La mort de George Floyd est due « à un faible niveau d’oxygène » après une combinaison d’actions des policiers qui l’ont immobilisé pendant près de dix minutes, a affirmé jeudi un expert au procès de l’agent blanc Derek Chauvin, abordant la question centrale des causes du décès du quadragénaire afro-américain.
« A chaque respiration, il doit se battre contre l’asphalte, il doit se battre avec le faible niveau d’air qu’il aspire en essayant de relever les genoux des policiers » qui eux appuient ses mains menottées sur sa cage thoracique, a expliqué aux jurés le pneumologue Martin Tobin, appelé à témoigner par l’accusation, s’aidant de photos et de croquis.
Le décès de George Floyd est dû « à un faible niveau d’oxygène » causé par des difficultés à respirer, « qui a endommagé son cerveau et provoqué une arythmie qui a causé un arrêt du coeur », a estimé le Dr Tobin.
Il accrédite ainsi la thèse de l’accusation, selon laquelle George Floyd a été asphyxié par la pression exercée par Derek Chauvin, alors que l’autopsie a seulement conclu à un arrêt cardiaque.
Le médecin a calculé que la pression exercée directement par Derek Chauvin sur le cou de George Floyd représentait à un certain moment « la moitié de son poids et de son équipement », soit 41,5 kg.
Deux minutes plus tard, le quadragénaire sombrait dans l’inconscience avant de cesser de respirer.
« C’est l’instant où la vie quitte son corps », a dit l’expert en commentant un extrait vidéo. Et le genou du policier blanc « est resté sur le cou pendant encore trois minutes et 27 secondes après son dernier souffle », a souligné le Dr Tobin.
Interrogé sur l’attitude des policiers, qui estimaient que les plaintes de George Floyd signifiaient qu’il n’était pas en danger de mort, le Dr Tobin a lancé : « c’est dangereux de penser que si vous pouvez parler, vous allez bien ».
L’expert a également écarté l’hypothèse d’un décès provoqué par sa santé précaire et sa consommation de drogue, avancée par l’avocat de Derek Chauvin.
George Floyd souffrait bien d’un « paraglangliome », une tumeur cancéreuse qui secrète parfois de l’adrénaline, mais les décès de cette maladie sont généralement soudains, a-t-il expliqué.
Le Dr Tobin a aussi estimé que la consommation de fentanyl, un puissant opiacé, n’avait pas été un élément dans la mort du quadragénaire. « Le fentanyl n’est pas en jeu », a-t-il dit, estimant que le niveau de dioxyde de carbone dans ses poumons calculé à son arrivée aux urgences s’expliquait seulement par « l’absence de ventilation » pendant plus de neuf minutes.
Une personne en bonne santé « serait morte de ce que M. Floyd a subi », a-t-il affirmé.
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