Jeux olympiques de Tokyo : cinq nouveaux sports, mais peu d’élus belges

Pour le baseball/softball, ce sera un retour. Pour le karaté, ce sera un « one shot ». Pour le surf, l’escalade et le skateboard, déjà reconduits pour Paris 2024 où débarquera le breakdance – ou breaking – comme autre sport « urbain », ce sera une vraie grande première. Coup de jeune Depuis la session de Rio, en 2016, on sait que le CIO a validé la proposition des organisateurs des Jeux de Tokyo d’inscrire ces sports additionnels à leur programme. Des sports, dont les trois derniers, clairement destinés à donner un coup de jeune aux JO, ont, depuis, dû s’adapter au format olympique, avec les qualifications et certaines contraintes, comme la culture de compétition, qui vont avec. Au Comité olympique et interfédéral belge (COIB), dès la validation de cette décision, on a immédiatement fait le tour du propriétaire en compagnie des communautés pour voir sur quelles disciplines on pouvait se focaliser pour tenter de trouver l’une ou l’autre perle rare ou prometteuse pour les JO 2020 et ceux de 2024. Avec, sachant que le baseball et le softball n’étaient pas une priorité et que le karaté n’aurait qu’une durée de vie olympique réduite, un accent clairement posé sur les nouvelles disciplines plus « jeunes ». Où, quoi qu’il advienne, les places seront très chères puisque, sur l’ensemble des cinq sports qui s’ajoutent au programme à Tokyo, il n’y aura que 474 athlètes, avec une parité hommes/femmes exigée. « Il était important de le faire dans les temps », dit l’ancien kayakiste Bob Maesen, aujourd’hui membre du département sport de haut niveau au COIB. « Il faut être conscient que le niveau d’un nouveau sport augmente généralement très vite quand il arrive au programme des Jeux. Il fallait donc saisir l’occasion et investir. Rapidement. » À l’Adeps, on avoue être parti au départ « un peu à l’aveugle » avec des fédérations peu structurées ou qui ne maîtrisaient pas toutes la culture du sport de haut niveau. « L’une d’entre elles ne savait pas comment confectionner un plan-programme ou ne connaissait pas le calendrier des compétitions internationales », indique Jean-Michel Garin, directeur du Sport de haut niveau à la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB). « Il a fallu expliquer, accompagner ». Escalade : objectif 2028 L’escalade, bien ancrée au sud du pays depuis l’époque dorée de Muriel Sarkany ou des sœurs Graftiaux, et avec un grand nombre de salles disséminées sur le territoire, a rapidement été ciblée comme fournisseuse potentielle d’athlètes olympiques au Club alpin belge, qui gère la discipline en FWB. Jusqu’à ce que l’on comprenne qu’avec le format qui sera proposé à Tokyo, un combiné speed-boulder-lead (vitesse-bloc-difficulté), une adaptation serait impossible en si peu de temps. Même l’Anversoise Anak Verhoeven, l’une des meilleures spécialistes en « difficulté », où elle a été nº1 mondiale, en a convenu en renonçant au projet olympique. Du coup, il n’y aura aucun belge dans ce sport à Tokyo. « Associer ces trois disciplines, c’est comme si on demandait à un athlète de courir à la fois un 100 m et un marathon », explique Tijl Smitz, le responsable haut niveau au Club alpin belge. « En vitesse, notre expertise est moins grande que dans les deux autres épreuves. Mais en 2024, à Paris, on dissociera la vitesse du bloc et de la difficulté et il y aura deux médailles d’or ; et à Los Angeles, en 2028, les trois spécialités seront tout à fait dissociées. C’est notre but ultime. Je regrette que nous ne soyons pas aux Jeux cet été, parce que cela aurait été une vitrine énorme pour notre sport ; mais nous avons malgré tout profité de son arrivée au programme olympique pour avancer dans notre projet. » Cruysberghs, l’atout belge expatrié à Los Angeles Si le karaté espère encore un improbable miracle lors du tournoi qualificatif olympique de Paris, à la mi-juin – le karatéka le mieux classé au ranking est Quentin Mahauden, 39e en -75 kg… – la surprise pourrait venir du skateboard où Axel Cruysberghs, 26 ans, originaire de Poperinge mais exilé depuis de nombreuses années à Los Angeles où il est skateur professionnel sous le surnom d’« Axel Crusher », est, pour l’instant, dans les critères pour Tokyo en étant placé en ordre utile au classement mondial « nettoyé » (3 athlètes maximum par pays). Et, selon Bob Maesen, « très motivé à l’idée d’aller à Tokyo ». À Sport Vlaanderen, en tout cas, on y croit. Tom Coeckelberghs, son responsable « topsport », qui est passé par la Fédération des sports de neige où il a développé le snowboard à l’époque de l’éclosion de Seppe Smits, est très sensible aux « nouveaux sports » qui peuvent très bien trouver leur place à côté de ceux qui sont culturellement installés depuis longtemps. « Nous pensons qu’il y a du potentiel dans ces disciplines et qu’il y a des opportunités qu’il faut savoir saisir », confirme-t-il. « La difficulté est de les professionnaliser sans détruire leur originalité. Cela reste toujours un peu de la sub-culture, mais ce que ces athlètes réalisent au niveau technique dans leur discipline est absolument incroyable. » 2024 : le surf à… Tahiti C’est dans cette optique-là que Sport Vlaanderen a appointé un directeur technique « skate » à la Fédération des sports de roller qui la chapeaute au même titre que le patinage à roulettes en ligne d’où a émergé Bart Swings, le vice-champion olympique 2018 de la mass-start en patinage de vitesse (sur glace). Venu du snowboard, Kevin Bronckaers a vu sa discipline se développer, puis se stabiliser après sa reconnaissance olympique survenue aux Jeux d’hiver de Nagano, en 1998. « Le skateboard était nouveau pour moi », dit Bronckaers. « Mais comme je souscris complètement à la politique de Sport Vlaanderen de se focaliser sur les sports urbains, je m’y suis fait très vite, avec l’aide de notre entraîneur en chef, Hans Claessen. C’est lui qui assure le contact avec Axel Cruysberghs, qui est notre porte-drapeau et qui est subsidié par nos soins pour s’assurer un programme de compétition optimal. » À côté du soutien direct des communautés existe aussi l’aide du projet BeGold. Financé par les communautés, le fédéral et le COIB, celui-ci apporte son aide aux projets de jeunes espoirs pour les JO à venir. Lore Bruggeman (skateboard) ou Lucie Watillon (escalade) sont sur ses listes, tout comme le surfeur Dean Vandewalle, un Gantois qui vit au Costa Rica, et qui se pose en candidat pour les Jeux de Paris 2024. Des Jeux dont les épreuves de surf auront lieu à Tahiti, sur le site de Teahupoo réputé pour offrir l’une des plus belles vagues du monde. Une belle source de motivation !

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