Le défi ultime de Tiger Woods

« Il est éveillé, conscient et se repose ». C’est par ces mots plutôt rassurants que Mark Steinberg, l’agent de Tiger Woods, a ponctué le communiqué qu’il a diffusé sur Twitter suite à l’accident de voiture dont avait été victime le mythique golfeur, mardi matin, dans la banlieue de Los Angeles. Peu après 7 heures du matin, l’homme aux 15 Majors et aux 82 titres PGA avait effectué une embardée « qui aurait pu s’avérer mortelle s’il n’avait pas bouclé sa ceinture et que les airbags de son véhicule ne s’étaient pas déclenchés », selon les policiers venus le désincarcérer de sa voiture fortement endommagée après avoir traversé le terre-plein central (et donc échappé à une collision frontale), effectué plusieurs tonneaux, et percuté un arbre ! Les enquêteurs avaient notamment estimé que « Tiger Woods circulait à une vitesse relativement plus élevée que la normale, et qu’aucune trace de freinage n’avait été relevée ». Avant de préciser qu’« aucune preuve laissant à penser qu’il conduisait sous l’influence de stupéfiants, de médicaments ou d’alcool au moment de l’accident n’avait été relevée. » On se souvient qu’en 2017, Tiger Woods avait été surpris sur le bord d’une route en Floride, hébété car gavé de médicaments. Une broche dans le tibia Pris en main dans la journée de mardi par des spécialistes en traumatologie orthopédique, le golfeur a été opéré à la jambe droite, fracturée en plusieurs endroits, ce qui a nécessité l’insertion d’une tige métallique dans le tibia afin de stabiliser les parties supérieure et inférieure des os du tibia et du péroné. « Eveillé et conscient », voilà donc Tiger Woods confronté à un nouveau défi comparable à ceux qui ont déjà jalonné son existence mouvementée : se remettre d’abord de ses traumatismes, ce qui devrait sans doute prendre plusieurs mois, et puis ensuite se poser la question d’un retour éventuel à la compétition. [scald=27942491:sdl_editor_representation] Une question qui, dans les heures qui ont suivi le drame, était sur toutes les lèvres… Déjà opéré à cinq reprises au dos – dont une fois pour subir une douloureuse fusion de vertèbres –, en délicatesse avec ses genoux au point de parfois être incapable de marcher, sujet à la dépression à plusieurs reprises, Tiger Woods a démontré maintes fois qu’il était capable d’un tel retour, avec pour point d’orgue sa victoire au Masters d’Augusta 2019 : un exploit qui fut alors considéré comme l’un des « plus impressionnants come-back de l’histoire du sport », et qui l’avait rapproché à trois longueurs du record de 18 Majors remportés par Jack Nicklaus – un record qu’il s’est promis de battre un jour… « Jamais hors-jeu » Alors si certains témoignages issus du monde du golf laissaient cette fois peu d’espoir, les deux précédents présidents des Etats-Unis y allèrent de leurs encouragements : « Je n’ai aucun doute sur le fait qu’il va revenir », lança, péremptoire comme toujours, Donald Trump, tandis que Barack Obama se montra plus analytique : « Si nous avons appris quelque chose pendant toutes ces années, c’est qu’il ne faut jamais considérer que Tiger est hors-jeu »… D’autres s’appuyèrent sur la référence historique de Ben Hogan qui, perclus de fractures après un grave accident de voiture en 1949 (l’Américain avait alors 37 ans), n’en était pas moins revenu aux affaires ensuite, pour notamment remporter six de ses neuf titres en Major ! « Quand je vois ce que Ben Hogan a réussi à faire après cette terrible collision avec un bus, je n’ai aucun doute sur le fait que Tiger va revenir, et je dirais même qu’il sera capable de revenir de belle manière », commenta Bryson DeChambeau, pendant qu’Adam Scott comparait Tiger Woods à Kobe Bryant en les qualifiant d’« intouchables ». D’autres dissertaient encore sur l’impact qu’a eu Tiger Woods sur le golf en général. « Le Masters 1997 (NDLR : son premier succès en Major, suivi par 43 millions de téléspectateurs ; la plus grosse audience jamais enregistrée pour du golf aux Etats-Unis) a changé le cours de ma vie et de ma carrière », témoignait ainsi avec émotion Tony Finau, qui avait 8 ans à l’époque. « Sans cette édition, je ne me serais sans doute jamais mis au golf ! Et je pense que des centaines d’autres gars pourraient dire la même chose. » A 45 ans, voilà donc Tiger Woods confronté à un nouveau défi que la planète golf aimerait qu’il relève, même si cela peut sembler improbable. « Pourtant, je peux vous dire que vivre un tournoi avec ou sans Tiger au départ, ce n’est vraiment pas la même chose ! », commenta encore John Rahm, engagé à plusieurs reprises déjà aux côtés de l’ancien nº1 mondial. Une réflexion que se font, mais pour d’autres raisons, les détenteurs des droits télé du golf, ainsi que les sponsors impliqués dans ce sport avec, ou grâce à cette icône incontournable de ce sport. Et pour lesquels un retrait définitif des greens sonnera comme une véritable catastrophe. Ni plus ni moins.

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