Paddock: «Le Dakar, c’est un truc trop sérieux pour moi», avoue Plastic Bertrand
Quand il était (encore) plus jeune et plus sautillant, Plastic Bertrand (66 printemps) a participé au Dakar. C’était en 1985, il était le navigateur d’une Fiat Panda pilotée par Pascal Witmeur. Une expérience qui s’est terminée sur le flanc en Algérie après deux jours de course.

La voix est fraîche, l’enthousiasme juvénile. Cela fait pourtant plus de 40 ans que Plastic Bertrand joue les adolescents gentiment rebelles au travers d’un succès (on s’est juré de ne pas en écrire le titre) planétaire qui s’est vendu à des millions d’exemplaires. Et quand il parle de ses expériences en sport automobile…
Plastic, en sports moteurs on entre dans la période Dakar. Qu’est-ce que cela évoque pour vous ?
(Il pouffe). Je ne peux m’empêcher de rire, de repenser à cette drôle d’aventure que j’ai vécue en 1985 dans une Fiat Panda pilotée par mon ami de toujours Pascal Witmeur.
Ah bon, pourquoi ?
Parce que notre engagement dans l’épreuve relevait du délire complet. Quelques semaines avant le départ, j’avais été contacté par les responsables de Fiat France qui me proposaient de participer au Dakar sur une Panda 4x4. Je n’avais aucune idée de ce qu’était cette épreuve. Tout au plus, je pensais que je bénéficierais d’un statut particulier comme les autres ‘pipols’ engagés (NDLR : Albert et Caroline de Monaco, Chantal Nobel, Claude Brasseur, Raymond Kopa). Erreur. Au bivouac, nous étions tous logés à la même enseigne : celle de la tente et du sac de couchage. Dans mon entourage, tout le monde me disait que j’étais fou de disputer cette course. Ce qui a précisément renforcé mon idée d’y participer. J’étais pourtant très occupé. La veille (NDLR : le 31 décembre) j’avais donné un concert à Lyon. Il a fallu rejoindre Paris en toute hâte et sauter dans la voiture de course du côté de Versailles vers 4h00 du matin. Juste à temps pour prendre le départ devant des centaines de milliers de personnes.
Vous n’aviez aucune idée de ce qui vous attendait ?
Pas la moindre. Je ne connaissais rien du rôle de copilote, je n’avais pas la plus petite notion de navigation. Pire : je suis incapable de lire quand je suis le passager d’une voiture. Au départ, on m’a refilé un road-book gros comme un annuaire téléphonique. Je n’avais jamais utilisé un tel bouquin. D’ailleurs, en sortant de Paris, on s’est égaré quelque peu du côté du zoo de Vincennes. En Algérie, on n’avait pas fait 100 mètres dans la première étape que j’ai balancé le road-book par la fenêtre en précisant à mon pilote que j’étais malade en voiture. Je m’étais bien gardé de lui dire jusque-là.
Quelle était l’ambiance dans la voiture ?
On s’est pris une multitude de fous-rires. C’était tellement dingue, ce qu’on vivait. Il y a parfois eu des tensions mais cela n’a jamais altéré notre belle complicité. 35 ans plus tard, on est toujours potes. Plus que jamais.
Le désert, ça fait peur, non ?
Si. Surtout quand on est en panne, la nuit. Dès le 1er jour en Afrique, nous étions au milieu de nulle part à attendre notre équipe d’assistance. Là, j’avoue que je n’en menais pas large. À un point tel que je me suis enfermé dans la voiture. Ce qui est parfaitement ridicule, on en conviendra. Ce qui est amusant, c’est que les mécanos qui bichonnaient notre Fiat étaient généralement très performants. Quand ils ne devaient pas s’occuper des autres Panda arrêtées en bord de piste, ils roulaient à côté de nous. Je crois que nous sommes les seuls concurrents de l’histoire du Dakar à avoir disposé d’une assistance plus rapide que la voiture de course. C’était pratique : leurs autos d’intervention formaient une escorte présidentielle. Je n’avais pas à me soucier de la direction à prendre.
Une Panda, même avec 4 roues motrices, c’était un véhicule adapté à ce genre d’épreuve ?
Pas du tout. C’était bien ça le problème ; la voiture était déjà un gag face aux véhicules tout-terrain impressionnants qui nous entouraient. Elle était minuscule, fort basse et d’après mon pilote, la largeur rikiki entre les roues avant lui causait beaucoup de soucis. Pas moyen d’emprunter les ornières creusées par les autres véhicules. On était toujours à cheval, entre deux traces. Notre vitesse de pointe était ridicule et, apparemment, la suspension n’était pas adaptée au terrain. Selon Pascal, on risquait de partir en tonneau dès qu’on éternuait. Bref, il devait se battre sans cesse pour garder la voiture sur la piste. Le comble, c’est que nous avions réussi un bon chrono au prologue à Cergy-Pointoise. Ce qui déterminait notre ordre de départ lors de la première étape algérienne. On n’avait pas parcouru 10 bornes dans la spéciale qu’on se faisait dépasser de tous côtés par des concurrents qui klaxonnaient en nous reconnaissant. J’avais l’impression de rouler en 2 CV sur l’autoroute au milieu d’une multitude de Porsche et de Ferrari.
Vous avez rejoint la capitale sénégalaise ?
Non, malheureusement. L’expérience s’est arrêtée de façon brutale dès la 2e étape algérienne. Le moteur de cette brave Panda a rendu l’âme après avoir ingurgité beaucoup de poussière en traversant une zone de fesh-fesh (NDLR : du sable très mou). Notre équipe d’assistance est arrivée très vite. Ils ont accroché un câble à notre voiture pour nous tirer de ce mauvais pas. Les gars étaient tellement enthousiastes que notre voiture a fait des bonds de cabri pendant quelques dizaines de mètres avant de se coucher sur le flanc, côté conducteur. Là, j’ai vraiment eu peur. Je n’étais pas casqué, pas attaché et je me suis retrouvé sur Pascal alors que la voiture continuait à labourer le sable et les cailloux. Dans la voiture qui nous tirait, les mécanos n’avaient pas remarqué qu’on était couché sur les portières, côté gauche. Il leur a fallu quelques secondes avant de stopper. Ils voulaient nous amener au bivouac à 400 km de là mais on a préféré abandonner. D’un petit village au milieu de nulle part, on est retourné à Alger où nous avons mené une vie de pachas dans un endroit somptueux pendant deux ou trois jours avant de rejoindre la Belgique.
Jamais eu envie de recommencer ?
Non. Je suis ravi d’avoir goûté à cette expérience mais le Dakar, c’est un truc très sérieux qu’on n’aborde pas à la rigolade. Si on me proposait à nouveau d’y participer, je me préparerais nettement mieux. Après le Dakar, Pascal Witmeur m’a encore sollicité pour d’autres expériences automobiles. J’ai notamment soutenu une voiture qui disputait les 24 Heures de Francorchamps. Personnellement, j’ai participé à une course réunissant des stars sur la piste ardennaise. J’ai effectué trois tonneaux dans le Raidillon ! Ce 1er janvier, Plastic Bertrand sera l’invité de Bel RTL dans l’émission Ultra Pop à 13h15. Le 3 janvier, une émission lui sera consacrée sur RTL TVI à 19h45.
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