Accord interprofessionnel: les négociations rompues avant d’avoir commencé
Les syndicats n’entameront pas les discussions autour des hausses de salaires pour 2021 et 2022. La marge de 0,4 % est jugée trop faible. Le banc patronal le déplore.


On savait que l’exercice serait périlleux. Les syndicats ont estimé qu’il était impossible à mener. Ce mardi, les instances de la FGTB, de la CSC et de la CGSLB ont estimé que la norme salariale fixée par le Conseil central de l’économie (CCE) la semaine passée était trop faible pour entamer les négociations de l’Accord interprofessionnel (AIP). Pour rappel, cette marge fixe le plafond des augmentations salariales pour les deux années à venir. En 2019, il était de 1,1 %.
Après avoir consulté leurs instances, les dirigeants des trois syndicats ont dû constater que celles-ci refusaient de les mandater pour négocier une marge salariale jugée beaucoup trop faible. Le front commun avait prévu de l’annoncer ce mercredi en conférence de presse mais la rupture unilatérale des négociations non entamées a fuité.
Cet échec était certes prévisible. Avant même la publication du chiffre de 0,4 % par le CCE, jeudi passé, les syndicats avaient expliqué combien il serait difficile d’établir une norme salariale pouvant convenir à l’ensemble des salariés. D’abord, parce que la situation des salaires chez nos voisins, base principale pour fixer cette marge, est faussée par la nature des aides différentes mises en place dans chacun de ces pays à l’occasion de la crise sanitaire. Ensuite, parce que la santé économique des différents secteurs belges variait, selon qu’ils étaient restés à l’arrêt ou avaient continué à fonctionner durant le confinement. Une fois la balise connue, le front commun avait réclamé qu’elle n’ait qu’une valeur indicative. En vain.
« Incompréhensible et irresponsable »
Dans un communiqué commun, les représentants des employeurs ont réagi. « Les déclarations des syndicats alléguant qu’ils quittent les négociations relatives à la conclusion d’un accord interprofessionnel parce que la marge salariale réelle (en sus des 2,8 % d’augmentation des salaires via l’indexation) est trop faible sont une gifle pour les entrepreneurs qui luttent actuellement pour la survie de leur entreprise et pour le maintien des emplois de leurs collaborateurs. Au cœur de la plus grande crise économique de tous les temps (-7 % du PIB !), cette attitude des syndicats est incompréhensible et irresponsable. » Ils y voient « une négation totale du modèle de concertation sociale belge. »
FEB, Boerenbond, Unizo et UCM invitent leurs interlocuteurs syndicaux à revenir à la table des négociations, afin que celles-ci commencent. « En cette période de grands bouleversements, entrepreneurs, travailleurs, demandeurs d’emploi, jeunes, pensionnés… attendent en effet du Groupe des dix qu’il apporte de la stabilité et résolve donc les problèmes par la voie du dialogue. »
Si le blocage subsiste, le dossier de l’AIP et de la marge salariale pourrait revenir sur la table du gouvernement, où s’assoient partisans et adversaires de cette loi sur la sauvegarde de la compétitivité réformée en 2017 par la majorité précédente. De social, le blocage pourrait devenir politique.
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Vouloir de plus grosses augmentations en ces temps de difficultés économiques, ce n'est pas raisonnable. Mais les syndicats s'en fichent totalement, car leur seul objectif est de mobiliser leurs troupes, pour continuer à en percevoir les cotisations.
D'accord mais dans ce cas là, on ne négocie pas parce qu'il n'y a rien a négocier. C'est risible. On dit au patronat, OK ce tour ci, vu les circonstances, vous remportez toute la mise... Au tour suivant on GARANTIT au syndicat une augmentation conséquente et non négociable de X% noir sur blanc.. C'est un deal ...mais ce n'est pas le genre de la FEB qui aime quand même souvent se faire plus malheureuse qu'elle ne l'est
en même temps, négocier sur une norme MAXIMALE de 0,4% (CA PEUT ETRE MOINS, BRUT, SUR 2 ANS) ou rien c'est pareil... Je ne suis pas très pro syndicat mais, sur ce coup là, le patronat en fait un peu trop je pense. C'est limite humiliant de négocier ce genre de miettes
Il est où le salaire minimum de 14 euros promis pour les métiers essentiels promis par les partis politiques Si certaines sociétés ont pas fait de bénéfice d'autres en ont fait beaucoup de nouveaux se sont les ouvriers qui vont payer
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