport à sa Gantoise 1.0, mis à part Sven Kums, il a ressorti son bon vieux 3-4-2-1 pour enchaîner un «trois à la suite». Surtout pour donner force et perspectives à l’espoir d’une «remontada», tout sauf utopique dans un championnat qui piétine. Contre Bruges, cette fois, HVH n’a pas loupé son virage. Dans la Venise du nord, ce sont le champion et le vice-champion qui se sont affrontés. Quand on compare les classements de ces deux équipes, d’une année à l’autre après la 18e journée, on constate que Bruges, toujours premier (Genk est à 2 points avec un match de moins), déplore tout de même 7 points de moins contre 10 au débit de La Gantoise… Rien n’est mal fait surtout si les «Buffalos» ont retrouvé leur magie avec HVH à la baguette.

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