Dimitri Lavalée revient sur son départ du Standard: «Je n’ai aucun poids sur l’estomac»

S’il provient de Soumagne, à un peu plus de 50 kilomètres de Saint-Trond, Dimitri Lavalée (24 ans) va s’installer au cœur du Limbourg, pour être au plus près du club qu’il vient de rejoindre sur base d’un prêt sans option d’achat. Comment avez-vous atterri à Saint-Trond ? Le plus naturellement du monde. Le directeur sportif du club limbourgeois, André Pinto, a contacté mon agent, Michel Thiry, et on a discuté. J’étais très positif à cette idée-là, sachant que Saint-Trond est un bon club, que je connais quelques joueurs que Peter Maes est un coach qui, en Belgique, a obtenu de bons résultats. C’était une priorité de quitter Mayence ? Pas du tout, ce n’était pas l’idée première, ni le but. Mais quand Saint-Trond est venu, c’est devenu une évidence. Parce que les Trudonnaires ont montré leur envie, parce que le coach m’a convaincu et parce que c’est une bonne équipe qui n’est pas à sa place au classement. Vous aviez d’autres possibilités ? Le Sparta Prague notamment ? Exact. Le Sparta Prague, qui avait déjà contacté mon agent à la mi-décembre, mais aussi un club turc et un club polonais. Mais quand Saint-Trond est venu aux nouvelles, je n’ai pas hésité une seule seconde. C’est un club contre qui j’ai joué pas mal d’années en jeunes et c’est près de chez moi. Tous les paramètres me poussaient ici. Un prêt de six mois sans option, cela veut dire que vous avez encore un avenir à Mayence ? Tout à fait. À la fin des cinq mois passés ici, je rentrerai en Allemagne. Êtes-vous d’accord pour dire que Mayence vous a recruté sur base de votre tout premier match que vous disputez en octobre 2919 à Francfort en Europa League ? On va dire que c’est ce match-là qui les a mis en alerte. Fatalement, quand on joue contre une équipe de Bundesliga, les autres clubs allemands regardent. Ensuite, ils ont continué à me suivre, contre Malines puis lors des quelques matches que j’ai enchaînés. Disons que Francfort a été le déclencheur de la découverte et les autres matches ont servi de confirmation. Les circonstances étaient réunies, puisque j’étais libre. On appelle ça le destin. [scald=27896058:sdl_editor_representation] Peut-on dire que le Standard a commis une erreur en vous laissant jouer ce match aux yeux de l’Europe entière sans que vous ayez resigné ? Oui, non, ça dépend de quel côté on se place. J’ai profité des absences de certains joueurs (NDLR : Vanheusden notamment) sans quoi je n’aurais sans doute pas disputé ce match à Francfort. Quel était le projet pour vous à Mayence ? J’ai été engagé parce que j’étais un joueur simple, sérieux, qui sait allier jeu agressif et jeu propre, et qui ne fait ni bavure ni grand spectacle. Un peu à l’allemande, avec de la rigueur et de la discipline, avec ses règles strictes et claires aussi. J’avais démontré mes qualités dans les matches disputés avec le Standard. Je ne vais pas dribbler mais défendre avec application, détermination et agressivité quand il le faut. Comment caractérisez-vous vos six mois passés en Allemagne ? Cela a commencé positivement. Pendant la préparation, j’ai débuté pas mal de matches, j’ai eu du temps de jeu et ça s’annonçait bien. J’avais une bonne relation avec le coach qui, après deux matches, est parti. La donne a complètement changé. Son adjoint, qui a repris l’équipe, a fait confiance aux joueurs qu’il connaissait bien, les Allemands, et c’est devenu plus compliqué. Mais j’ai continué à travailler, à donner le meilleur de moi aux entraînements, pour le faire changer d’avis et pour moi tout simplement. Ça me servira pour le futur. Vous vous êtes posé des questions ? Oui et c’est normal quand la situation est un peu plus compliquée, mais je n’ai jamais remis ce transfert à Mayence en question. À refaire, je referai ce choix qui a été mûrement réfléchi et que j’ai fait en mon âme et conscience, à 200 %. J’ai passé 16 ans au Standard, j’y ai effectué toutes mes classes et c’est là que j’ai obtenu mon premier contrat. Si l’idée de partir m’est venue, c’est qu’il y a eu des raisons que je garderai pour moi. Je n’ai pas envie d’en débattre et de revenir là-dessus, c’est de l’histoire ancienne. Mayence est arrivé avec un discours positif qui m’a plu et j’ai tranché. Vous n’avez pas joué un seul match officiel à Mayence. Peut-on parler de dix mois perdus ? Dans toute situation, positive ou négative, il y a des leçons à tirer. Moi, je ne prends pas ça comme un échec. Mieux, ça va m’aider à grandir. Je pars du principe que le destin est tracé et que l’histoire est écrite. C’est que ça devait se passer comme ça… En janvier 2020, lors du stage hivernal organisé à Marbella, vous parliez de votre envie de devenir titulaire au Standard. Mais vous saviez que vous ne resteriez pas à Liège… Pas du tout. J’ai toujours été honnête, même si certains peuvent en douter. Chacun a le droit de penser ce qu’il veut, c’est la liberté d’expression, mais je n’ai jamais caché ce transfert, qui a été officialisé le 20 janvier. Je suis toujours resté moi-même. Quand votre décision de rallier