Centrafrique: l’offensive rebelle pourrait entraîner une guerre régionale

La fragile victoire électorale du président centrafricain Faustin – Archange Touadéra, qui aurait, selon les premiers décomptes, remporté 60 % des voix mais sur un tiers du territoire, est éclipsée par une offensive rebelle qui pourrait se transformer en guerre régionale. A première vue, le président sortant a gagné le pari de tenir et de gagner les élections présidentielle et législatives qui ont eu lieu le 27 décembre dernier dans ce pays ravagé depuis 2014 par la guerre civile et accueillant 11.500 Casques bleus dans le cadre de la Minusca. [scald=27867683:sdl_editor_representation] Cependant, le front de l’opposition a dénoncé le bourrage des urnes et des dérogations massives, des électeurs ayant été autorisés à voter ailleurs que dans leur circonscription. De plus, si la victoire dans les urnes incarne l’espoir d’une paix durable, elle pourrait s’avérer dérisoire si l’offensive militaire devait se poursuivre et entraîner une guerre régionale. Après l’assaut sur Damara, à 70 km de la capitale, la ville de Bangassou, à 750 km de Bangui, vient de tomber aux mains d’une force militaire rebelle venue du Nord. Les autorités civiles n’ont dû leur salut qu’à l’intervention des Casques bleus, parmi lesquels des unités d’élites de l’armée rwandaise. Un observateur présent à Bangui nous le confirme : « Ça craint ! Des centaines de combattants déferlent sur la République centrafricaine en provenance du Nigeria, du Niger, du Mali, du Tchad, comme si on venait de leur ouvrir un corridor… » Pillage des ressources Cette force militaire s’est rassemblée autour de l’ancien président François Bozize, arrivé au pouvoir en 2003 et qui en avait été chassé dix années plus tard, en 2013. N’ayant pas accepté le rejet de sa candidature à l’élection présidentielle, Bozize, qui résidait en Ouganda, a pris la tête d’un regroupement d’opposants « la Coalition des patriotes pour le changement » soutenu par des mouvements armés dont des combattants viennent de toute la sous-région et pillent les ressources de la Centrafrique, dont le bétail. [scald=27867682:sdl_editor_representation] En réalité, la Centrafrique, l’un des pays plus pauvres du continent, qui ne compte que 4,5 millions d’habitants, est devenue le théâtre d’une guerre régionale, liée à la fois à l’Afrique de l’Ouest et à l’Afrique des Grands Lacs. Outre un contingent burundais qui a déjà subi de lourdes pertes, la Minusca compte 3000 militaires rwandais qui contrôlent la capitale sans hésiter à ouvrir le feu lorsqu’ils sont visés. De plus, à la suite d’un accord de défense signé entre Bangui et Kigali, des soldats d’élite assurent la sécurité personnelle du président Touadéra. De nouveaux protagonistes sont apparus : venus de Gbadolite et de Zongo, un millier de militaires congolais ont traversé le fleuve Oubangui pour défendre Bangui et empêcher tout débordement de la guerre en RDC tandis que l’abondance de matériel militaire venu de RDC surprend les observateurs. L’implication des Rwandais et de leurs désormais alliés congolais s’explique par le fait que des groupes armés hutus, présents en RCA depuis deux décennies auraient rejoint l’offensive rebelle. En outre, selon certaines sources, les Ougandais appuieraient les opposants armés, défiant ainsi les Rwandais loin des frontières communes… Présence russe Par ailleurs, en vertu des accords liant les Etats d’Afrique centrale, le président Touadéra s’est adressé à l’Angola, qui dispose de la meilleure armée de la région, pour solliciter un soutien militaire face aux rebelles. [scald=27867681:sdl_editor_representation] Mais c’est surtout la présence russe à Bangui qui attire l’attention : rappelons que, voici trois ans, alors qu’il devait équiper une armée en formation, le président Touadéra avait vainement sollicité l’aide des pays européens dont la France. La Russie pour sa part proposa du matériel, des armes et des conseillers militaires. Depuis trois ans, la société Wagner, qui fournit des mercenaires sur différents théâtres, a dépêché à Bangui des conseillers expérimentés et, tout récemment, on a assisté à un arrivage de blindés. Cette présence russe – un pion avancé sur la carte de l’Afrique - déplaît fortement à la France et si le président Touadéra a été chaleureusement reçu par Vladimir Poutine, il est en disgrâce à Paris, car les Russes ont désormais accès à des ressources telles que l’or, le diamant et, à proximité, l’uranium du Niger et d’ailleurs…

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