Michel-Ange Balikwisha veut prendre du plaisir au Standard

Ceux qui pensaient que l’arrivée de Mbaye Leye au poste d’entraîneur principal et le retour en grâce de Mehdi Carcela rejetteraient Michel-Ange Balikwisha dans l’ombre en sont pour leurs frais. À 19 ans, l’ailier bruxellois lancé par Philippe Montanier poursuit son petit bonhomme de chemin. Discrètement, proprement, sans faire de bruit, comme s’il faisait partie des meubles depuis longtemps. « Ce qui me surprend, ce n’est pas son niveau mais la maturité qu’il a acquise depuis le début de saison », glisse d’entrée Réginal Goreux, le directeur du projet Élite du centre de formation du Standard. « Je pensais que cela prendrait un peu plus de temps… » Garçon intelligent, « Mickey », comme tout le monde l’appelle, a tout pour plaire. Ailier racé, léger, presque aérien, il a toujours séduit, depuis son arrivée à Sclessin à l’été 2014 en provenance d’Anderlecht, par son volume de travail, étant capable d’enchaîner les courses, y compris à haute intensité, avec une facilité déconcertante. Mais aussi par son impact dans les duels, sa facilité à se projeter vers l’avant, comme il l’a encore montré dimanche sur le but du 2-1 inscrit face à Charleroi, et l’art de pouvoir conserver le ballon. C’est déjà beaucoup pour un garçon qui, dès l’âge de 12 ans, avait été ardemment courtisé par Chelsea et que Jean Kindermans, le responsable de l’école des jeunes anderlechtoise, appelait « le boss » lorsqu’il évoluait à Neerpede. Mais depuis que Philippe Montanier l’a invité à effectuer ses grands débuts sous le maillot du Standard, le 17 septembre 2020 contre Bala Town, au 2e tour préliminaire de l’Europa League, le Bruxellois a ajouté une corde essentielle à son arc : l’efficacité qui jusque-là lui faisait cruellement défaut. « C’est tout ce qu’on lui reprochait lorsqu’il jouait chez les Espoirs », explique Réginal Goreux. « Il ne marquait pas suffisamment. On comptait plus sur lui en perte de balle, où il était plus présent, qu’en possession de balle. Mais il a gommé tout ça… » [scald=27897456:sdl_editor_representation] Au point de présenter des statistiques intéressantes, avec 5 buts inscrits et 4 assists délivrés (dont 2 sur la scène européenne) depuis le début de saison. Cela commence à compter. Et ce n’est pas un hasard si, après Philippe Montanier qui l’avait utilisé à plusieurs reprises dans une position de faux numéro 9 qui lui convenait moins, Mbaye Leye a décidé de lui faire confiance sur le flanc droit. « Il fait partie de ces jeunes très fiables, ce qui est une qualité très importante dans le football », souligne le T1 des Rouches. « Il est discipliné, il possède une certaine intelligence de jeu, dans le replacement notamment, et il n’est pas avare de ses efforts. Bref, il fait le boulot. Depuis que Mickey est ici, il ne m’a jamais déçu et, durant les six premiers mois de la saison, il a toujours répondu présent, comme tous les jeunes d’ailleurs. Son frère William, qui travaille pour suivre la même route, avait jadis reçu sa chance (NDLR : en septembre 2018, lors d’un match de Coupe de Belgique perdu contre Knokke) sans pouvoir vraiment la saisir. Cela a sans doute aidé Mickey à pointer les erreurs à ne pas commettre… » S’il doit encore s’endurcir pour répondre au mieux aux exigences d’un football belge très athlétique, Michel-Ange Balikwisha est sans conteste la belle découverte liégeoise de la saison, même si, plus souvent qu’à leur tour, Hugo Siquet, Damjan Pavlovic et Abdoul Fessal Tapsoba ont eux aussi pointé le bout du nez à la satisfaction générale. Au point d’avoir disputé jusqu’ici 17 des 23 matches disputés par le Standard, pour un total de 10 titularisations. C’est dire si l’ailier belgo-congolais a pris une place importante au sein de l’effectif liégeois, même s’il sait que l’enchaînement des matches et le profil de certains adversaires auront pour conséquence de le renvoyer tôt ou tard sur le banc. « Les matches à huis clos pour cause de crise sanitaire ont sans doute permis à Mickey de pouvoir se montrer sans ressentir la pression populaire, dont on sait qu’elle est importante à Sclessin, et donc d’évoluer avec moins de stress », explique Réginal Goreux. « Cela a probablement été un avantage. Mais je me réjouis de le voir à l’œuvre lorsque le public sera revenu, parce que je suis persuadé que la présence des supporters va le transcender et lui permettre d’acquérir un véritable esprit de compétiteur. Il est capable de se faire mal, mais il possède les qualités pour le faire plus encore. » C’est qu’à 19 ans, Michel-Ange Balikwisha n’est pas encore au bout de son développement. Ceux qui le connaissent savent qu’il peut bien mieux encore que ce qu’il a montré jusqu’ici. « Il n’est qu’à 60 ou 70 % de ses moyens », indique Papi Mputu, qui gère ses intérêts depuis dix ans. « Il sera à 100 % lorsqu’il aura travaillé son physique et donc pris du muscle, mais aussi lorsqu’il se fera plaisir sur le terrain, ce qu’il ne fait pas encore. Ici, il joue pour l’équipe, en veillant à respecter scrupuleusement les consignes pour grappiller un maximum de temps de jeu et conserver sa place. » Réginal Goreux opine du bonnet. Pour lui aussi, Balikwisha sera plus fort encore lorsqu’il se pourra complètement se lâcher. « La trajectoire de Junior Edmilson pourrait l’inspirer », dit le directeur du Projet Élite du SL16 Football Campus. « Junior avait connu une première saison faite de hauts et de bas avant de laisser parler sa créativité et sa spontanéité et, donc, d’exploser durant les Playoffs 1 en 2018, ce qui lui avait valu son transfert à Al-Duhail. Plus Mickey prendra du plaisir, plus haut il ira… »

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