Le champion belge de motocross Joël Robert est décédé (vidéos)
Dans un état critique depuis le 6 janvier, Joël Robert (77 ans) est décédé ce mercredi matin à l’Hôpital Saint-Joseph de Gilly. C’est un monument de l’histoire mondiale du motocross qui disparaît, un sportif belge d’exception. Un homme aux multiples facettes à la fois tendre et bourru, doté d’une générosité exceptionnelle et capable de colères impressionnantes.

L’issue était fatale. Depuis son admission à l’hôpital Saint-Joseph de Gilly où il avait succombé à une crise cardiaque, la survie de Joël Robert dépendait d’une machine, ses fonctions vitales étaient atteintes alors que son cerveau est resté sans irrigation pendant une trentaine de minutes.
« C’est horrible d’imaginer Joël dans un état végétatif alors qu’il a toujours vécu à plus de cent à l’heure », nous confiait Josiane Glinne, sa compagne depuis 33 ans.
Depuis des années, cet homme robuste comme un chêne centenaire connaissait de gros soucis de santé. Diabétique, il avait été amputé d’un pied. Il avait aussi survécu à cinq AVC. Récemment, ce sont des problèmes cardiaques, de l’eau dans les poumons et une infection au coronavirus qui l’avaient affaibli.
Un sportif hors normes
Dans le monde de la moto tout-terrain, la disparition de Joël Robert suscite une vive émotion. Il faut dire que notre compatriote avait marqué la discipline de son immense talent et de son caractère parfois… difficile.
Ce Wallon pur jus n’était pas un sportif comme les autres. Extrêmement doué sur une moto, cette force de la nature pouvait se permettre de cumuler les compétitions et les frasques d’après course sans altérer sa réussite.
Ceux qui l’ont connu dans les années soixante et septante, quand il étouffait ses rivaux de son talent peuvent étaler des anecdotes sur Joël jusqu’au bout de la nuit.
« Quand j’entends mon père raconter toutes les bêtises que Joël a commises durant sa carrière, j’ai du mal à comprendre qu’il soit devenu six fois champion du monde de motocross », nous racontait un jour Stefan Everts, le fils d’Harry. « Et pourtant, Joël parvenait à mener une vie de bâton de chaise tout en réalisant des exploits sportifs hors du commun. »
La preuve par ses six titres mondiaux et les 50 victoires remportées en Grand Prix. Des records qui tiendront trente ans avant que Stefan Everts les raie des tablettes.
Tendre et bourru
Joël Robert était un personnage romanesque qui n’avait jamais assimilé le ton politiquement correct qui sied si bien aux sportifs actuels. Son opinion tombait comme un couperet. Elle pouvait blesser d’autant qu’elle était le fruit d’une analyse pertinente, étayée par les arguments d’un homme d’une intelligence largement au-dessus de la moyenne. C’était l’un des nombreux traits de caractère de Joël : derrière les manières un peu rustres et son langage souvent fleuri, au-delà de la carapace qu’il s’était construite, il y avait un monsieur d’une gentillesse, d’une générosité et d’une sensibilité exceptionnelles. Mais Joël Robert, à force de ne pas se soumettre aux compromis de la vie en société, avait aussi des allures de dictateur. Les nombreux collaborateurs qu’il a entraînés dans son sillage pour organiser la Chinelle (un enduro dont le concept attire des milliers de spectateurs depuis plus de quarante ans dans la région de Franchimont-Philippeville) peuvent en témoigner.
La disparition de Joël Robert laisse un grand vide. C’est une page de l’histoire de la Belgique de papa qui se tourne ; le héros de milliers de compatriotes qui s’en va.
Mais il nous reste une multitude de souvenirs très forts. Ceux de ce petit Wallon trapu et surdoué, issu d’un milieu modeste, qui a régulièrement côtoyé des membres de notre famille royale, des vedettes d’Hollywood (il était devenu l’ami de Steve McQueen), des capitaines d’industrie et qui n’étalait jamais ses exploits au grand public. Entre une soirée mondaine et une bière au zinc d’un troquet de village, Joël n’hésitait pas un quart de seconde.
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Au revoir l’artiste.