Le psy: «La méditation ne peut pas servir de bonne à tout faire»

Jean-Marie Gauthier, professeur émérite de psychologie de l’enfant et de l’adolescent à l’ULg, tient à tempérer l’enthousiasme que suscite la pleine conscience pour les enfants. Que pensez-vous des cours de méditation à l’école ? Ce n’est pas une mauvaise chose. Cela peut avoir des effets positifs, comme permettre aux enfants de mieux se concentrer. Mais je tiens à apporter quelques nuances. D’abord, il est intéressant que les enfants s’expriment sur ce qui se passe à l’école et, dans ce cadre-là, la méditation ne va pas résoudre tous les problèmes qui se déroulent au sein des établissements. Si on espère apaiser tous les conflits par la méditation, on fait fausse route. Il faut les traiter pour ce qu’ils sont. Ensuite, il n’est pas certains que ces cours pourraient être appliqués à toutes les écoles, ce qui pourrait accentuer les inégalités. Enfin, il faut que les enfants disposent de suffisamment de sécurité interne pour s’adonner à la méditation. On part de l’idée que les enfants disposent d’un espace intérieur suffisamment riche pour parvenir à l’observer. Or, cette capacité n’est pas démontrée, d’autant que, chez l’enfant, cela doit se construire. Idéalement, cela devrait s’accompagner d’expression et de confrontation d’idées avec les adultes. Vous semblez donc dubitatif… Cela dépend de ce qu’on en espère. Si on ne propose que de la méditation, cela me paraît faire figure d’ectoplasme. Si on donne la possibilité à l’enfant de s’exprimer et de reconnaître ses émotions, alors, c’est plus intéressant. La méditation à l’école, dans les conditions que vous exposez, devrait être généralisée ? Je crains que la méditation puisse servir de bonne à tout faire. Puis, je suis contre les mesures s’appliquant à tous les élèves. Pour certains établissements accueillent des étrangers, des réfugiés, des élèves issus de milieux défavorisés, les moyens financiers devraient être plutôt consacrés à rencontrer les parents et à aider les enfants à bien s’exprimer, avec une approche correcte de la langue française. L’école essaie toujours de réformer les programmes, les durées d’enseignement, etc., sans prendre à bras-le-corps la diversité des élèves ; ce qui me semble une grosse erreur.

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