Mayence a-t-elle été prise ? Quelques jours après le retour de stage, lorsque mon agent m’a parlé plus concrètement de cette possibilité et qu’on s’est rencontré avec les gens de Mayence. Ma décision a été réellement prise à ce moment-là, lors de cette rencontre. À partir de là, le transfert a été rapidement officialisé parce que je ne voulais pas rentrer dans un secret d’État et cacher au Standard que je partais. Ma décision était prise, je voulais l’assumer. [scald=27896057:sdl_editor_representation] Dans votre esprit, il n’avait jamais été question de resigner au Standard ? Il a toujours été question de resigner au Standard. Le Standard a toujours été mon club, j’ai grandi là-bas. Donc, il était impensable de fermer la porte. Mais voilà, des événements ont eu lieu qui ont fait que cela a peut-être trop tardé, que ça a peut-être joué en défaveur du Standard et que cela m’a permis d’être au courant d’autres intérêts. Et donc de penser autrement. Traduction : le Standard a trop tardé avant de vous proposer un nouveau contrat… Je l’ai dit, il y a des choses qui se sont passées que je garde pour moi. En réalité, peu de gens savent, sauf les personnes qui étaient présentes lors des négociations, à savoir la direction du Standard, mon agent et moi-même. Ce cercle restreint est au courant de toutes les étapes. Si la direction du Standard veut en parler, qu’elle le fasse ! Mais pour moi, cela restera secret. Je n’ai aucune envie de revenir là-dessus, c’est de l’histoire ancienne. Avez-vous le sentiment d’être passé pour le mauvais et si oui, cela vous a-t-il affecté ? Ce n’est pas que ça m’a affecté, parce que j’ai reçu quelques messages d’encouragement de supporters liégeois, qui me comprenaient. D’autres m’ont décrié et insulté parce qu’ils assimilaient mon départ à un manque de respect. Peut-être ceux-là ont-ils été influencés par les propos que Michel Preud’homme et certains membres de la direction ont formulés à l’époque. Peut importe. Au final, je sais ce qui s’est passé, et eux aussi savent pourquoi je n’ai pas resigné. Chacun est libre de penser ce qu’il veut. N’aurait-il pas été plus simple de livrer votre vérité au moment où la direction du Standard estimait avoir été « menée en bateau », pour reprendre ses mots ? Non. Je n’ai aucun poids sur l’estomac. Je me porte bien, j’ai la conscience tranquille et je n’ai pas envie de rentrer dans une guéguerre inutile au cours de laquelle on se renverrait sans cesse la balle. Je le répète, c’est du passé et je préfère me concentrer sur Saint-Trond. Après l’officialisation de votre transfert, vous n’avez plus jamais joué. Vous l’aviez imaginé ? Disons que je savais qu’en faisant ce choix, ça pouvait arriver. D’autres personnes auraient peut-être continué à me faire jouer, mais je n’en veux à personne. Saint-Trond a battu deux fois le Standard cette saison et vous ne rencontrerez donc pas votre ancien club. Comment auriez-vous abordé ce match ? L’émotion aurait été présente mais j’aurais essayé de la gérer et la canaliser le mieux possible pour donner le meilleur de moi. En 2020, pour les raisons que l’on sait, vous n’avez pas joué, ni au Standard ni à Mayence. Avez-vous des regrets ? Non, aucun regret. Je pars du principe que tous les choix que j’ai faits sont les bons, même si j’avais certes espéré que certains événements prennent une autre tournure. Comme lorsque je me suis retrouvé à Maastricht. Je venais d’enchaîner deux saisons en U21 au Standard et je ne pense pas que j’aurais reçu ma chance en équipe première. M’aguerrir en D2 néerlandaise, dans un championnat professionnel, c’était le meilleur choix, parce que je suis revenu plus grand, plus mûr et avec plus d’expérience. Ce qui n’a pas empêché de vous retrouver sur le banc ou en tribune pendant les trois premiers mois… C’était compliqué. J’avais eu une discussion avec Michel Preud’homme en début de saison, à l’issue de laquelle j’avais pris la décision de rester alors que j’avais des offres en Belgique, de Charleroi notamment, et à l’étranger, en D1 néerlandaise. Je m’étais mis dans un coin de la tête qu’il était possible que je ne joue pas, j’avais pris toutes les options en compte, mais j’avais décidé de rester. Quel avait été le discours de Preud’homme ? Il m’avait dit qu’il comptait sur moi et qu’en cas de départ de Kosanovic, il ne prendrait pas de remplaçant, que ce serait moi qui prendrais la place du Serbe dans une certaine rotation. Et Kosanovic est effectivement parti, mais Noë Dussenne est arrivé ensuite et en Coupe contre Lommel, Preud’homme a même fait redescendre Bokadi en défense centrale. Ce jour-là, j’ai vécu une déception parce que je pensais être présent au vu de son discours du début de saison. Mais c’était son choix et je l’ai respecté. La preuve, Le lendemain, j’ai repris l’entraînement comme si de rien n’était, en continuant à travailler pour moi. J’ai mordu sur ma chique et je suis resté positif, comme je l’ai toujours été. Trouvez-vous, à l’arrivée, que le Standard a très mal géré votre cas ? C’est possible.

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