Un mal-être exprimé sur les réseaux sociaux

Sur Facebook, Twitter, les témoignages déferlent de toutes parts. Les étudiants tirent la sonnette d’alarme depuis plusieurs semaines déjà. Ils souffrent. De l’isolement, du manque de contact social et de l’absence de perspective d’avenir. Largement sous-représentés dans les instances de décisions, les étudiants n’ont plus que les réseaux sociaux pour faire entendre leur voix. Maude (19 ans) : « Ne pas décrocher est un combat de tous les jours » Maude est excédée. Excédée par les commentaires d’adultes sous les articles de presse qui considèrent « enfin » la souffrance des jeunes. Excédée de voir sa souffrance comparée à celle des contemporains de la Seconde Guerre mondiale. L’étudiante en psychologie s’est saisie de son clavier pour évoquer son trop-plein. « On se retrouve seul en permanence devant un ordinateur et en plus de ça, on doit fournir du travail à côté avec la pression d’un blocus mi-présentiel, mi-distanciel. On n’en a rien à faire de notre petite sœur qui a pleuré durant notre examen dans notre appartement où on est 9 enfants. » Maude regrette de ne pouvoir vivre les années qu’on lui promettait être les plus belles de son existence. « Voilà deux ans que je suis à l’université et je n’ai toujours pas une seule bonne amie ou ami avec qui je peux partager mon état mental. Cela va faire presque un an que je n’ai pas été en cours. Ne pas décrocher est un combat de tous les jours. » Thomas (23 ans) : « Comment s’imaginer un avenir alors qu’il est incertain ? » Thomas revenait d’Australie lorsque le premier confinement a pointé le bout de son nez. Parti après avoir mis de côté des études de communication, il est sorti grandi et plus motivé que jamais de ce périple. Du moins jusqu’à ce que les angoisses viennent l’envahir. « Mon sentiment de bien-être s’est arrêté du jour au lendemain. J’ai vécu un premier confinement horrible. Je passais mon temps à regarder les chiffres de l’épidémie. Je vérifiais sans cesse ma saturation et ma température. » En septembre, il décide tout de même de se réorienter vers des études d’instituteur primaire. « Retourner en cours représentait une véritable épreuve. Mon état se dégradait avec l’évolution de la situation sanitaire. On continuait à avoir certains cours et les stages en présentiel. Alors que moi, tout ce que je voulais c’était être chez moi et ne prendre aucun risque. » Mais le passage au tout distanciel n’y change rien. « Je me retrouve désormais prisonnier des mêmes journées. Je n’ai plus aucun plaisir à apprendre. J’ai voulu arrêter 20.000 fois mes études. J’ai quand même essayé le blocus, et je l’ai passé à paniquer, stresser, faire des crises d’angoisses, avoir peur de mourir, de rater ma vie. » L’étudiant de 23 ans se questionne : « Comment s’imaginer un avenir alors qu’il est incertain ? J’ai souvent eu cette sensation d’être incompris. Que mon problème était minime et ça m’a poussé petit à petit dans une forte dépression. J’ai donc commencé une psychothérapie, alors que je pensais qu’en revenant de la plus belle expérience de ma vie, je serais le plus heureux du monde. »

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