La majorité des étudiants du supérieur souhaitent une reprise des cours en présentiel

Après une semaine « blanche », les étudiants du supérieur reprennent doucement le chemin des cours. Non pas des auditoires comme à l’accoutumée, mais bien de leur chambre ou de leur bureau pour les plus chanceux. Alors que nouveau quadrimestre rime avec nouveaux cours, enseignants et élèves feront connaissance par écran interposé. Du moins pour ceux qui ont encore le courage d’activer leur caméra. Car après pratiquement onze mois de cours à distance, les étudiants sont en perte de sens. Plus démotivés que jamais. Si les acteurs de terrain le clament depuis plusieurs semaines, une enquête vient désormais confirmer ce constat. [scald=27903272:sdl_editor_representation] Ils seraient en effet 65,5 % à ne pas être motivés par ce deuxième quadrimestre, selon une enquête réalisée par la Fédération des étudiants de l’Université de Liège (Fédé). Seul un étudiant sur dix se dit tout à fait motivé pour la suite de son cursus. L’enquête de la Fédé a récolté plus de 3.000 réponses, soit 13 % des étudiants inscrits à l’ULiège, entre le 25 et le 28 janvier inclus. Parmi eux, on retrouve 69 % de répondants inscrits en bachelier pour 29 % de masters issus de toutes les facultés. Faveur au présentiel Le distanciel pourrait en partie expliquer l’absence de motivation des étudiants à reprendre les cours. Le sondage pointe un autre constat : la volonté, largement répandue, des étudiants de reprendre les cours en présentiel. Dans la situation sanitaire actuelle, 14,5 % des répondants se disent favorables à une reprise minimale ; près de 40 % souhaitent que la moitié des cours se donnent sur le campus, et 28 % vont jusqu’à privilégier une reprise totale des cours en présentiel. L’absence de contacts sociaux, l’isolement, le manque de motivation et la détérioration de la qualité de l’enseignement font partie des raisons avancées. Paradoxalement, lors d’une enquête réalisée par la Fédé en décembre dernier, 80 % des quelque 7.000 répondants favorisaient les examens à distance. « Au fur et à mesure du temps, la maladie se démystifie auprès de la population. C’est valable aussi pour les étudiants. Les inquiétudes sanitaires sont bien moins présentes qu’auparavant. A l’inverse du sentiment de solitude et de la difficulté à trouver un rythme qui ne font que croître, témoigne Magali Thonon, psychologue au service Qualité de vie des étudiants de l’ULiège. Le bon déroulement des examens en présentiel peut aussi jouer un rôle dans ces résultats. Sans compter l’incompréhension de pouvoir se rendre sur le campus pour passer ses examens, mais pas pour poursuivre ses apprentissages. » [scald=27903274:sdl_editor_representation] Pour autant, ces résultats ne doivent pas faire oublier les 17,5 % d’étudiants opposés au retour sur site. Le risque de contamination et l’arrivée des nouveaux variants demeurent une source d’inquiétude. « J’habite avec des personnes à risque, et je ne veux pas les mettre en danger en attrapant le virus aux cours ou sur le trajet pour m’y rendre », commente un étudiant de bachelier. Le président de la Fédération des étudiants, Christian Clerebaut, plaide pour un retour sur le campus à raison d’un à deux jours par semaine. « Cela permettrait aux étudiants de ne pas décrocher et d’interagir avec leurs pairs. Pour ceux qui ne souhaitent pas aller en cours car ils veulent minimiser les risques pour eux-mêmes et leur entourage, les cours en présentiel doivent également être podcastés. » 63 % impactés psychologiquement A la question « Estimes-tu que les mesures récentes ont un impact négatif sur ta condition psychologique (dépression, anxiété, stress) ? », environ 63 % des étudiants se disent « tout à fait d’accord » et 24 % « d’accord ». Des résultats qui corroborent ceux d’enquêtes précédentes. Une étude menée conjointement par l’UCLouvain et l’UAntwerpen pointait le niveau de détresse psychologique résultant des mesures sanitaires. Et ce principalement chez les jeunes de moins de 14 ans et de 15 à 24 ans. [scald=27903273:sdl_editor_representation] « Les étudiants sont à genoux, déplore Christian Clerebaut. Les sessions d’examens sont exténuantes, habituellement la semaine blanche permet de bénéficier d’une bulle d’oxygène en voyageant, en allant au cinéma, en allant au restaurant avec ses amis pour se ressourcer. Aujourd’hui, rien de tout cela n’est possible et les étudiants ont le moral dans les chaussettes. » Consciente de la détresse psychologique ressentie par les jeunes, la ministre de l’Enseignement supérieur, Valérie Glatigny, se dit favorable à un retour partiel des cours en présentiel. « La meilleure mesure, selon elle, pour améliorer l’état mental des jeunes. » Des discussions ont lieu avec les acteurs de l’enseignement supérieur (établissements et étudiants) et les experts sanitaires pour un retour en mars-avril.

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