Médiation: «Souvent les gens arrivent énervés et repartent apaisés»

Avec l’instauration des sanctions administratives communales, en 2013, est apparue une nouvelle fonction dans le paysage public : médiateur(trice) en matière de SAC. Passage obligé, pour les mineurs, suggéré pour les majeurs. Objectif : réparer le dommage, apaiser le conflit. Ils sont au total une trentaine, en Belgique, à avoir endossé ce costume. « J’ai quelques dossiers de mineurs. Et cela se passe plutôt bien, c’est une approche très pédagogique », explique Pauline Noizet, médiatrice SAC pour la zone de police Midi (Saint-Gilles, Anderlecht, Forest). « L’objectif de la rencontre, c’est que je ne vois plus le jeune ensuite. C’est un rappel des règles, utile après une petite bêtise. Les sanctions administratives communales, qui ne sont pas inscrites dans le cassier judiciaire, sont là pour ces petites incivilités qui font que le quotidien devient plus compliqué. C’est particulièrement important en cette période de covid, où le niveau de patience baisse chez tout le monde. L’avantage de la médiation SAC, c’est aussi la gestion dans la proximité. Généralement, les gens arrivent très énervés et repartent apaisés. Parce qu’ils ont pu dire ce qu’ils avaient à dire. » « C’est une prise en charge des jeunes qui ne passe pas par la Justice, c’est une façon d’apprendre le respect et la civilité », abonde Marie-Noëlle Golenvaux (Liège), qui gère déjà les dossiers de mineurs pour des infractions un peu plus lourdes, comme s’apprêtent à le faire les communes bruxelloises. [scald=27990629:sdl_editor_representation] « J’organise toujours une première rencontre avec le contrevenant. Pour lui permettre de s’exprimer, dans un contexte neutre, explique Yannick Piersotte, actif à la Ville de Bruxelles et à Ixelles. C’est notamment très utile pour les cas, en recrudescence, de manque de respect envers la police. Ensuite, je peux mettre la personne en relation avec la victime, par exemple en cas de tapage nocturne. Pour éviter une escalade des tensions. Si c’est un problème avec la police, on a organisé, au niveau de la zone, un pool d’agents qui viennent, en tant que représentants, dialoguer. On a jugé que c’était préférable à la confrontation avec les équipes qui ont procédé au PV. » « Pour beaucoup d’infractions, par exemple en matière de propreté publique, il n’y a pas vraiment de partie adverse », rappelle Marie-Noëlle Golenvaux (Liège et alentours). « Et selon moi c’est parfois un peu compliqué de fonctionner avec des représentants de la commune… » Un esprit « positif et constructif » Si la médiation se déroule « dans un esprit positif et constructif », le dossier est clôturé. Si une sanction est jugée nécessaire, la prestation citoyenne est le plus souvent préférée à l’amende. « L’idée est que le contrevenant puisse donner quelques heures de son temps à la collectivité, dans l’intérêt général », explique Yannick Piersotte. « On veille à ce que les activités ne soient ni dangereuses ni stigmatisantes », insiste Bertrand de Buisseret. « Et, dans la mesure du possible, qu’elles fassent sens par rapport à l’infraction », complète Yannick Piersotte. « Si quelqu’un a jeté un mégot ou dessiné un tag, on va lui proposer d’aider, quelques heures, le service propreté. Si on parle de tapage nocturne, c’est forcément plus compliqué de réparer ça symboliquement, on va alors trouver une prestation adaptée au profil du contrevenant. Par exemple, s’il est étudiant, on lui suggérera d’aider une école de devoirs. » « On a les coudées franches, en tant que médiateurs, pour définir la prestation », précise Marie-Noëlle Golenvaux. « La difficulté, c’est souvent de trouver des activités qui font sens et sont jouables, dans les services : il faut du personnel volontaire, qui a la diplomatie requise, pour éviter les clashs. Sur le plan pratique, ce n’est pas toujours simple non plus, surtout pour les mineurs, soumis aux horaires scolaires. »

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