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L’affaire des allocations fait tomber le Premier ministre néerlandais

La démission de Mark Rutte et de son gouvernement fait suite à la « toeslagenaffaire » (l’affaire dite des allocations), qui a fragilisé la majorité. Que s’est-il passé ? Récapitulatif.

Temps de lecture: 4 min

Le Premier ministre néerlandais Mark Rutte a confirmé lors d’une conférence de presse vendredi après-midi la démission de son gouvernement. Celle-ci fait suite à l’affaire dite des allocations (« toeslagenaffaire »), qui a fragilisé la majorité. Selon le service d’information du gouvernement (Rijksvoorlichtingsdienst), le roi Willem-Alexander a pris acte de la démission et a demandé au gouvernement de continuer à prendre les décisions jugées nécessaires dans l’intérêt du pays.

« L’État de droit doit protéger ses citoyens d’un gouvernement tout puissant. Cela a échoué de manière épouvantable », a déclaré Mark Rutte, alors que son gouvernement tombe à cause d’un scandale de l’administration fiscale, qui avait accusé à tort des milliers de parents de fraude aux allocations familiales.

Qu’est-ce que la « toeslagenaffaire »

Selon le rapport d’une commission d’enquête parlementaire publié en décembre, entre 2013 et 2019 au moins, des fonctionnaires ont mis fin aux allocations de ces familles, avant de les contraindre à restituer de façon rétroactive celles perçues sur plusieurs années, soit dans certains cas des dizaines de milliers d’euros.

Une partie des parents concernés a par la suite été victime d’importants problèmes financiers. Nombre des familles touchées ont en outre fait l’objet d’un profilage ethnique sur la base de leur double nationalité.

La commission d’enquête parlementaire a qualifié l’affaire « d’injustice sans précédent » et estimé que des « principes fondamentaux de l’État de droit ont été violés ».

Pas de conséquence pour les victimes du scandale

Lors d’une conférence de presse, le Premier ministre néerlandais a déploré que des « personnes innocentes ont été criminalisées » de la sorte, « leurs vies ont été détruites et le Parlement en a été informé de manière injuste et incomplète ».

« Le rapport de la commission d’enquête parlementaire est dur mais juste. Des erreurs ont été commises à tous les niveaux, dans tout le système politico-administratif et juridique, qui ont entraîné une grande injustice pour des milliers de parents », a insisté le Premier ministre.

Assumant la responsabilité politique de ces dysfonctionnements, M. Rutte a annoncé par téléphone et par courrier au roi Willem-Alexander la démission de son gouvernement. Le Premier ministre devait encore se rendre au Palais pour s’expliquer davantage. « Nous sommes tous d’accord : lorsque tout le système échoue, seule une responsabilité commune peut être endossée », a souligné le Premier ministre démissionnaire en conférence de presse.

Il a ajouté que la chute du gouvernement n’aurait pas de conséquence pour les victimes de ce scandale. Pour lui, deux priorités se dessinent pour le gouvernement démissionnaire : « le coronavirus et le règlement de ce terrible problème ». En décembre, le gouvernement avait décidé d’une compensation rapide à hauteur de 30.000 euros pour les parents dupés. Les victimes qui ont subi des répercussions plus importantes devraient recevoir davantage. « Nous allons tout faire pour mettre cela en place rapidement », a promis M. Rutte.

Et maintenant ?

Le souverain néerlandais a pris acte de la démission et a demandé au gouvernement de continuer à prendre toutes les décisions jugées nécessaires pour l’intérêt du pays. Mark Rutte a assuré que son cabinet démissionnaire ferait tout ce qu’il faudrait dans l’intérêt des Pays-Bas, confrontés à l’épidémie de coronavirus. « Notre travail continuera à être consacré à (la lutte contre le) coronavirus et à faire face aux conséquences économiques et sociales avec toutes les mesures de soutien annoncées », a-t-il dit.

Le chef du gouvernement a annoncé que le système des allocations allait être revu pour éviter ce genre de scandale à l’avenir.

Le Premier ministre démissionnaire s’est aussi engagé à davantage de transparence. Les documents sur lesquels se base le gouvernement pour prendre des décisions seront dorénavant publiés. Une liste des décisions prises après chaque conseil des ministres sera aussi rendue publique.

Des élections législatives sont prévues le 17 mars, des élections anticipées ne seront donc pas convoquées. Mark Rutte a confirmé son intention de se représenter, en tant que chef de son parti, le libéral VVD.

À lire aussi Pays-Bas: l’affaire des allocations aura eu raison de Rutte

 

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7 Commentaires

  • Posté par Joute Dodo, vendredi 15 janvier 2021, 19:02

    C'est bien dommage de recopier des informations fausses de la presse française. C'est trop fréquent que des informations erronées sont publiées par le Soir. Il ne s'agit pas d'allocations familiales (qui sont encore plus basses en Hollande qu'en Belgique). Il s'agit du système destiné à subsidier les parents qui travaillent pour la garde de leurs enfants de 0 à 12 ans. Car en Hollande, les crèches ne sont que privées et ils paient plus de 1.000 euro par mois pour un bébé. Et il n'y a pas de garderie à l'école. La garde des enfants jusque 12 ans avant et après les cours est privé et il faut payer cela aussi. Les parents bénéficient de subsides pour pouvoir payer ces frais et ce système a grippé pour certains parents, les jetant dans la misère. A l'heure actuelle, les parents victimes n'ont toujours pas été indemnisés, ni des sommes auxquelles ils avaient droit et qu'ils n'ont pas reçues, et pas non plus pour le préjudice. Et c'est à juste titre un scandale.

  • Posté par Dupont Vincienne, vendredi 15 janvier 2021, 18:50

    Un premier ministre très digne et ayant accompli un excellent travail. Les Belges devraient s'en inspirer, eux qui ne connaissent même pas le mot démission. J'espère qu'on vous reverra sur l'échiquier politique, M. Rutte.

  • Posté par Joute Dodo, vendredi 15 janvier 2021, 19:08

    Ouais! Il y avait quand même des élections prévues dans 2 mois. Le gouvernement démissionne 2 mois avant son terme et continuera en affaires courantes jusqu'aux élections. C'est symbolique. La cause de la démission est une administration incapable de remettre son propre fonctionnement en cause et d'indemniser ses propres victimes. Faut pas crier hourra trop tôt.

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