Philippe Gilbert renonce au Tour des Flandres
Épuisé, tant mentalement que physiquement, le Liégeois met son printemps des classiques entre parenthèses. Au mieux, il rependra à l’occasion des épreuves ardennaises, ce qui semble toutefois très compromis.

Un visage soulagé, presque un sourire derrière l’écran d’une conversation par vidéo : Philippe Gilbert avait besoin de prendre une décision radicale par rapport à une forme physique qui ne correspond pas à ses habitudes. Soulagé d’annoncer qu’il renoncera aux classiques qu’il préfère, le Tour des Flandres, et un Paris-Roubaix sans doute reporté, heureusement finalement pour lui, au mois d’octobre.
« Rassurez-vous, je n’annonce pas ma fin de carrière, c’est déjà une bonne nouvelle ! Nous avons décidé avec l’équipe de m’autoriser une période de repos parce que cela ne va pas du tout depuis quelques semaines. On a pris le temps d’analyser ce qu’on pouvait analyser et, au-delà des chiffres, des paramètres qui ne sont pas mauvais, la meilleure explication vient du fait que je manque surtout de fraîcheur mentale plutôt que physique. Je l’explique par l’énorme travail que je me suis imposé depuis ma chute au Tour (première étape à Nice). Je reste un homme, pas un robot, sans doute l’avais-je oublié ? Même lorsque je n’étais pas sur le vélo, je travaillais chez le kiné, chez les spécialistes, le tout sans relâche. J’ai sous-estimé cette charge de travail. Et je me suis obstiné à rouler avec la douleur. La première fois que j’ai terminé une course sans avoir mal au genou, c’était à Sanremo, cela fait donc juste 11 jours que je suis épargné par ce mal latent. Mon corps a donc choisi de décompresser après avoir assumé de longues semaines avec autant de douleurs. Cela m’a coûté énormément d’énergie, plus qu’on imaginait. Je paie un peu tous ces efforts-là. »
Lucide, Philippe Gilbert dresse un bilan implacable de ses premières semaines de compétition. « Au stage en janvier, j’étais 20 à 30 % derrière mes équipiers, en termes de condition physique. J’ai donc déjà douté à ce moment-là mais comme j’aime me mettre la pression, j’ai donc redoublé de travail pour être prêt, en particulier pour Milan-Sanremo pour les raisons que tout le monde connaît. Et j’ai fait d’énormes progrès, comme l’atteste ma cinquième place au Circuit Het Nieuwsblad. Mais c’était un leurre. À la réflexion, j’ai obtenu cette place uniquement à l’expérience. Je n’ai, depuis, pesé dans aucun final de course, même à Paris-Nice où j’ai l’habitude de partir dans une belle échappée. Ma forme stagne, je n’évolue plus, je ne parviens pas à passer un niveau supérieur car mon corps n’accepte plus les charges de travail. Le seul moyen, c’est donc de le laisser se reposer. »
Philippe Gilbert s’octroie 4 à 5 jours sans vélo. Il décidera en fin de semaine, en concertation avec son équipe, s’il est envisageable de reprendre la compétition aux classiques ardennaises. « Je connais forcément ces courses, elles constituent ma passion, le but est toutefois d’y être à 100 % mentalement et physiquement. Je ne suis pas actuellement en mesure de réfléchir à un programme. J’ai besoin d’arrêter, de couper, même les conversations téléphoniques avec mon équipe. J’ai besoin d’être chez moi avec les miens. C’est vital. »
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