Il pleut des commissions parlementaires, la suédoise sur la défensive

Le parlement se réveille, le gouvernement se méfie. L’opposition prépare un tir groupé, la majorité veillera à rester unie, ce n’est pas gagné. La Chambre ne sera pas un salon pour la suédoise. Qui aura à ferrailler dans une sacrée série de commissions parlementaires... Jugez-en : une commission d’enquête sur les attentats de Bruxelles sera installée jeudi ; une commission spéciale vouée aux Panama Papers, la fraude et l’évasion fiscales verra le jour dans la foulée, probablement la semaine prochaine ; une commission se penchera sur le financement du RER après les conclusions – attendues – de la Cour des comptes ; on aura droit à des séances exceptionnelles en commission des Finances à propos de l’ajustement budgétaire 2016, dont la suédoise fait grand cas et qui hérisse en face ; la commission des Affaires sociales aura à examiner le projet de réforme du marché du travail (la flexibilité) de Kris Peeters, qui divise idéologiquement ; sans compter la commission terrorisme où il est question de la politique de sécurité du gouvernement fédéral (perquisitions, garde à vue…), mise en œuvre depuis l’attaque contre Charlie Hebdo ; n’oublions pas la commission de suivi des comités P et R de contrôle des services de police et de renseignement, relancée après les attentats de Paris ; ajoutez la commission de révision de la Constitution sur la laïcité… Une avalanche. Caramba ! La sécurité, le radicalisme, la politique d’intégration... La suédoise se méfie, disait-on, mais ne craint rien, à entendre Denis Ducarme, chef de groupe MR, qui confiait mercredi après-midi : « Je sors juste d’une réunion des chefs de groupe de la majorité, ça fonctionne très bien. Il y a une unité de vue sur les réformes, le budget, l’emploi, tout cela, comme par rapport à la commission d’enquête sur les attentats »… Laquelle sera « installée » ce jeudi à l’issue de la séance plénière à la Chambre, présidée par Patrick Dewael et aura (presque) tous les pouvoirs attribués à un juge d’instruction pour faire la lumière (si l’on peut…) sur les attentats du 22 mars, et les questions en suspens : quid de la sécurité à Zaventem ?, Pourquoi n’a-t-on pas fermé les stations de métro ? Quel rôle la Belgique a-t-elle tenu dans l’expulsion par la Turquie d’Ibrahim El Bakraoui ? ... Denis Ducarme : « N’oublions pas que la commission aura à aborder aussi la montée du radicalisme au long de toutes ces années, la gestion de certains quartiers, la politique d’intégration défaillante »… Façon d’élargir le débat bien au-delà des responsabilités présumées de l’exécutif en place, pour répartir la charge sur l’ensemble des partis qui ont eu à gérer nos villes et régions. Confirmation : ça sent le soufre. La gouvernance pointée du doigt Ce que l’opposition ne niera pas. Laurette Onkelinx, cheffe de groupe PS : « On sent comme une effervescence au Parlement, une mobilisation, sur le terrorisme, les choix socio-économiques et budgétaires du gouvernement, la flexibilité… Pensez, ils avaient fait de la bonne gouvernance leur point d’honneur. Et on a un pays qui, on le voit bien, est un chaudron social ! ». Catherine Fonck, cheffe de groupe CDH : « La majorité est divisée sur bien des points, elle est sous tension. Je pense notamment aux suites à donner au scandale Panama. Sur la lutte contre la fraude fiscale comme sur la sécurité, quelle efficacité au service des citoyens ? La question se pose, nous ferons notre travail d’enquête et d’interpellation ». Jean-Marc Nollet, au nom des verts : « Le Parlement exerce pleinement son rôle de contrôle de l’exécutif, c’est très bien. Après deux ans aux affaires, on peut sérieusement s’interroger sur le rôle tenu par certains ministres : Marghem, Galant… Fondamentalement, je vois un gouvernement qui, en fiscalité, sur le RER, la pseudo-réforme de l’administration, au plan budgétaire, est incapable de fournir, ou ne veut pas fournir, les moyens humains, matériels et financiers nécessaires pour que l’autorité publique puisse exercer ses missions ». Il n’y a pas pire accusation pour un exécutif.

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