La méditation pour gérer le stress des enfants

Chez les adultes, ça fait belle lurette que la méditation a le vent en poupe. Dans un monde toujours plus pressé, exigeant, voire tyrannique, il est logique d’être en demande de moments de pause et d’intériorité. Mais voilà que ce sont les enfants, aujourd’hui, qui font l’expérience de la pleine conscience, cette philosophie/méthode héritée du bouddhisme puis adaptée de manière plus laïque et scientifique par Jon Kabat-Zinn. La thérapeute hollandaise Elise Snel a eu la bonne idée d’ajuster ses enseignements pour le jeune public, testant d’abord le protocole avec ses enfants, avant de le propager dans les écoles. Aujourd’hui, son livre Calme et attentif comme une grenouille fait un tabac. [scald=896519:sdl_editor_representation] Consacré à la pleine conscience pour les enfants de 5 à 12 ans, son livre-CD a été publié dans 27 pays et s’est vendu à plus de 200.000 exemplaires dans le monde. En Belgique, les parents se l’arrachent et il sert désormais de base à des formations dispensées dans les écoles. Celles-ci sont demandeuses d’outils pour aider les élèves qui souffrent de difficultés de concentration, qui ont des problèmes de sommeil ou qui peinent à se détendre et à ne rien faire. On le sait, les enfants baignent dans un monde saturé de bruits, d’images, de sollicitations. L’école, la société : on attend tellement d’eux que leur esprit déborde et les stimulations sont incessantes. Comment leur apprendre à ralentir, à se calmer, à s’écouter, à faire confiance à leurs qualités ? La pleine conscience apporte certaines réponses, transmises dans les écoles par des associations comme Happy Attention ou Graines d’Emergence. Au son d’une cloche tibétaine Nous avons assisté à l’une de ces séances de formation à l’Ecole communale du Chenois, à Waterloo, dans la classe de 3e primaire de Cynthia Godard. Assis en rond sur des coussins, les enfants ferment les yeux, au son d’une cloche tibétaine, l’attention exclusivement focalisée sur le fil de ce tintement languissant. Suivent toutes sortes d’exercices ludiques pour être à l’écoute de son corps, tel un explorateur des sensations intérieures. [scald=896549:sdl_editor_representation] « On fait par exemple l’exercice du papillon, que l’on imagine se poser sur différentes parties du corps, de la tête aux pieds, précise Catherine Lannoy, formatrice de Happy Attention. On peut aussi s’exercer à dominer le stress : les enfants dessinent sur un bonhomme l’endroit où se loge le stress, puis on affiche le “bonhomme à scraboutchas” dans la classe. Et là, les enfants se rendent compte que les émotions se vivent aussi dans le corps. » Les enfants travaillent ensuite sur les pensées, visualisant la tête comme une usine à pensées avant de descendre mentalement vers le ventre pour respirer profondément. Cette respiration, ils apprennent qu’elle les accompagne toujours et qu’elle est bien utile pour se recentrer, pour se calmer, pour évacuer les pensées contrariantes. Ils s’entraînent aussi à ne pas s’accrocher à une pensée mais à la laisser passer, comme on laisse passer une feuille dans le courant de la rivière. Ou, au contraire, à inviter des pensées positives, celles qui font du bien. Bienveillance envers soi et les autres Formés en huit semaines, les enseignants disposent ensuite d’une boîte à outils dans laquelle puiser ce qui fonctionne avec leurs élèves, en termes d’attention, de concentration mais aussi de bienveillance envers soi et les autres. Cynthia Godard est enchantée des bienfaits déjà visibles dans sa classe. « Les enfants ont tellement accroché que ce sont souvent eux qui me réclament les exercices, s’enthousiasme-t-elle. C’est très agréable d’avoir des petits trucs pour capter leur attention ou les calmer. Ce matin, quelques élèves étaient un peu endormis. Alors on a fait l’exercice du pharaon : on va chercher l’énergie derrière les nuages en levant les bras vers le ciel, puis on la ramène sur son cœur et on la redistribue à tout le monde. » [scald=896520:sdl_editor_representation] Après les récrés ou les temps de midi, quand les élèves sont plus dissipés, les exercices permettent de se recentrer. Dans sa pratique quotidienne, l’institutrice observe que ça facilite les apprentissages. « Je les encourage aussi à la bienveillance, à se dire merci. On a tellement besoin de recevoir des encouragements, des pensées positives ! » Apaisés après les attentats Partout où la pleine conscience se propage, les retours sont palpables. « Les parents nous disent notamment qu’ils remarquent une meilleure qualité du sommeil, précise Catherine Lannoy. Certains enfants, forcément perturbés depuis les attentats, semblent plus apaisés. » Les ateliers de pleine conscience à l’usage des enfants connaissent un boom incontestable, dans les écoles notamment où les conditions de travail sont de plus en plus difficiles. « Mais attention : il ne faut pas que ça devienne une forme de marketing du bien-être. Il faut une vraie formation ! Trois week-ends avec Elise Snel, ça ne suffit pas pour se lancer. Pas question de jouer aux apprentis sorciers. Et il faut une vraie expérience du monde enseignant. On ne débarque pas à l’école comme on débarque dans le monde de l’entreprise. »

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