Olav Spahl: «Il est temps de prendre ses responsabilités pour la vaccination»

Partagé entre la joie d’une première paternité qu’il connaîtra après son retour de Tokyo, les multiples occupations qui sont les siennes à 100 jours des Jeux, et la grosse préoccupation actuelle liée aux vaccins, Olav Spahl, le chef de délégation et directeur Sport de haut niveau du Comité olympique et interfédéral belge (COIB), a pris le temps de répondre à nos questions. Olav, dans quel état d’esprit se trouve le Team Belgium à 100 jours des Jeux ? Tout le monde est très focalisé sur la compétition. Il y a bien sûr ceux qui sont d’ores et déjà qualifiés, et les autres, beaucoup plus nombreux, qui doivent encore l’être. Alors il y a bien sûr quelques blessures qui sont venues perturber tout cela, mais c’est normal. Et du côté de la délégation, les préparatifs se déroulent-ils comme prévu ? Malheureusement non. Nous n’avons plus été au Japon depuis un moment, et le travail avec notre officier de liaison est devenu encore plus essentiel. D’autant que les changements sont nombreux, même si notre camp restera à Mito. À titre d’exemple, les Red Lions seront basés à Hiroshima, tandis que certains sites d’entraînement ont changé ou que la voile devra retarder son arrivée à Enoshima à début juillet au lieu de fin mai. Bref, beaucoup de boulot. Comment ont été vécues par les athlètes les décisions : pas de familles ou d’amis autorisés à venir à Tokyo, déplacements contrôlés, présence limitée en marge des compétitions, etc. On ressent une grande déception, même si les athlètes restent vraiment focalisés sur l’aspect sportif. Cela fait un moment qu’ils ont intégré le fait qu’ils vont disputer une grande compétition sportive, mais pas véritablement les Jeux tels qu’on les connaît. Une grande question subsiste : pourrons-nous fonctionner dans une seule bulle en tant que Team Belgium ? Ou devrons-nous scinder le groupe en plusieurs micro-bulles ? La réponse à cette question aura sans doute une grande incidence sur le moral des troupes. Espérons que nous pourrons continuer à entretenir la cohésion du Team Belgium en vivant tous ensemble dans la même bulle. Et la vaccination des athlètes ? C’est le sujet du moment. Pour toutes les délégations. Nous sommes confrontés à un choix cornélien : laisser nos athlètes se mettre sur liste d’attente ; organiser une liste d’attente pour tous les athlètes dans un centre ; ou alors obtenir une vaccination globale pour le Team Belgium. Nous ne voulons pas bousculer l’ordre établi. La priorité va actuellement aux aînés qui ont porté la société dans le passé, et nous n’avons pas de jugement à porter là-dessus. La question qui nous taraude est de savoir quand on va s’occuper des jeunes qui vont porter la société à l’avenir. À vous entendre, on comprend que les choses doivent bouger ? Écoutez, le COIB défend les valeurs olympiques, à savoir l’excellence mais aussi l’amitié et le respect. Il ne s’agit donc évidemment pas de faire valoir un quelconque passe-droit. La situation est la suivante : un groupe professionnel – le Team Belgium – doit rassembler un maximum de garanties afin de défendre dans les meilleures dispositions ce qu’il a préparé pendant des années, à savoir les Jeux olympiques. La vaccination est une de ces garanties. Et je pense qu’il est temps de prendre ses responsabilités à ce sujet. On ne peut pas attendre 100 jours car il y a non seulement les délais à prévoir entre les deux injections, si c’est cette option-là qui est retenue, mais il faut également savoir que nous entrons désormais dans la dernière ligne droite des qualifications, et que celle-ci est essentielle puisque 90 % de nos athlètes n’ont pas encore leur ticket pour Tokyo ! Pendant ce temps, certains athlètes ont déjà bénéficié d’injections, comme Jonathan Sacoor par son université américaine, ou Kimberly Buys qui travaille dans les soins de santé… Oui, et nous ne pouvons qu’encourager cela, tant qu’aucune solution globale n’est proposée. C’est un sujet délicat.

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