Tawsen l’ambitieux a tout compris: l’écoute intégrale

Les intimes l’appellent Abdo (pour Abdorrahame). Son nom, Taws, le paon en arabe, est devenu Tawsen, « en » signifiant la dualité. Et Tawsen, c’est un artiste anderlechtois de 23 ans qui vient de publier son troisième EP de dix titres, Al Najma, (l’étoile), portant à trente ses titres déjà parus. Al Warda (la fleur) et Al Mawja (la vague) ont été publiés en 2019. S’il chante aussi en italien et en arabe, c’est le français qui a dorénavant sa préférence. Ce qui ne l’empêche pas de glisser des mots en anglais et en espagnol (comme dans « Sailor Moon »). « Le français est la langue qui me vient le plus facilement pour l’écriture », nous a avoué Tawsen. « Je suis né en Italie où mes parents ont émigré. J’ai vécu jusqu’à mes 11 ans dans un petit village de Lombardie, San Matteo, près de Milan. Puis on est venus à Anderlecht où je n’étais pas trop dépaysé car à l’école, beaucoup parlaient arabe. Ça m’amuse de chanter dans plusieurs langues, je suis très jaloux des anglophones. J’aimerais être compris du plus grand nombre. Pourquoi se limiter à un public réduit ? » La manageuse de Damso Tawsen est ambitieux. Repéré très tôt par Anissa Jalab, la manageuse de Damso qui l’a pris sous son aile et l’a intégré dans son label Chapitre 1 que distribue Universal, le chanteur aime prendre son temps et ne considère pas ses trois premiers disques comme de véritables albums : « Je sais que ce sont des EP au format album mais je me suis inspiré de Weeknd qui a aussi commencé sa carrière avec trois EP. Pour moi, ce sont des cartes de visite. J’y tente des choses, je me présente, c’est destiné à me faire connaître. J’y suis seul, sans featurings. J’ai déjà commencé à travailler sur mon premier album qui sera totalement neuf et différent. » Tawsen a beau être un vrai rappeur entouré d’un producteur beatmaker (même qu’il se faisait appeler au départ Lord Wsenta, « une erreur de jeunesse », dit-il aujourd’hui), le rap n’est pas son seul langage musical. « J’ai vite compris, un peu comme Stromae qui m’a sans doute influencé, que pour se faire remarquer, il fallait trancher, être différent, original. Je n’aime pas le mot urbain qu’utilisent les médias. T’as l’impression que c’est une case réductrice, comme une sous-catégorie dans laquelle tu mets tous les noirs et les rebeus. C’est en réponse à cela que j’ai parlé de néo-raï en ce qui concerne ma musique. En vérité, il s’agit plus de chaâbi. C’est ce que j’entends quand je vais au Maroc voir la famille. C’est de la chanson populaire en fait. » Tawsen, qui vit toujours dans le quartier de Saint-Guidon, a chanté « Marrakech » et y a filmé un de ses clips. Sa famille est originaire d’El Borouj près de Casablanca et ce n’est pas pour rien que ses trois EP portent un titre arabe : « Le Maroc est le troisième pays où je suis le plus diffusé, selon Spotify, après la France et les Pays-Bas. La Belgique arrive en cinquième position, après l’Allemagne et avant l’Italie. J’ai l’avantage de parler arabe, italien, français et anglais. Pas néerlandais malheureusement, désolé. Mes huit clips totalisent 26 millions de vues sur YouTube. En streaming, sur Spotify, je suis passé en 2020 de 800.000 à 11 millions. C’est aussi parce que j’aime un beau visuel soigné dans mes clips. Sur scène, j’aime aussi être flashy. Comme Elton John dans Rocketman. Je kiffe la scène. J’aime chanter dans le public. En 2019, j’ai chanté à la Rotonde du Bota, l’an dernier à la Boule Noire à Paris et en première partie de Disiz au Zénith. Hamza enregistre dans le même studio que moi (L’Uptown Studio, chaussée d’Alsemberg, NDLR). On se croise, il m’a aussi inspiré, comme Damso. Je veux, comme Stromae, m’entourer d’un vrai band. Il y a beaucoup d’autotune dans le disque car c’est la mode qui veut ça. C’est nécessaire car les formats radio l’exigent. Les ingénieurs du son ne se posent même plus la question. Mais quand je chante, quand j’enregistre ma chanson, je n’en veux pas. » Tawsen, enfin, est un grand romantique : « Tout à fait. Mes chansons ne parlent que d’amour. Je ne suis jamais dans la provoc’. J’écoute beaucoup de variété. Mon rêve, c’est Michael Jackson, le roi de la pop… Mes textes ne sont pas autobiographiques pour autant. Je n’ai jamais été en couple véritablement. Ça viendra. Je veux d’abord réussir ma carrière… » Le 8 octobre à l’AB (Bruxelles).

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