Une comm’ bien maîtrisée

Lorsqu’il est nommé T1 du Standard, Mbaye Leye pose d’entrée de jeu un constat évident : le groupe dont il a désormais la responsabilité est en pleine souffrance, avec des joueurs en état de panique et en manque total de confiance, tant individuellement que collectivement, après deux défaites concédées consécutivement à Sclessin face à Mouscron puis à Saint-Trond, à chaque fois lanterne rouge du championnat au moment de se déplacer en bord de Meuse. En homme de communication qu’il est, roué aux techniques médiatiques après sa fonction de consultant à RTL, le Sénégalais s’évertue donc à corriger le tir sur ce plan-là. D’abord en choisissant lui-même minutieusement les joueurs dont il souhaite la présence à ses côtés lors des points de presse d’avant-match, avec à chaque fois une idée bien précise derrière la tête : redorer leur image aux yeux du monde extérieur. Ce qu’il fait d’abord avec Mehdi Carcela, en déclarant lui confier « les clés du jeu » liégeois et le brassard de capitaine, puis avec Samuel Bastien en saluant son travail dans l’ombre et en insistant sur le fait que si Raskin peut briller, c’est grâce à lui, ou encore en faisant taire les critiques autour des prestations de Nicolas Gavory en précisant que les consignes qui lui sont données sont désormais plus défensives alors que le Français est souvent jugé par rapport à son apport offensif. Plus fédérateur Plus fédérateur que son prédécesseur, Mbaye Leye gagne du coup l’estime de son vestiaire mais aussi, au-delà de ça, l’assentiment des plus fervents supporters liégeois, à qui l’intéressé promet, lors de son discours d’intronisation, qu’il fera tout pour qu’ils soient « fiers de leur blason et de leurs joueurs ». L’union sacrée, le nouveau T1 de Sclessin la répercute aussi dans la foulée du succès décroché dans le bourbier de Seraing en seizième de finale de la Coupe de Belgique, en répondant par tweet à un fan qui lui fait remarquer qu’il pouvait mettre sa capuche au bord du terrain, qu’il préférait « rester sous la pluie comme ses joueurs ». La ligne de conduite est claire : c’est tous ensemble, plus que jamais. Le non-verbal est aussi important. Pas une fois jusqu’ici et au plus fort de la série inaugurale de quatre succès consécutifs, Leye, très calme et peu démonstratif en bord de terrain n’a laissé éclater sa joie, affichant à l’inverse une retenue et une sérénité censées rappeler à ses (jeunes) troupes que rien n’est acquis et que fêter la victoire ne se fera que si le Standard parvient à accrocher le top 4. Pour avoir évolué à Sclessin et connaître la mentalité d’un club qu’il aime profondément, Leye sait que dans la maison liégeoise, on passe très rapidement de la cave au grenier et inversement. Et que tous les moments d’euphorie sont susceptibles de faire place aux plus grosses déconvenues. Changement de ton Mais depuis peu, le ton a changé. Si, à la surprise générale, Leye a épinglé publiquement, à l’issue du revers concédé à Zulte Waregem, les errements de Carcela et Dussenne, comme il l’avait fait avec Cimirot à Ostende et avec Raskin à Bruges, il a aussi laissé poindre, au Gaverbeek, quelque irritation en conférence de presse d’après-match, au moment où il lui a été demandé d’expliquer pourquoi un bilan de 3 points sur 15 avait succédé à un premier de 12 sur 12. « Demain, les gens diront, avec les stats, que les résultats de Montanier étaient meilleurs que ceux de Leye, mais je n’en ai rien à cirer ». Ce qui est la preuve que… cela touche au contraire un homme qui doit encore apprendre à composer avec la pression inhérente à un club comme le Standard…

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